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L’usage de matériel reconditionné, meilleur moyen de réduire l’empreinte carbone du numérique

Missionnées par le gouvernement, l’Arcep et l’Ademe ont remis leurs premières analyses sur le calcul de l’empreinte carbone du numérique. La conclusion des experts est sans appel : les terminaux numériques sont les premiers responsables, loin devant les datacenters et les réseaux.

La loi visant à réduire l'empreinte environnementale du numérique adoptée récemment par le parlement (notre article du 3 novembre 2021) impose aux communes de plus de 50.000 habitants de se doter d’une "stratégie numérique responsable" d’ici à 2025. Un objectif louable mais pour lequel les administrations manquent d’indicateurs fiables pour prioriser leurs actions. Les études révélées le 19 janvier 2022 par l’Arcep et l’Ademe sur l’empreinte environnementale du numérique devraient leur fournir de premières pistes.

Les terminaux loin devant les datacenters

Selon les experts, qui se sont appuyés sur des méthodologies éprouvées et validées à l’échelle internationale, l’essentiel de l’impact environnemental du numérique provient des terminaux : ordinateurs, smartphones, tablettes et autres écrans. Ceux-ci représenteraient rien de moins que 79% de l’empreinte carbone du numérique, très loin devant les centres de données (16%) et les réseaux télécoms (5%). Une empreinte carbone générée pour plus des trois quarts par la fabrication de ces appareils, consommatrice de ressources rares et d’énergie. Pour les datacenters, ce sont également la fabrication des serveurs et leur consommation d’énergie qui sont à l’origine de la majeure partie de leur empreinte environnementale.

Incitation à l’achat de matériels reconditionnés

La conclusion des experts est donc sans appel : réduire le rythme de renouvellement des terminaux et privilégier l’achat de matériels reconditionnés constitue le meilleur moyen d’aplanir rapidement la courbe induite par l’explosion des usages numériques. Cette étude a du reste été publiée concomitamment au lancement d’une campagne de communication de l’Ademe incitant les Français à la sobriété numérique. Selon l’Ademe, faire l’acquisition d’un téléphone mobile reconditionné, si possible localement, éviterait l’extraction de 82 kg de matière première et l’émission de 25 kg de gaz à effet de serre. Sur la base de 2,8 millions de smartphones vendus en 2020, ce serait 70.000 tonnes de CO2 qui auraient ainsi été évitées.

Une régulation en quête de données

Ces chiffres ont été salués par le ministre des Communications électroniques, Cédric O, car "ils permettent un combat scientifique" et de "se concentrer sur l’essentiel". Entre les lignes, le ministre espère que ces chiffres calmeront les anti 5G en les renvoyant à leurs propres comportements de consommation numérique… Le ministre a par ailleurs souhaité que ces études soient complétées par une analyse des "impacts environnementaux positifs du numérique". La présidente de l’Arcep, Laure de la Raudière, a de son côté souligné que depuis décembre 2021, l’autorité pouvait exiger des données de l’ensemble des acteurs de la filière numérique. Une avancée car "les données sont le nerf de la guerre" pour que l’autorité puisse pleinement exercer sa nouvelle mission de contrôle de l’empreinte environnementale du numérique. Ces données vont permettre de créer des indicateurs de suivi par catégorie d’usage, ceux-ci étant attendus dans les prochains mois.