L’Uniopss demande des moyens pour garantir l’effectivité des droits sociaux
Dans un contexte marqué par l’inflation et la pénurie de professionnels, l’Uniopss alerte sur le décalage jugé croissant entre la proclamation de droits sociaux et l’effectivité de ces droits. Des moyens sont demandés pour soutenir le secteur non lucratif, jugé "au bord de l’asphyxie".
"La situation sociale du pays ne s’améliore pas structurellement." Les dirigeants de l’Uniopss (Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux) ont fait part de leurs inquiétudes, le 21 septembre 2023 à l’occasion d’une conférence de presse de rentrée sociale. Pour Daniel Goldberg, président de l’Uniopss, la notion de "pauvreté en 3D" traduit bien à la fois l’élargissement du périmètre des personnes concernées (notamment parmi les jeunes, les seniors et les travailleurs), l’approfondissement de cette pauvreté pour ceux qui en souffraient déjà et l’"enracinement territorial" du phénomène. Cette triple évolution crée de la "désespérance", alimentée par un "décrochage" entre l’évolution des services publics et celles des besoins sociaux, selon Daniel Goldberg qui renvoie au rapport récemment rendu public du collectif Nos services publics (voir notre article du 14 septembre 2023).
Alertant sur le "risque d’un budget de rigueur sur toutes les politiques sociales", le président de l’Uniopss pointe le décalage également croissant entre l’affirmation de droits devant assurer la "dignité" des personnes et la possibilité de rendre ces droits "effectifs". "Sans réseau, sans moyens financiers conséquents, sans habiter les quartiers où l’offre de professionnels et de structures sera conséquente, que valent nos droits proclamés ? Et comment s’étonner alors que ce décalage crée de l’incompréhension, voire de la révolte de tous contre tous ?", interpelle-t-il. "Quelle part de la richesse produite doit être consacrée aux solidarités et qui la finance" : il s’agit pour Daniel Goldberg d’un "débat fondamental [qui] manque aujourd’hui".
Quid du Pacte des solidarités dont le contenu vient d’être dévoilé par le gouvernement (voir notre article du 19 septembre 2023) ? Ce plan "ne répond pas structurellement au problème", estime le président du réseau associatif, considérant qu’une logique de pacte nécessiterait de fixer des objectifs partagés entre l’État, les collectivités et les associations.
Des moyens pour le secteur non lucratif
Le secteur non lucratif des solidarités et de la santé est "au bord de l’asphyxie", alerte le président de l’Uniopss, pointant à la fois l’inflation, le poids des normes, l’augmentation des besoins et la "concurrence non régulée avec des acteurs lucratifs qui n’accueillent pas tous les publics". "Je dis aux élus – État, régions, départements et communes – à un moment, il faut choisir et dire concrètement quels sont les acteurs qui doivent mettre en œuvre vos politiques publiques. Ne pas choisir, c’est laisser faire", affirme-t-il.
Lors du comité interministériel du handicap du 20 septembre 2023 (voir notre article), la Première ministre a annoncé la mise en place d’un "fonds de transformation de l’offre médicosociale" et l’ambition de "passer d’une logique de places en établissement fermé à une logique d’accompagnement en plate-formes de services". Une bonne nouvelle pour Daniel Goldberg, qui espère que ces financements bénéficieront largement au secteur non lucratif. Il rappelle que des investissements importants, de la Caisse des Dépôts notamment dans le cadre de la reprise d’Orpea, sont réalisés auprès des acteurs lucratifs, et que les acteurs non lucratifs doivent pouvoir eux aussi disposer des moyens nécessaires pour "aller vers la transformation de l’offre, penser l’approche domiciliaire, etc. "
À l’occasion de cette rentrée sociale, l’Uniopss diffuse un document détaillant ses positions en matière de santé, de politiques de l’autonomie, d’enfance, de famille et jeunesse, de lutte contre la pauvreté et l’exclusion et de régulation et tarification des établissements et services médicosociaux.