Lutte contre l'exclusion - L'Union nationale des CCAS prend quinze engagements en faveur des travailleurs pauvres
Depuis plusieurs années, les acteurs sociaux et les associations indiquent être confrontés de façon croissante au phénomène des "travailleurs pauvres" : des personnes exerçant un emploi - parfois à temps plein -, mais mises en grande difficulté sociale par la faiblesse ou l'intermittence de leurs revenus (obligation de recourir aux banques alimentaires, logement précaire, voire absence totale de logement avec les exemples de salariés dormant dans leur voiture). Le terme "working poor" a d'ailleurs reçu sa consécration officielle au conseil européen de Lisbonne en 2000 et est devenu aujourd'hui l'une des composantes des plans nationaux d'action pour l'inclusion (PNAI). Si cette montée des travailleurs pauvres ne se lit pas forcément au premier abord dans les statistiques - le taux de pauvreté décroît régulièrement en France depuis 1975, exception faite de l'année 2005 - elle n'en est pas moins un phénomène bien réel.
Jusqu'à présent, cette dimension était assez peu présente dans les politiques sociales des collectivités, dans la mesure où la plupart de ces travailleurs pauvres ne peuvent prétendre aux prestations "traditionnelles" comme le RMI. L'Union nationale des centres communaux et intercommunaux d'action sociale (Unccas) a donc choisi d'innover en consacrant son congrès national, qui s'est tenu à Grenoble les 10 et 11 octobre, au thème des travailleurs pauvres. A cette occasion, les 800 délégués ont adopté quinze engagements. Certains d'entre eux tiennent, pour l'instant, davantage de la déclaration d'intention que du programme d'action : faire face à l'inégalité territoriale des réponses sociales, permettre à tous d'accéder à la culture, aux loisirs et aux vacances... D'autres engagements offrent des perspectives plus immédiatement opérationnelles, comme la refondation des politiques d'aide sociale facultative des communes en prenant en compte, dans l'attribution de ces aides, une combinaison des quotients familiaux, mais aussi du "reste à vivre" (revenu disponible après prise en compte des charges à assumer). De même, l'Unccas propose de mieux exploiter le champ en pleine expansion des emplois familiaux et de renforcer les dispositifs de soutien à la formation, en utilisant davantage les possibilités offertes par la validation des acquis de l'expérience (VAE). L'association recommande aussi aux CCAS de développer l'accompagnement individualisé, de renforcer leurs compétences en matière de santé, afin de "promouvoir une action décloisonnée entre les secteurs sanitaire et social", et de jouer un rôle plus important - en tant que médiateurs - dans les démarches d'accès et de maintien dans le logement.
Jean-Noël Escudié / PCA