Patrimoine - L'Inrap et l'IGN veulent valoriser les données de l'archéologie préventive
L'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) et l'Institut géographique national (IGN) ont signé, le 17 mars 2011, deux accords importants. Le premier est une convention-cadre, qui organise la coopération de ces deux institutions. Le second marque la première concrétisation de cette convention-cadre, portant sur la valorisation, via le Géoportail de l'IGN et le site internet de l'Inrap, des données relatives aux fouilles archéologiques préventives.
Le partenariat entre les deux institutions comporte une importante dimension scientifique, à travers "la confrontation entre les données cartographiques et les observations de terrain issues des opérations d'archéologie préventive, comme la mise au point de méthodes et de technologies appliquées à des problématiques d'intérêt partagé, tels que la télédétection ou les relevés numériques". D'autres formes de coopération technique sont également prévues, portant notamment sur les interventions sur les fouilles, sur l'acquisition de données d'imagerie et sur leur archivage. L'accord permettra aussi aux archéologues de l'Inrap de se former aux enseignements de géomatique délivrés, au sein de l'IGN, par l'Ecole nationale des sciences géographiques (ENSG). De leur côté, des élèves de l'ENSG seront accueillis à l'Inrap et des cycles de formation seront mis en place en vue d'approfondir les liens entre l'archéologie et les sciences géographiques.
L'Archéozoom, un outil au service de l'archéologie préventive
La première application de l'accord-cadre conclu entre les deux institutions s'adresse davantage aux non-professionnels, incluant notamment les élus et le grand public. Il s'agit en effet de "l'Archéozoom", une interface développée sur le site de l'Inrap en exploitant les couches d'informations et les bibliothèques de programmation API (Application Programming Interface) du Géoportail de l'IGN (voir notre article ci-contre du 3 juin 2010). Financé dans le cadre de l'appel à projets "Services numériques culturels innovants" lancé par le ministère de la Culture, l'Archéozoom "permet d'accéder de manière rapide, intuitive et conviviale à l'ensemble des données issues de fouilles et de diagnostics réalisés par l'institut". En pratique, une carte à l'échelle réglable permet d'accéder à près de 250 présentations de chantiers d'archéologie préventive menés par l'Inrap ou sous sa responsabilité. Chaque site fait l'objet d'une fiche technique détaillant le motif de l'opération donnant lieu à l'intervention de l'Inrap, l'aménageur (le plus souvent une collectivité territoriale), les dates de l'opération, sa nature (diagnostic ou fouille), la ou les périodes historiques concernées, ainsi que les responsables et l'équipe des fouilles. Le plus intéressant est toutefois la "chronique de site", autrement dit la notice descriptive - souvent détaillée - des résultats des fouilles. La présentation de certains sites est assortie de reportages vidéos, de visites virtuelles, d'interviews audio, de présentation d'objets en 3D, de plans, d'albums photos... Il est possible de visionner sur la carte l'ensemble des sites ou uniquement ceux propres à une période historique. Ces mêmes informations sont également accessibles par l'entrée "archéologie préventive" du Géoportail.
Pour l'Inrap, la mise en ligne de l'Archéozoom conforte sa volonté d'ouverture vers les élus et le grand public, qui s'est déjà manifestée par l'organisation, à travers toute la France, de la première "Journée de l'archéologie" en juin dernier (voir notre article ci-contre du 2 juin 2010). Devant l'intérêt évident de cet outil, une question ne manque pas de se poser : les chantiers d'archéologie préventive menés par les opérateurs agréés - dont les trois quarts sont des collectivités - auront-ils un jour leur place sur ce nouvel outil ?