Social - Licenciements et grandes manoeuvres dans les services à la personne
Le secteur des services à la personne est présenté régulièrement comme un véritable eldorado de l'emploi, du moins en termes quantitatifs. A l'occasion des Assises nationales des services à la personne, organisées le 23 juin à Paris, Laurent Wauquiez, secrétaire d'Etat chargé de l'Emploi, affirmait par exemple : "Avec 100.000 nouveaux emplois chaque année depuis trois ans, vous êtes un des deux moteurs d'activité de la France", avec les emplois verts (voir notre article du 23 juin 2009 ci-contre). Le secteur n'est pourtant pas à l'abri des accidents économiques. Le 8 avril dernier, l'enseigne Séréna - qui associe la Macif, la Maif, la MGEN et le Groupe Caisse d'Epargne - annonçait un plan de restructuration prévoyant notamment la suppression de 64 postes sur 245 au siège, mais aussi la suppression de 11 postes de médecins et de 5 postes d'ergothérapeutes. Lancé le 1er février 2006, Séréna a en effet perdu 10 millions d'euros en 2008 et devrait en perdre 8,5 millions cette année.
Les enseignes de l'économie sociale ne sont pas davantage épargnées. France Domicile - dont les structures adhérentes comptent environ 150.000 salariés - vient ainsi d'annoncer le licenciement de la moitié de son effectif au siège, il est vrai beaucoup moins nombreux (20 personnes). France Domicile regroupe depuis 2005 plusieurs acteurs clés de l'économie sociale : l'Union nationale des centres communaux et intercommunaux d'action sociale (Unccas), la Mutualité française, l'UNA (Union nationale de l'aide, des soins et des services aux domiciles), le Crédit coopératif, la Matmut, la Casden (Education nationale), etc. Le déficit prévisionnel de 2,9 millions d'euros attendu cette année ne laisse guère de perspectives et justifie, selon la direction de l'enseigne, la mesure prise. Pour son président, interrogé par Les Echos, France Domicile subit "des arbitrages de consommation défavorables". Mais les licenciements envisagés passent mal et les salariés concernés ont aussitôt créé un blog pour déclencher un mouvement de soutien. Ils reprochent à France Domicile de licencier alors que l'enseigne "a reçu plus de six millions d'euros de fonds publics". Ils mettent également en cause "sa prétention tout à fait discutable à devenir leader sur le marché". Tout aussi inhabituel dans le secteur de l'économie sociale : France Domicile annonce son intention de mettre "entre parenthèses" son activité grand public, pour se recentrer sur les grands comptes.
La crise économique précipite également les restructurations. Le 30 juin, Adessa et A Domicile - deux fédérations à but non lucratif de services à la personne - ont ainsi annoncé leur rapprochement. Celui-ci est le prélude à une fusion qui interviendra le 1er janvier 2010. Le nouvel ensemble regroupera 400 structures et comptera environ 40.000 salariés.
Jean-Noël Escudié / PCA