Numérique - L'Europe veut se mobiliser plus fortement sur le numérique
Les moyens pour développer l'internet très haut débit et le numérique en général sont insuffisants, estime la Commission européenne. Pourtant, "la demande émanant des particuliers, des entreprises et des innovateurs est telle qu'elle devrait assurer à l'Union une croissance économique durable", constate-t-elle dans le tableau de bord sur la stratégie numérique mis en ligne le 18 juin. Le secteur des technologies de l'information et des communications représente déjà 8 millions d'emplois et 6% du PIB dans les pays de l'Union. Le haut débit fixe couvre l'Europe à 95%, l'internet mobile a connu une croissance de 62% en 2011 et la fracture numérique se réduit, y compris dans les catégories sociales défavorisées dont le taux d'utilisation est passé à 50%. Mais quelques grands sujets de préoccupation demeurent : la moitié de la population active européenne n'a pas les compétences requises en TIC, le commerce en ligne reste une activité nationale et insuffisamment utilisée par les PME et les entreprises de télécommunications continuent à capter des frais d'itinérance excessifs.
Un contexte qui conduit la Commission à préconiser une réforme économique structurelle sur ce secteur. "En investissant si peu nous nous tirons une balle dans le pied et l'Europe risque de se faire écraser par la concurrence mondiale si elle s'endort sur ses lauriers" s'inquiète Neelie Kroes, vice-présidente de la Commission européenne. Si la mise en garde est louable, la Commission a-t-elle aujourd'hui les moyens de limiter ce risque ? Elle a certes lancé en 2011 et en 2012 de nouvelles initiatives : un règlement pour étendre le plafonnement des prix aux données sur l'itinérance et un autre pour assurer l'harmonisation des signatures électroniques ou encore un plan d'action en faveur du commerce électronique. Mais l'aide aux investissements marque le pas. Les 9,2 milliards d'euros destinés à soutenir le déploiement des réseaux à haut débit et à très haut débit et les 80 milliards prévus au titre d'Horizon 2020 pour financer la recherche et l'innovation "dans différents secteurs, dont le principal est celui des TIC", restent une goutte d'eau par rapport aux besoins de ce secteur. Les propositions récentes du président François Hollande dans le cadre d'un pacte de croissance de 120 milliards d'euros qui comprendrait un ensemble de mesures à effet rapide dont une partie sur le numérique, vont dans le sens souhaité. Mais leur adoption n'est pas garantie aujourd'hui.