L'État promet d'aider les Restos du coeur, contraints de réduire le nombre de bénéficiaires

En raison de difficultés financières, les Restos du coeur vont être contraints de réduire cet hiver le nombre de bénéficiaires et lancent un appel à l'aide auquel ont répondu dès dimanche soir des entreprises et le gouvernement, qui leur a promis un soutien immédiat.

"Aujourd'hui, nous ne sommes pas suffisamment solides pour absorber le flux de personnes qui ont besoin d'aide alimentaire", a expliqué à l'AFP Patrice Douret, président de la célèbre association caritative créée en 1985 par Coluche. "Si rien n'est fait, on pourrait devoir fermer d'ici trois ans."
Les Restos du coeur, qui assurent 35% de l'aide alimentaire en France, se retrouvent dans le rouge en raison de la "hausse très importante" du nombre de personnes qui demandent de l'aide et d'une "augmentation de ses coûts de fonctionnement", due à l'inflation, avait expliqué Patrice Douret dimanche, au journal de 13h00 de TF1.
Face à cette situation "extrêmement complexe", l'association a décidé de réduire le nombre de bénéficiaires. "C'est un véritable crève-coeur, mais nous allons devoir massivement dire non à des personnes que nous aurions pu accueillir avant l'inflation et nous allons devoir réduire la quantité de ce que nous donnerons aux personnes qui rentreront dans nos critères", a détaillé Patrice Douret auprès de l'AFP. Il estime qu'environ 150.000 personnes devront être éconduites. "On appelle à une mobilisation massive des forces politiques et économiques de ce pays pour nous aider à franchir ce cap. Cela fait des mois qu'on alerte le gouvernement sur cette situation, on n'a pas assez été entendu", a-t-il déclaré.
La ministre des Solidarités, Aurore Bergé, s'est invitée au journal du soir de TF1 pour y répondre. "Il est hors de question d'imaginer même que les Restos puissent fermer la porte ou que les bénévoles doivent renoncer à aider ceux qui se présentent", a-t-elle assuré. Elle a promis que, "dans les prochains jours, 15 millions d'euros" seraient "mis sur la table de manière spécifique" pour aider les Restos du coeur à "passer cette période". Elle a en outre indiqué que 6 millions d'euros seraient par ailleurs dédiés à des associations venant en aide aux tout-petits. "On a déjà plus que doublé l'aide alimentaire ces trois dernières années", a rappelé la ministre, lançant un "appel solennel aux grandes entreprises". "Je vais les recevoir dans les tout prochains jours avec les présidents des grandes associations", a-t-elle ajouté. Plusieurs enseignes ont déjà fait savoir qu'elles répondraient à l'appel, notamment par des collectes spécifiques.
Le porte-parole des Restos du coeur, Yves Mérillon, a toutefois précisé ce 4 septembre sur France info que "
"sur ces 15 millions, 10 étaient déjà dans les tuyaux, donc la vraie augmentation, c'est 5 millions ; ça va dans le bon sens, mais il faudra beaucoup plus pour combler le trou qui s’annonce".
L'association caritative a déjà accueilli 1,3 million de personnes en 2023, contre 1,1 million sur l'ensemble de l'année dernière. Ces derniers mois, son budget pour les achats alimentaires, redistribués ensuite gratuitement aux bénéficiaires, a "doublé". Elle s'attend à servir 170 millions de repas cette année contre 140 millions en 2022. Le montant du reste à vivre pour être admissible va être révisé à la baisse, a indiqué Patrice Douret, sans donner de précisions chiffrées. Malgré cette mesure, l'association a besoin de 35 millions d'euros supplémentaires pour terminer l'exercice à l'équilibre. Son budget de fonctionnement (environ 200 millions d'euros par an) provient de donateurs particuliers, d'entreprises ainsi que d'aides publiques de l'État et de l'Union européenne.