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L'Etat entend encourager le développement du télétravail dans les territoires

Le Commissariat général à l'égalité des territoires (CGET) joue un rôle pilote dans le plan national de déploiement du télétravail. Et pour cause : de plus en plus d'acteurs insistent sur les retombées positives de travail à distance pour les territoires périurbains et ruraux. Qui plus est, au sein de la fonction publique, de nombreuses collectivités jouent un rôle moteur dans la mise en place du télétravail parmi les agents. Un colloque organisé par le CGET le 21 mars est venu confirmer cette dynamique naissante, annoncée depuis des années par les experts du numérique.

"Les collectivités ont de l'avance sur le déploiement du télétravail auprès des agents." Un constat qui vient de Thierry Le Goff, tête de la direction générale de l'administration et de la fonction publique. En effet, du côté de l'Etat, seuls quatre ministères ont pour l'heure retranscrit en arrêtés le décret n°2016-151 du 11 février 2016 qui pose les bases du télétravail pour les agents de la fonction publique. Servant des buts tout à la fois environnementaux et de qualité de vie, ce déploiement s'appuie sur trois principes : le volontariat, l'égalité de traitement, et la réversibilité de la mise en place de jours télétravaillés. Il existe, de plus, un maximum de temps hebdomadaire télétravaillé : trois jours par semaine, comme dans le secteur privé.

Les collectivités mettent leurs agents au vert

Du côté des collectivités, la région parisienne s'engage ; un fait bien naturel, au vu de la saturation des réseaux de transports franciliens. "Nous avons capitalisé sur l'expérience d'autres collectivités", note Anne-Clémence Sorbara, du conseil régional d'Île-de-France. Ainsi, la structure, notamment en prévision du déménagement du siège en Seine-Saint-Denis, a lancé une première expérimentation au début de cette année. "Le mode de management apparaît comme le point le plus crucial du déploiement du télétravail ; le travail à distance change la donne et impose de modifier les méthodes de suivi des agents. Nous examinons le principe d'une journée sanctuarisée sans télétravail au sein de chaque équipe, pour permettre la tenue de réunions de service et l'échange d'informations." Malgré ces ajustements à explorer, le concept séduit : parmi les 800 agents sondés pour prendre part à l'expérimentation, 600 ont répondu par la positive. Cette statistique confirme le paradoxe du télétravail : une forte appétence de la part des salariés, qui va parfois de pair avec une relative indifférence des administrations, et une méfiance des syndicats. A La Poste, la mise en place du télétravail a nécessité une coconstruction rigoureuse avec les partenaires sociaux pour déminer les craintes et fournir une information objective sur les atouts tout comme les risques que comporte ce nouveau mode d'activité.

Le télétravail pour développer tous les territoires

Outre les enjeux de qualité de vie des agents et de réduction de l'empreinte carbone, le télétravail apparaît de plus en plus clairement comme un levier de développement économique pour les collectivités. D'aucuns identifient là l'occasion de générer de l'activité diurne au sein de territoires essentiellement résidentiels, et de créer de nouveaux atouts d'attractivité pour les zones rurales. "Aujourd'hui, notre but n'est plus d'attirer des usines, mais des familles qui seront en mesure de télétravailler", résume Fabien Miedzianowski, directeur général adjoint du conseil départemental du Cantal. Différents dispositifs contribuent à cette montée en puissance du télétravail : la mise en place d'accès très haut débit à domicile, la constitution de réseaux de tiers-lieux associatifs ou privés, mais aussi la requalification de lieux publics pouvant accueillir rapidement des télétravailleurs et des indépendants. C'est cette dernière option que développe Dominique Valentin au sein du réseau Relais d'entreprises dans la commune de Grenade-sur-Garonne. Il a impulsé la réfection de quelques bureaux au sein d'un ancien collège, appuyé par un petit opérateur télécom à destination des entreprises et par le soutien incontournable des collectivités. L'espace a permis d'héberger des "co-workers" après des aménagements d'une valeur d'environ 30.000 euros. Un investissement rentable à moyen terme, via les loyers versés par les utilisateurs.

Les effets réels sont encore à quantifier

Au niveau national, le CGET a fort à faire pour structurer et étendre ces initiatives. Il s'agit d'abord d'améliorer la diffusion d'informations et de sensibiliser les acteurs locaux qui seraient encore peu informés ou rétifs à la démarche. Pour ce faire, le commissaire général Jean-Michel Thornary a officialisé le lancement de teletravailler.fr, un portail généraliste d'information sur le télétravail qui prend le relais de teletravail.gouv.fr. Autre enjeu, peut-être plus crucial et utile : quantifier. On sait que les actifs français passent quatre millions d'équivalents temps-plein dans les transports, et que le télétravail pourrait y remédier en partie. On connaît aussi l'impact environnemental des mobilités. Mais il est en revanche plus épineux d'évaluer le niveau actuel du télétravail en France, de même que l'impact réel de cette activité sur les territoires. Le CGET élabore un projet de simulateur pour appliquer des modèles économiques à même de capturer les externalités des tiers-lieux et du travail à domicile. La région Nouvelle-Aquitaine, pionnière dans le domaine, devrait intégrer l'expérience. Du côté du commissariat général, on cherche encore d'autres territoires partenaires. Sans nul doute, il faudra encore du temps pour que l'accompagnement public du télétravail parvienne à sa maturité.