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Télétravail - Le télétravail, vecteur de transformation managériale à la ville de Paris

Le 27 septembre, la ville de Paris a présenté ses ambitions de déploiement du télétravail, en marge d'une intervention d'Anne Hidalgo sur la modernisation de l'administration parisienne. Depuis le mois de juin, la ville mène une expérimentation auprès de 150 agents volontaires. L'exécutif parisien se fixe l'objectif d'étendre la mesure à 1.500 postes d'ici 2020, dans une optique de transformation managériale.

La ville de Paris réfléchit à la mise en place du télétravail depuis le début de l'année 2015. La loi du 12 mars 2012 ouvrait bien son extension à la fonction publique mais dans le cadre d'un décret d'application finalement publié en février 2016 qui autorise le déploiement du télétravail dans la limite de trois jours par semaine. "Nous avons pu lancer l'expérimentation, et elle est indispensable : la ville ne s'était quasiment jamais confrontée au télétravail, si ce n'est à l'occasion de quelques aménagements ponctuels consentis pour raisons de santé", précise Emmanuel Grégoire, adjoint au maire en charge des ressources humaines, interrogé par Localtis. Les objectifs à 2020 étant déjà fixés, le but de l'expérimentation n'est pas de valider le principe du télétravail, mais d'en préciser les modalités d'application.
"Aujourd'hui, nous sommes capables d'assurer sans difficulté auprès du télétravailleur les mêmes services informatiques que sur nos sites. Le retour des 150 agents nous permet en revanche de mieux savoir quels sont les équipements et mobiliers nécessaires à la mise en place du poste de travail à domicile, question qui est aussi traitée dans le cadre du dialogue social. Il s'agit aussi de savoir où placer le curseur du temps de télétravail, entre un et deux jours par exemple".
Pour l'instant, les premiers testeurs effectuent une journée par semaine en télétravail, et pourraient passer à deux journées en début de l'année 2017. Les agents volontaires sont majoritairement des femmes, entre 35 et 50 ans. C'est le temps de transport jusqu'au lieu de travail qui motive en premier lieu leur participation à l'expérimentation.

Accélérer la transformation managériale

En menant la plus grande expérimentation de télétravail réalisée dans la fonction publique à ce jour, la ville poursuit officiellement plusieurs objectifs : tout d'abord, la réduction des émissions carbone dues à la mobilité des agents, en accord avec le plan de déplacement des administrations parisiennes, qui sera présenté en novembre. Le télétravail devrait également profiter à la qualité de vie des agents, en harmonisant mieux leurs temps de vie. Mais c'est bien sur la transformation managériale qu'insiste particulièrement Emmanuel Grégoire. D'ores et déjà, les 150 premiers télétravailleurs sont issus de quinze services de la ville différents. A terme, "la mise en place du télétravail à grande échelle est l'occasion de former de nombreux managers à de nouvelles méthodes de travail, qui accordent une plus grande place à l'autonomie et à la confiance. C'est central, quand on sait que la culture managériale de la fonction publique est parfois peu encline à favoriser l'esprit d'initiative".

"Tiers-lieux"

Toujours dans une optique de rénovation managériale, d'autres pistes pourraient venir enrichir le plan télétravail. "Pour l'instant, on parle du domicile, mais nous sommes également très intéressés par l'idée de permettre à des agents de fréquenter les tiers-lieux", avance Emmanuel Grégoire. Une démarche novatrice qui n'est cependant pas à la portée de toutes les bourses. "Si je devais identifier un frein à la transposition de notre démarche dans d'autres collectivités, ce serait le coût : financer l'équipement d'un espace de travail à domicile représente un réel investissement". En effet, il n'est pas encore envisageable, pour la ville, de saisir l'opportunité du télétravail pour réduire le nombre des postes disponibles sur ses sites, et ainsi réorganiser ses locaux, ou encore faire des économies précieuses dans sa gestion immobilière. Une grande part des agents de la ville a encore besoin d'un point d'ancrage, pour les impératifs de leurs activités : aujourd'hui, "seulement" 9.000 à 10.000 d'entre eux pourraient être éligibles au télétravail, pour un total de 52.000 agents. Et il n'est pas dit que, parmi les futurs télétravailleurs, tous soient partants pour embrasser le nomadisme radical, en délaissant la sécurité d'un espace de travail attitré et personnalisé.

Pierre-Marie Langlois / EVS

Le télétravail dans la fonction publique

C'est le décret 2016-151 qui fixe le cadre du télétravail dans la fonction publique. Ce dernier est limité à trois jours maximum, pour au moins deux jours de présentiel dans les locaux de l'employeur. Ce ratio est apprécié sur une base mensuelle. Cette limite de trois jours ne peut être dépassée que pour raison de santé. Enfin, le télétravail est autorisé pour un an maximum, avec renouvellement possible. La période convenue au départ peut être abrégée à l'initiative du chef de service ou du télétravailleur, avec un préavis de deux mois.
A noter que le décret laisse la porte ouverte à l'utilisation d'un tiers-lieu : il précise que le télétravail peut être organisé "éventuellement, dans des locaux professionnels distincts" de ceux de l'employeur (art. 2).
 

PML