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Social - Les transferts sociaux ont des effets différents selon les territoires

Les disparités de niveau de vie varient selon les territoires et les transferts sociaux contribuent à leur réduction : voilà deux prédicats que personne ne songerait sérieusement à contester. L'Insee s'en garde d'ailleurs bien dans son dernier "Focus", consacré aux transferts sociaux versés aux ménages en 2014. En revanche, l'étude met en évidence le fait que ces transferts sociaux ont des causes et des effets différenciés selon les territoires.

Sans les impôts, le niveau de vie des Franciliens serait plus élevé d'un tiers

Le résultat doit toutefois être nuancé. Certes, les disparités de niveau de vie varient selon les régions. Ainsi, le rapport entre le neuvième décile (niveau de vie plancher des 10% les plus aisés) et le premier décile (niveau de vie plafond des 10% les plus modestes), est plus fort en Ile-de-France (4,5) et en région Paca (3,7) qu'en Bretagne (2,9) et en Pays de la Loire (2,8), régions moins inégalitaires. Mais, grâce à la progressivité de l'impôt, la fiscalité directe pèse davantage sur le revenu disponible des ménages les plus aisés, réduisant ainsi l'écart entre les hauts et les bas revenus. L'étude montre que, sans les impôts directs, les 10% les plus aisés auraient un niveau de vie plus élevé, en moyenne, de 25,4% en Auvergne-Rhône-Alpes et de 31,5% en Ile-de-France.
A l'inverse - et de façon logique -, la réduction des disparités de revenus par l'effet des prestations sociales et des impôts est plus forte dans les régions où la proportion de personnes pauvres est plus importante. Sur ce point, les taux de pauvreté les plus élevés s'observent dans les Hauts-de-France (18,3%) et en Paca (17,5%), et les plus faibles en Pays de la Loire (11,5%) et en Bretagne (10,8%). La situation de l'Ile-de-France est à part, dans la mesure où les inégalités s'y réduisent davantage par le haut de la distribution que dans les autres régions.
Paris est ainsi à la fois le département où les inégalités sont les plus fortes et le second département où le rapport interdécile se réduit le plus fortement (-4,5 points) lorsqu'on passe du revenu fiscal au revenu disponible, autrement dit après impôt. Cette réduction du rapport interdécile est de 5,0 points en Seine-Saint-Denis, de 4,4 dans les Pyrénées-Orientales, de 4,3 dans les Bouches-du-Rhône et de 4,1 dans le Nord. A l'inverse, la réduction de l'écart est faible dans les départements les moins inégalitaires (-0,9 point en Vendée).

Allocations chômage au nord, retraites au sud

Bien entendu, les prestations sociales jouent aussi un rôle clé dans la réduction des inégalités. Parmi les 10% les plus modestes, la part des prestations sociales dans le revenu disponible va ainsi de 29,2% en Corse à près de la moitié (49,8%) dans les Hauts-de-France. Si on considère les départements, cette part se situe autour de 28% dans les départements du sud du Massif central, qui comptent beaucoup de retraités (Aveyron, Cantal, Lozère), et monte à 52,2% dans le Nord, à 50,3% dans le Pas-de-Calais et à 48,7% en Seine-Maritime.
La nature des prestations sociales contribuant à la réduction des écarts de niveau de vie varie toutefois d'un territoire à l'autre. La part des prestations familiales est ainsi plus importante dans l'ouest, qui compte davantage de familles avec enfants, alors que les allocations logement jouent un rôle plus important dans les villes (qui comptent davantage de personnes seules, surreprésentées parmi les bénéficiaires des APL).
Au nord, au sud et en Seine-Saint-Denis - territoires les plus touchés par la crise de l'emploi -, ce sont les allocations chômage qui jouent le rôle principal dans la réduction des écarts de niveau de vie. A l'inverse, ce rôle revient aux retraites, pensions et rentes dans les départements situés dans la partie centrale du pays (leur part atteint 40% du revenu disponible dans la Nièvre), mais aussi dans ceux de l'extrême sud ou du littoral ouest (environ 37% du revenu disponible). Dans tous ces départements, la part de la population âgée de 60 ans ou plus est supérieure à 30% contre une moyenne de 24,4% en France métropolitaine. A l'inverse, la part de ces revenus est la plus faible (moins de 25%) dans les départements comptant moins de 22% de personnes âgées, à l'image de ceux de l'Ile-de-France, de la Haute-Garonne, du Rhône, de l'Ain et de la Haute-Savoie.