Culture - Les tournages reviennent en France, mais ils sont moins nombreux
La coïncidence n'a rien d'un hasard. Il y a quelques jours, la Commission européenne donnait son accord à la mise en oeuvre d'un spectaculaire renforcement du système français de crédit d'impôt en faveur de la production et des tournages cinématographiques, prévu par la loi de finances pour 2013 du 29 décembre 2012 (voir nos articles ci-contre du 11 juillet 2013 et du 10 décembre 2012). Et, le 16 juillet, la Ficam (Fédération des industries du cinéma, de l'audiovisuel et du multimédia) publie un communiqué annonçant "un recul des délocalisations dans une production cinématographique ralentie".
Les producteurs ont anticipé la réforme
L'amélioration est loin d'être négligeable puisqu'au premier semestre 2013, la délocalisation ne concerne plus que 24% des semaines de tournage contre 37% en 2012. La délocalisation revient ainsi à son niveau de 2010. La raison de ce brusque redressement ? Les producteurs ont anticipé le feu vert de Bruxelles à la réforme du crédit d’impôt cinéma, mais aussi sa rétroactivité au 1er janvier 2013, comme confirmé par Aurélie Filippetti lors du dernier Festival de Cannes.
Le baromètre de "l'Observatoire métiers/marchés long-métrage" pour le premier semestre 2013, publié le 16 juillet par la Ficam, donne quelques exemples de ce retour des tournages sur le sol français. Ainsi, "Le Petit Nicolas" a été tourné au deuxième trimestre 2008 pour 50% en Belgique. Mais sa suite - "Les vacances du Petit Nicolas" - a été tournée entièrement en France au deuxième trimestre 2013. La note de l'Observatoire donne toutefois quelques exemples de productions qui se tournent actuellement à l'étranger, comme "Supercondriaque" de Dany Boon (en Hongrie et en Belgique). Mais, même pour ces grosses productions à plus de dix millions d'euros, le taux de délocalisation est en baisse, passant de 70% au premier semestre 2012 à 42% au premier semestre 2012
Un climat très morose
Ces bonnes nouvelles sur la relocalisation des tournages ne doivent toutefois pas faire illusion. Elles interviennent en effet dans un contexte très morose pour le cinéma français. Ainsi, la production du premier semestre 2013 est la plus faible de ces six dernières années : 85 films de long-métrage d'initiative française (71 films de fiction, 11 documentaires et 3 films d'animation) ont été tournés au premier semestre, contre 102 en 2012. Les semaines de tournage sont également en recul de 13% sur un an (536 contre 617), avec toutefois un petit bémol puisque ce recul est dû à la chute du nombre de semaines de tournage à l'étranger (-44% au premier semestre), alors que le nombre de semaines de tournage en France progresse de 5% sur la même période.
Par ailleurs, les sommes investies dans les productions sont, elles aussi en recul, avec une baisse de 20% par rapport à 2012. L'avenir à court terme semble donc très incertain : le retour en France d'un plus grand nombre de tournages ne pourra pas compenser longtemps le recul du marché...