Environnement - Les tirs sur les loups facilités

La France compte désormais 300 loups, un chiffre en hausse, et les attaques contre les troupeaux sont "trop" nombreuses selon Ségolène Royal qui a annoncé le 28 juin son intention de "mieux protéger les éleveurs" en facilitant les tirs contre ces animaux protégés. "Même si pour la première fois", les dommages "n'ont pas augmenté entre 2012 et 2013, plus de 6.000 animaux d'élevage ont été victimes du loup en 2013. La détresse des éleveurs et de leurs familles doit être prise plus fortement en considération", a estimé la ministre de l'Ecologie, qui a reçu le 27 juin les préfets des régions les plus concernées. Pour mieux contrôler l'expansion du canidé, le ministère entend "améliorer l'efficacité du plan loup adopté en 2013". Ce plan encadre la protection de l'animal, protégé au niveau international et national, mais prévoit les conditions permettant d'en abattre dans certaines zones en cas de menaces avérées pour les troupeaux.
Sur les douze derniers mois avait été adopté un plafond national de 24 loups maximum pouvant être abattus sous certaines conditions. Or, "huit prélèvements (abattages, ndlr) de loups seulement ont été effectués (4 loups ont par ailleurs été victimes de braconnage)", souligne le ministère. Ségolène Royal a donc signé deux arrêtés publiés au Journal officiel du 4 juillet. Le premier texte reconduit le plafond de 24 loups maximum pouvant être abattus en France dans les douze prochains mois, à titre dérogatoire. Mais ce plafond pourra être porté à 36 quand 20 loups auront été éliminés. L'autre arrêté désigne les 20 départements où des loups pourront être abattus en cas d'attaques avérées sur les troupeaux. Est concerné un grand quart sud-est de la France, allant jusqu'à la Meuse et la Haute-Marne. En outre, un autre projet d'arrêté est soumis à la consultation du public jusqu'au 11 juillet. Il autorisera, sous certaines conditions et dans 57 communes (dans 4 départements), les chasseurs à tuer des loups lors de battues au grand gibier ou lors de la chasse à l'approche ou à l'affût (chasse individuelle).

Mieux vivre ensemble

Le gouvernement ne doit pas seulement faciliter les tirs sur les loups mais aussi permettre la "coexistence" entre le canidé, protégé au niveau européen, et les éleveurs, ont souligné le 4 juillet des associations de protection de la nature après la publication des deux premiers arrêtés au Journal officiel. "Nous regrettons que l'Etat privilégie une politique de gestion du loup avec comme affichage prioritaire la destruction d'individus (abattages de loups, ndlr), sans, en parallèle, mettre tout en oeuvre pour que la présence de l'espèce soit admise par ses détracteurs", disent dans un communiqué France Nature Environnement (FNE), la Ligue de protection des oiseaux (LPO) et Humanité & Biodiversité.
Les ONG regrettent la "volonté de l'Etat de vouloir cantonner le loup dans ses secteurs de présence historique". "Le loup vient à peine d'effectuer son retour en Ardèche, dans l'Ariège, l'Aude, les Bouches-du-Rhône, la Haute-Saône, la Haute-Marne et la Meuse", rappellent-elles, estimant que le fait d'autoriser les tirs sur les loups dans ces départements "peut remettre en question l'extension géographique" d'une espèce protégée.
Les ONG s'inquiètent aussi de l'autre arrêté en préparation. L'an dernier, des associations écologistes avaient obtenu devant les tribunaux la suspension d'arrêtés similaires. "S'il était probablement nécessaire d'expérimenter de nouvelles mesures, nos associations souhaitent qu'elles portent prioritairement sur l'expérimentation de nouveaux moyens de protection des troupeaux", affirment les ONG. Elles promettent d'engager des "procédures contentieuses" en cas de "nécessité".