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Personnes âgées - Les syndicats et l'AD-PA unis pour demander l'abandon de la réforme de la tarification des Ehpad

Dans une démarche unitaire inhabituelle, cinq organisations syndicales de salariés (CFDT, CFTC, CGT, FO et Unsa) et l'AD-PA (Association des directeurs au service des personnes âgées) ont adressé un courrier commun à Emmanuel Macron, en date du 19 octobre, sur la question de l'aide aux personnes âgées. La lettre envoyée au chef de l'Etat aborde deux aspects : l'aide à domicile et l'hébergement en Ehpad (établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes). Les signataires estiment en effet que "la France a accumulé un grand retard dans l'aide aux personnes âgées, tant à domicile qu'en établissement" et que "malgré les évolutions du secteur depuis 20 ans, la situation reste extrêmement tendue".

Trois fois plus d'accidents du travail que la moyenne nationale

Les organisations signataires considèrent que "les financements n'ont pas suivi l'augmentation du nombre de personnes âgées". Elles s'appuient également sur une récente étude de la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam), montrant un indice de fréquence des accidents du travail dans le secteur trois fois supérieur à la moyenne nationale et une sinistralité en hausse de 45% depuis dix ans, alors qu'elle a reculé dans les autres secteurs. Le rapport aurait pu mentionner également la persistance de la crise dans le secteur de l'aide à domicile ou la récente "mission flash" de l'Assemblée nationale, qui dresse un tableau très alarmiste de la situation des Ehpad (voir notre article ci-dessous du 13 septembre 2017).
En matière d'aide à domicile, la lettre au chef de l'Etat pointe notamment la "crise structurelle du financement [qui] pèse lourdement sur les conditions de travail des salariés, dont beaucoup sont contraints au temps partiel, avec des interventions de plus en plus courtes, et à des rémunérations insuffisantes".

Une situation "explosive et intenable"

Du côté des Ehpad, la lettre met en cause la convergence des tarifs dépendance et soins, qui "va entraîner des suppressions de postes au moment où un coup de frein massif sur les contrats aidés vient d'être décidé". Dans ces conditions, les organisation syndicales considèrent la situation "explosive et intenable", comme l'ont montré plusieurs conflits sociaux récents.
Les organisations syndicales demandent donc une audience au chef de l'Etat et formulent, dès à présent, huit revendications. Parmi celles-ci, on trouve, sans surprise, la demande de "mettre fin à l'application de la réforme de la tarification et aux décrets de décembre 2016 visant à réduire les budgets de nombreux établissements, avec des conséquences en termes de réduction d'effectifs".
Parmi les autres revendications, on retiendra en particulier le maintien et la pérennisation de tous les postes occupés jusqu'alors par des contrats aidés, la mise en œuvre "dans les meilleurs délais" des ratios de personnels préconisés dans le cadre du plan Solidarité grand âge 2007-2012, ou encore la réorganisation du financement de l'aide à domicile "pour que la pérennisation du secteur ne se fasse plus au détriment des conditions de travail des salariés".