Personnes âgées - Près d'un résident sur deux est hospitalisé dans l'année suivant son admission en Ehpad
Il y a une semaine, Monique Iborra, députée (LREM) de Haute-Garonne, présentait devant la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale les résultats de sa "mission flash" sur la situation des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (voir notre article ci-dessous du 13 septembre 2017). Elle y expliquait notamment que "l'Ehpad devient de plus en plus un lieu de soins dans lequel on vit et non plus un lieu de vie dans lequel on soigne". La publication, par Santé publique France (SPF, ex-Institut de veille sanitaire), d'une étude dans un numéro de juillet de son "Bulletin épidémiologique hebdomadaire" vient lui donner pleinement raison.
Des pathologies très présentes
Intitulé "Résidents admis en Ehpad au cours du premier trimestre 2013 : pathologies, prises en charge, traitements et hospitalisations l'année suivante", ce travail a été réalisé à partir des fichiers de l'assurance maladie et d'un échantillon de 11.687 personnes - à 76% des femmes - assurées au régime général et toujours en vie un an après leur entrée en Ehpad. Sans surprise, compte tenu d'un âge moyen de 86 ans, les pathologies sont fréquentes. Ainsi 53% des résidents présentent des maladies neuro-dégénératives et 51% des maladies cardio-neuro-vasculaires. Les autres pathologies les plus fréquentes sont le diabète (16,8% des résidents), les maladies psychiatriques (16,8%), les cancers (16,4%) et les maladies respiratoires chroniques (12,8%).
Certaines pathologies sont en forte hausse par rapport à l'année 2012, sans que l'étude en explique les raisons. La prévalence des maladies neuro-dégénératives passe ainsi de 40,4% à 52,8% et celle des maladies cardio-neuro-vasculaires de 44,6% à 51,4%.
L'étude de Santé publique France détaille également les prises en charges médicamenteuses mises en œuvre pour traiter ces pathologies. On en retiendra surtout l'utilisation importante des psychotropes, qui augmente nettement après l'admission en Ehpad. Le recours aux antidépresseurs passe ainsi de 34% à 46% des résidents, celui des anxiolytiques de 32% à 42%, celui des hypnotiques/sédatifs de 17% à 24% et celui des antipsychotiques de 10% à 21%. Pour sa part, le recours aux antibactériens systémiques passe de 45% avant l'entrée en Ehpad à 61% après l'admission.
Un taux d'hospitalisation de 40% dans l'année suivant l'entrée
Autre information apportée par l'étude, qui corrobore là aussi des éléments figurant dans le rapport de Monique Iborra : 40% des personnes accueillies en Ehpad sont hospitalisées au moins une fois dans les douze moins suivant leur admission. Ce taux est important, mais il est nettement moins élevé que celui des hospitalisations dans l'année précédant l'admission, qui se monte à 75%. Il est vrai que l'entrée en Ehpad succède souvent à un épisode d'hospitalisation.
Les principaux motifs d'hospitalisation après l'admission en Ehpad concernent les maladies cardiovasculaires et les complications traumatiques dues aux chutes. Ce constat a conduit la Haute Autorité de santé (HAS) à émettre des recommandations visant à réduire les hospitalisations non programmées de résidents en Ehpad. Pour cela, la HAS préconise notamment de développer des actions de prévention des chutes et du risque de iatrogénie médicamenteuse, mais aussi de favoriser le traitement au sein de l'Ehpad de certaines pathologies comme les pneumopathies, ou encore d'optimiser la mobilisation des ressources internes et externes susceptibles de limiter les transferts évitables vers les services des urgences.