Commerces - Les supérettes en plein essor dans les centres des grandes villes
Le paysage du commerce de détail alimentaire s'est largement modifié durant la dernière décennie, avec une part de petites surfaces, toujours dominante, mais en diminution au profit des moyennes et grandes surfaces et un fort développement des supérettes dans les centres-ville des grandes agglomérations. C'est ce qui ressort d'une étude de la Direction générale des entreprises (DGE). Ainsi, en 2012, 91.000 commerces de détail alimentaires sont implantés en France métropolitaine, contre 86.600 en 2003. Parmi ces commerces, on dénombre 71.800 petites surfaces d'alimentation, dont 21.500 générales et 50.300 spécialisées. Ces surfaces, qui représentent 78,9% des commerces de détail alimentaires, ont tendance à diminuer. En 2003, leur part correspondait à 81,6%. Cette évolution à la baisse est principalement due à la réduction du nombre de petites surfaces générales (de 22.600 en 2003 à 21.500 en 2012, soit une diminution de 1.100 établissements) et à la forte diminution du nombre de boucheries (- 2.800). Ces petites surfaces d'alimentation, générales ou spécialisées, sont surtout présentes dans les villes-centres des métropoles, où elles représentent 85% des établissements d'alimentation, et dans les communes en dehors des agglomérations (86%). Elles sont moins présentes dans le reste du territoire, où les supermarchés et hypermarchés occupent une place plus importante.
A l'inverse, la part des plus grands établissements généralistes a fortement augmenté. Le nombre d'hypermarchés a ainsi augmenté de 32% sur l'ensemble du territoire entre 2003 et 2012 (de 1.300 à 1.800), notamment dans les communes en dehors des agglomérations où leur nombre, toujours modeste, a quasiment doublé, traduisant l'étalement des villes et les stratégies d'implantation des hypermarchés dans des communes à la périphérie des agglomérations, et dans les villes-centres de métropoles (+40%). Le nombre des supermarchés a quant à lui augmenté de 18% sur dix ans (de 9.100 à 10.800), une évolution visible sur l'ensemble du territoire, et légèrement plus dans les villes-centres des métropoles et les communes en dehors des agglomérations.
Les conséquences de la loi de modernisation de l'économie de 2008
Le nombre de supérettes est quant à lui passé de 4.350 en 2003 à 5.100 en 2012, soit une augmentation de 17%. Une progression plus faible que celle des hypermarchés et supermarchés mais qui se concentre entre 2007 et 2010 (+18% en trois ans). Ces supérettes se sont surtout développées dans les centres-ville de grandes agglomérations (augmentation de 31% en trois ans), de métropoles (30%), de grandes agglomérations intermédiaires (25%), et dans les communes de banlieue (23%). D'après la DGE, cette évolution favorable des supérettes résulte de la réforme de l'urbanisme commercial menée en 2008. La loi de modernisation de l'économie (LME) du 4 août 2008 a ainsi supprimé l'autorisation préalable d'exploitation commerciale pour les créations de surfaces commerciales de moins de 1.000 m2, contre 300 m2 auparavant. "Les enseignes de la grande distribution ont donc pu, plus facilement, procéder à l'ouverture de nouveaux magasins d'une surface totale supérieure à 300 m2 (mais inférieure à 1.000 m2)", détaille l'étude qui alerte toutefois sur le poids encore très faible des supérettes en termes de surface commerciale. Les supérettes ne représentent ainsi que 4% de la surface du commerce de détail alimentaire en 2012, contre 71% pour l'ensemble des grandes surfaces généralistes et 24% pour les petites surfaces d'alimentation. Globalement, ces supérettes concurrencent les petites surfaces spécialisées, notamment les petites épiceries, et les supermarchés, mais représentent une offre commerciale complémentaire des petites surfaces spécialisées (boucheries et boulangeries).
Elles emploient en 2012 23.900 personnes, sur les 760.000 personnes qu'emploie l'ensemble des commerces de détail alimentaires (45.000 pour les hypermarchés et supermarchés). Au total, le secteur a créé 75.000 emplois nets entre 2003 et 2012, soit une hausse de 11,6%, supérieure au double de l'augmentation de la population pendant la même période.