Culture - Les scènes nationales renvoient l'Etat et les collectivités dos à dos
Dans une démarche inhabituelle, quinze scènes nationales et centres dramatiques nationaux d'Ile-de-France ont tenu, le 5 mars, une conférence de presse pour dénoncer une baisse de leurs subventions de plus de six millions d'euros sur sept ans. Plus précisément, ces scènes nationales expliquent qu'elles "sont fragilisées par la perte de plus de six millions d'euros en sept ans par le seul mécanisme de l'inflation sur les subventions de fonctionnement de l'Etat". Parmi ces protestataires figurent notamment le théâtre de Nanterre-Les Amandiers, la Maison de la culture de Bobigny et le théâtre de la Commune d'Aubervilliers. Les protestataires s'inquiètent d'éventuelles réductions de leur programmation, alors que la fréquentation de leurs spectacles est en progression. Leurs établissements réalisent en effet plus de 1.500 représentations, qui font travailler plus de 8.000 artistes et rassemblent plus de 500.000 spectateurs en Ile-de-France. Les signataires revendiquent également la production de plus de 60 spectacles par an et la réalisation de près de 1.000 actions culturelles et de plus de 20.000 heures d'intervention artistique.
La baisse des subventions pourrait certes être compensée par une hausse des tarifs - aujourd'hui de dix euros en moyenne pour les adultes - mais les responsables des institutions concernées estiment que la paupérisation des classes moyennes interdit une telle augmentation. En cause : le récent projet de loi de finances rectificative qui diminue de 34,1 millions d'euros les crédits de la mission culture (voir notre article ci-contre du 24 février 2012), le gel de précaution budgétaire de 6% sur le budget de la culture ou encore les redéploiements budgétaires entre régions dans le cadre de mandats de révision.
Si l'Etat est ainsi en ligne de mire pour les effets de la rigueur budgétaire, les collectivités territoriales ne sont pas épargnées. Les signataires affirment en effet que les scènes nationales et les centres dramatiques nationaux "sont également fragilisés par la réduction des budgets culturels de nombreuses collectivités locales". Selon eux, 30% des départements auraient baissé leurs subventions à la culture en 2011. S'il est vérifié, ce chiffre confirmerait la tendance déjà observée en 2009 et 2010 (voir notre article ci-contre du 17 décembre 2010).