PLF 2012 - La culture sauve les meubles
Comme l'an dernier (voir notre article ci-contre du 30 septembre 2010), le budget du ministère de la Culture et de la Communication se voit relativement épargné par la rigueur, Frédéric Mitterrand n'hésitant pas à évoquer "un engagement massif pour la culture et la communication de la part de notre gouvernement". Globalement, la hausse est modeste, puisque les crédits affectés au périmètre du ministère progressent seulement de 0,9%, pour atteindre l'an prochain un peu plus de 7,4 milliards d'euros (et même 8,3 milliards si l'on y ajoute le produit des taxes affectées à certains établissements, comme le Centre national du cinéma et de l'image animée et l'Institut national d'archéologie préventive).
Près de 3% de hausse pour les trois programmes "Culture"
Mais l'examen de leur répartition montre une vision plus contrastée. Ainsi, les trois programmes de la mission Culture progressent au total de 2,9%. Le programme "Patrimoines" se voit ainsi doté de 871 millions d'euros, "avec une attention particulière portée aux régions". Cette enveloppe doit notamment permettre de mener à bien trois projets phares : le musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (MuCEM) à Marseille - qui doit impérativement être fonctionnel pour l'année 2013, lorsque la cité phocéenne sera capitale européenne de la culture -, le Centre national des archives de Pierrefitte‐sur‐Seine (dont l'ouverture est également prévue pour 2013) et la future maison de l'Histoire de France, dont le poids budgétaire sur l'année 2012 sera toutefois très limité (voir notre article ci-contre du 27 septembre 2011).
Le programme "Création" - qui porte la politique en faveur du spectacle vivant et des arts plastiques - bénéficie pour sa part d'une enveloppe de 788 millions d'euros, soit une hausse conséquente de 6,3%. Au-delà des financements des nombreuses structures concernées, ces crédits permettront aussi de mener "deux grands projets emblématiques" : la création de la Philharmonie de Paris dans le domaine du spectacle vivant et, dans celui des arts plastiques, l'achèvement de la rénovation du palais de Tokyo, qui doit faire l'objet d'une réouverture générale au printemps 2012. Conséquence de ces grands projets, le soutien au fonctionnement des structures ne bénéficie que d'une rallonge de 3,5 millions d'euros, portant le total à 347 millions d'euros. Enfin, le programme "Transmission des savoirs et démocratisation de la culture" disposera de 1,074 milliard d'euros, dont 75,7 millions d'euros iront à l'éducation artistique et culturelle et l'accès à la culture, tandis que 226,5 millions d'euros (+4,3%) serviront à la mise en œuvre de la réforme de l'enseignement supérieur artistique et à son inscription dans le cursus européen LMD. Le perdant est le programme "Recherche culturelle", dont les crédits reculent de 0,6% à 127 millions d'euros.
"Une ambition territoriale forte"
Revers de la médaille, la mission "Médias, livre et industries culturelles" bénéficie d'une enveloppe nettement moins favorable. Celle-ci sera en effet de 1,26 milliard d'euros de crédits de paiement, soit une baisse de 13% par rapport à la loi de finances initiale (LFI) pour 2011. Ce recul concerne toutefois essentiellement l'audiovisuel et s'explique "en raison de l'achèvement du financement du passage à la télévision tout numérique". Cette enveloppe est répartie en quatre programmes : 150 millions d'euros pour l'action audiovisuelle extérieure, 473 millions d'euros pour la contribution à l'audiovisuel et à la diversité radiophonique, 390 millions d'euros pour les aides à la presse et 275 millions d'euros pour le livre et les industries culturelles (+4%).
Lors de la présentation de son budget, Frédéric Mitterrand a rappelé que les crédits de la Culture ont progressé de 20% entre 2007 et 2012, soit un effort supplémentaire de 1,23 milliard d'euros. Il a aussi insisté sur sa volonté de conforter "une ambition territoriale forte pour [son] ministère, parce que le partenariat avec les collectivités territoriales est un élément essentiel de notre politique culturelle". Face aux insatisfactions qui ne manqueront pas de se manifester, il a également rappelé que "bon nombre de nos partenaires de l'Union européenne, parmi lesquels la Grande-Bretagne, l'Italie, l'Espagne, la Grèce, mais aussi les Pays-Bas, ont procédé à des coupes drastiques dans ce domaine de leurs dépenses publiques". Selon lui, "le gouvernement français, pour sa part, a fait un choix courageux, qui regarde vers un avenir où la culture a toute sa place en France, comme facteur de lien social, de dynamisme économique, d'attractivité renforcée de nos territoires". Un effort budgétaire et un argument qui pourrait resservir dans la campagne présidentielle, au moment où nombre de collectivités territoriales - départements mais aussi certaines communes ou régions - ont engagé une stabilisation, voire une réduction, de leurs subventions culturelles.