Culture - Les régions maintiennent leurs financements au cinéma et les tournages se relocalisent
Le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) publie son bilan de "La production cinématographique en 2016". L'année écoulée y apparaît relativement moyenne, avec 283 films agréés contre 300 en 2015 (année record, il est vrai), dont 221 films d'initiative française (contre 234). De même, les investissements des chaînes de télévision dans la production de films sont en baisse (-20% pour Canal+, principal financeur du cinéma français). En revanche, le montant total des investissements dans les films agréés s'affiche à la hausse, avec une progression de 13,4% par rapport à 2015, atteignant ainsi 1,388 milliard d'euros (dont 1,209 milliard pour les films d'initiative française.
Les collectivités ont investi 21 millions d'euros dans la production
Le rapport sur la production cinématographique en 2016 montre aussi que les collectivités territoriales maintiennent leur investissement, même si celui-ci ne représente qu'une très faible part. Ainsi, les collectivités - essentiellement les régions - ont investi l'an dernier 20,87 millions d'euros (contre 21,39 millions en 2015) dans 101 films (contre 112), dont 98 d'initiative française (contre 99). Les 21 millions annuels d'investissement des collectivités dans la production semblent désormais constituer un étiage : depuis 2007, le montant investi a été cinq années supérieur aux 20,87 millions d'euros de 2016 (dont 23,86 millions en 2008) et quatre années inférieur (dont 16,04 millions en 2014). Les films aidés par les collectivités territoriales présentent un budget moyen de 4,19 millions d'euros et les aides couvrent, en moyenne, 4,9% des devis des films concernés.
Comme d'habitude, les investissements des collectivités dans la production cinématographique sont extrêmement déséquilibrés. La région Ile-de-France apporte à elle seule 11,31 millions d'euros, soit 54,2 % de l'ensemble des aides des collectivités territoriales en 2016, répartis sur 43 films.
Vient ensuite Rhône-Alpes Cinéma, avec 3,75 millions d'euros, répartis sur 11 films.
A noter : en 2016, 18 films ont étés financés simultanément par deux collectivités territoriales et trois films par trois collectivités. Un film a même été financé par quatre collectivités : "Funan", un long métrage d'animation de Denis Do, soutenu par la Réunion, le Centre-Val de Loire, Grand Est et l'Eurométropole de Strasbourg.
Le retour du film prodigue
Si 2016, restera comme une année dans la moyenne, selon Frédérique Bredin, la présidente du CNC, le principal enseignement est que "la production cinématographique se relocalise massivement dès 2016 grâce aux effets bénéfiques du crédit d'impôt". Même si la dernière en date, mise en œuvre dans la loi de finances pour 2017 (voir notre article ci-dessous du 17 février 2017), ne fera véritablement connaître ses effets que cette année, elle ne fait que succéder à une longue série de mesures du même type (voir nos articles ci-dessous).
La dépense globale de production réalisée en France (pour le cinéma comme pour l'audiovisuel) a en effet augmenté de 490 millions d'euros, grâce aux revalorisations des crédits d'impôt. Selon le communiqué du CNC, "c'est bien supérieur à l'objectif, qui avait été fixé à 200 millions". Si on s'en tient au seul secteur du cinéma, l'activité supplémentaire générée par les crédits d'impôt s'élève à 270 millions d'euros : 211 millions au titre des films d'initiative française dont le tournage a été relocalisé en France et 59 millions au titre des productions étrangères qui ont été partiellement ou entièrement tournées en France.
Le nombre de jours de tournage en France en studio connaît ainsi une "augmentation massive" de 56%, se traduisant par une baisse concomitante du nombre de jours de tournage à l'étranger, qui passe de 2.155 jours en 2015 à 1.566 en 2016, tandis que la part des films réalisant 70% de leurs dépenses en France augmente significativement (+6 points).
En revanche - et même si le communiqué du CNC n'y fait pas allusion -, le nombre total de jours de tournage sur le territoire français affiche une baisse de 4,6% par rapport à 2015 - liée principalement à la diminution de films produits - et atteint 4.514 jours en 2016. Cette diminution concerne uniquement les tournages en décors naturels (-318 jours, soit -7%), autrement dit les tournages qui ont le plus d'impact sur l'activité des territoires.