Environnement - Les professionnels des énergies renouvelables font leurs propositions
Selon Raphaël Claustre, directeur du Comité de liaison énergies renouvelables (Cler), "il est temps de mettre en valeur les atouts dont disposent les territoires et de leur redonner la maîtrise de leur énergie". Pour cette association, le bon niveau de gouvernance est "le bassin de vie formé par les communautés urbaine ou d’agglomération, dont le périmètre mériterait d’être agrandi afin de comprendre les communautés de communes périurbaines", ainsi que la région, "actuellement en cours d’émergence dans ce domaine de façon très inégale et qu’il convient d’organiser au plus vite pour engager un mouvement cohérent et atteindre les objectifs annoncés". Le Cler suggère de créer un cadre simple adapté aux échelles territoriales et de donner une dimension d’orientation politique aux schémas régionaux climat-air-énergie (SRCAE) en vue d'"établir la pleine responsabilité de la région" sur ceux-ci. L’autorité des collectivités serait également à rétablir sur la gestion de leurs réseaux de distribution d’électricité et de gaz, afin que leur position s’affirme face aux "monopoles qui, pour l’heure, se savent inamovibles". Dès lors, le Cler prône l’idée d’une réforme des collectivités intégrant "la préparation d’une décentralisation de l’énergie".
Consolider l’existant
Le besoin s’exprime aussi du côté de la formation. "L’augmentation des coûts de l’énergie associée aux nouvelles réglementations - par exemple la réglementation thermique 2012 - crée un besoin de formation qui n’est pour l’instant pas comblé en raison du manque de formateurs compétents." Une autre proposition concerne la lutte contre la précarité énergétique. Sur l’ensemble du territoire, le Cler recommande de "généraliser la mise en place de fonds sociaux d’aide aux travaux de maîtrise de l’énergie" et de "mettre à contribution le dispositif des certificats d’économie d’énergie (CEE) sur un programme lié à ces fonds sociaux". Car le programme Habiter mieux pour la rénovation thermique des logements ne suffit pas. "Il cible les propriétaires occupants et non les locataires alors qu’ils sont les plus exposés aux impayés d’énergie", note-t-on au Cler. Pour agir, l’association propose de créer dans chaque département un ou plusieurs services locaux d’intervention pour la maîtrise de l’énergie (Slime) et de s’appuyer pour ce faire sur les plans départementaux d’action pour le logement des personnes défavorisées (Pdalpd).
Faire bouger les cadres
Le Cler préconise d’instaurer, dans le cadre de la prochaine programmation pluriannuelle des investissements (PPI) de production d'électricité, "des objectifs planchers ambitieux pour les énergies renouvelables". Mais aussi de réformer le Code minier ("pour favoriser le développement de la géothermie très basse énergie"), d’encourager la concertation dans le secteur de l’hydroélectricité et de simplifier les règles administratives sur le secteur éolien. Enfin, le Cler propose la création d’un tarif d’achat de l’électricité issue de la cogénération biomasse et de réévaluer celui dédié à l’électricité issue de la cogénération à base de biogaz.
Morgan Boëdec / Victoires éditions
Solaire : les professionnels au zénith
Le 5 avril, dans le cadre du colloque national sur le photovoltaïque, le Syndicat des énergies renouvelables (SER) a refait le point sur son Livre blanc des énergies renouvelables dévoilé il y a deux mois. Il comprend 12 propositions déclinées en 49 outils, et se présente sous la forme d’une feuille de route agrémentée de projections pour 2030. "Suivant la tendance actuelle, nous n’arriverons qu’à 18% d’énergies renouvelables dans le mix en 2020. L’objectif du Grenelle de 23% nous semble toujours réalisable et nous pouvons même le dépasser pour atteindre 25%", précise Jean-Louis Bal. Le président du SER table sur une croissance de toutes les filières, avec un effort plus particulièrement soutenu sur les énergies éolienne et photovoltaïque. D’ici 2030, le parc éolien terrestre devrait atteindre 40 GW. Côté solaire, le SER demande à inscrire 20 GW en 2020 dans la PPI, soit vingt fois la puissance photovoltaïque installée en 2010. Par ailleurs, il présente douze propositions, parmi lesquelles la suppression de la règle des cinq éoliennes minimum par parc, la simplification de la procédure pour réaliser des projets utilisant les énergies marines, la définition de zones propices au développement de l’hydroélectricité pour créer de nouveaux ouvrages et le doublement de la dotation du fonds chaleur renouvelable (actuellement 250 millions d'euros par an).
M. B. / Victoires éditions