Culture - Les musiques traditionnelles s'alarment du "désengagement massif" des collectivités

Secteur peu médiatisé, les musiques et danses traditionnelles n'en représentent pas moins une activité culturelle importante : plusieurs centaines d'associations et 10.000 acteurs impliqués, 2.230 représentations pour 417.000 spectateurs, 500 enseignants, 5.000 élèves en cours réguliers, 4.000 heures de stages, 100.000 heures d'enregistrement d'archives sonores, une vingtaine de structures pour gérer, mettre en ligne et valoriser ce patrimoine...

Des moyens en décroissance continue

Mais ce volet du patrimoine culturel se sent aujourd'hui sérieusement menacé. Dans une longue lettre à la ministre de la Culture et de la Communication, le président de la Fédération des associations de musiques et danses traditionnelles (FAMDT) souligne la "situation alarmante" de ce secteur et demande rendez-vous à Fleur Pellerin.
La Fédération fait notamment valoir que "les moyens - déjà très faibles en comparaison d'autres esthétiques musicales - accordés par le ministère à ces musiques n'ont cessé de décroître ces dernières années". Ceci s'est traduit en particulier par la fermeture de plusieurs "centres de musiques traditionnelles" (CMT) en régions (Paca, Languedoc-Roussillon et Corse) et par la "précarisation" d'autres centres (Rhône-Alpes, Ile-de-France, Limousin...), mais aussi par une stagnation des aides pour les scènes de diffusion et de création professionnelles (Le Nouveau Pavillon en Loire-Atlantique, le Chantier dans le Var...).
Selon le courrier adressé à Fleur Pellerin, le "Tour de France" opéré en 2013 et 2014 par le directeur de la FAMDT a également mis en évidence "un phénomène qui vient amplifier les difficultés : le désengagement massif des collectivités locales à l'égard des associations de musiques et danses traditionnelles". Le président de la Fédération dit ainsi ne plus compter "les baisses de subventions, les annulations ou suppressions de festivals, le déclin des aides allouées aux cours, stages et autres formations, la diminution des moyens accordés au patrimoine culturel immatériel musical et chorégraphique à l'échelon local et régional".

Une "égale dignité" pour toutes les formes de musique

La FAMDT estime que "cette situation dégradée n'est pas le seul fait des contraintes budgétaires. Elle est le fait des choix politiques opérés par les différents ministres de la Culture et par les élus locaux". Elle ne conteste pas la nécessité d'efforts budgétaires, mais constate "que cette rigueur ne s'applique pas de la même façon aux musiques classiques, comme le montre le budget de fonctionnement alloué par [le] ministère à la Philharmonie en 2015".
La FAMDT estime aussi que "les musiques et danses traditionnelles pratiquées aujourd'hui ici en France, qu'elles soient issues de cultures locales ou régionales ou bien de l'enrichissement apporté par l'immigration, ne sont pas reconnues dans leur égale dignité". Outre diverses mesures de soutien au secteur, elle en appelle donc au respect de la convention de l'Unesco sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles, signée en 2005 et ratifiée depuis lors par la France.