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Culture - Les musées nationaux invités à diversifier leurs ressources

Yann Gaillard, sénateur (UMP) de l'Aube, publie un rapport d'information - fait au nom de la commission des finances - intitulé "Les musées nationaux : quelles ressources pour quelles missions ?". Si les 41 musées nationaux relèvent par définition de l'Etat, ils jouent aussi un rôle important dans l'attractivité des territoires. La majorité d'entre eux se situent à Paris et en Ile-de-France - dont les plus prestigieux (Louvre, Orangerie, Orsay, Quai Branly, Guimet, musées Rodin et Picasso, musée national d'art moderne...) -, mais treize musées nationaux sont implantés en province (dont le MuCEM).

Un contexte favorable, mais des financements en baisse

Le rapport relève à la fois la diversité de statut de ces établissements - établissements publics administratifs (EPA) ou services à compétence nationale (SCN) - et leur succès croissant auprès du public. Leur fréquentation a en effet connu une hausse spectaculaire, puisque le nombre de visiteurs des "musées de France" - intitulé qui englobe 1.220 musées, dont 82% appartenant à des collectivités territoriales - est passé de 45,3 millions en 2005 à 59 millions en 2011. Curieusement, le rapport ne donne pas cette évolution pour les seuls musées nationaux, mais rappelle que leur fréquentation a atteint 28,4 millions de visiteurs en 2011, dont 18,4 millions d'entrées payantes et 10 millions d'entrées gratuites, soit 56% des entrées. Cinq musées nationaux dépassent le million d'entrées : le Louvre (8,7 millions), le domaine de Versailles (6,7), le Centre Pompidou (3,6), le musée d'Orsay (3,1) et le Quai Branly (1,5).
La contrepartie de ce succès réside dans un coût non négligeable - 264,67 millions d'euros en 2014 -, mais qui a tendance à se contracter sous l'effet de la rigueur budgétaire (la dotation initiale était de 277,2 millions d'euros en 2013).
Dans ce contexte - qui reste néanmoins plutôt favorable - les musées nationaux seraient également confrontés à plusieurs enjeux : la démocratisation culturelle et la diversification des publics, l'accueil des visiteurs dans de bonnes conditions, l'adaptation au numérique, ou encore la mise en oeuvre du récolement décennal. Or la réponse à ces différents enjeux suppose également des coûts budgétaires.

Treize propositions pour une meilleure gestion

Le rapporteur propose treize mesures à forte connotation budgétaire. Sept d'entre elles concernent le renforcement du recours aux instruments de pilotage et de gestion des musées nationaux. On y trouve en particulier l'introduction d'une comptabilité analytique - "qui permettrait notamment d'identifier les déficits ou les bénéfices associés aux expositions" -, la définition de priorités en matière immobilière et la fixation de pourcentage d'autofinancement sur les opérations correspondantes, ou encore l'élaboration de schémas directeurs des travaux des musées nationaux. Le rapport préconise aussi d'élaborer, avant la fin de l'année 2014, les contrats d'objectifs et de performance (COP) des établissements qui en sont dépourvus ou sont en cours de renouvellement et d'accompagner toute nomination d'un directeur par la production d'une lettre de mission.
Sur le financement des musées nationaux, la tendance doit être au renforcement des ressources propres et à la rationalisation des dépenses. Le rapport propose notamment de renforcer les ressources propres dans le cadre de la modernisation de l'action publique (MAP), de lancer un audit sur les "activités secondaires" des musées (afin de décider de leur évolution, voire de la suppression de certaines d'entre elles) et de moduler les subventions en fonction des résultats obtenus sur le récolement décennal.

Remettre en débat la gratuité

Mais le rapport propose surtout d'engager "une réflexion sur la politique tarifaire des musées et l'adaptation des conditions de la gratuité, qui analyserait dans quelle mesure une telle évolution serait susceptible ou non de remettre en cause l'objectif de démocratisation culturelle, et qui développerait des scenarios de stratégies tarifaires (modulations des tarifs en fonction de la fréquentation, en fonction des jours de la semaine et des heures de la journée par exemple)".
Enfin, le rapport suggère de formaliser les actions de coordination entre les différentes catégories de musées - afin d'éviter les doublons de programmation - et de développer les partenariats entre musées nationaux et musées de France, de façon à réaliser des économies d'échelle par la mutualisation de certaines fonctions.