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Les maraudes mixtes avec la protection de l'enfance étendues à 16 départements

Il s'agit, sur le modèle de ce qu'a mis en place la ville de Paris, de faire intervenir à la fois les associations, les services de l'État et ceux des départements pour repérer puis accompagner les familles sans domicile fixe.

Pas moins de trois ministres - Julien Denormandie, le ministre du Logement et de la Ville, Aurélien Taquet et Christelle Dubos, secrétaires d'État auprès d'Agnès Buzyn, chargés respectivement de la protection de l'enfance et de la lutte contre la pauvreté - annoncent l'extension à seize départements (*) du dispositif des "maraudes mixtes", associant aux acteurs traditionnels des maraudes (les associations intervenant auprès des personnes SDF) des éducateurs spécialisés de l'aide sociale à l'enfance (ASE). Cette annonce est intervenue à l'occasion d'une visite, le 29 mars, à l'Espace solidarité insertion familles (ESI), dans le IIe arrondissement de Paris.

Un dispositif lancé par la ville de Paris

Les maraudes mixtes reprennent le principe des "maraudes familles", lancées par la ville de Paris en 2015. L'objectif est de repérer les familles avec enfants vivant dans la rue - mais aussi en squat ou en bidonville -, afin de les orienter vers des centres de jour et des centres d'hébergement pour la nuit, mais surtout d'engager un accompagnement de plus long terme. À Paris, les familles sont orientées vers l'Espace solidarité insertion familles. Elles y sont alors prises en charge par deux associations : le Centre d'action sociale protestant (CASP) et l'Oeuvre de secours aux enfants (OSE).

Pour Dominique Versini, adjointe à la maire de Paris en charge des solidarités (et ancienne directrice générale du Samu social et secrétaire d'État chargée de la lutte contre la précarité et l'exclusion dans le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin), interrogée par Le Parisien, "nous avons une méthode sociale et humaniste, avec une priorité portée au respect des droits fondamentaux des enfants. C'est leur intérêt qui prime". La prise en charge et l'orientation se font sur une base volontaire. Néanmoins, en cas de refus, les équipes de l'aide sociale à l'enfance peuvent procéder à un signalement s'ils estiment que la sécurité des enfants est menacée.

Une enveloppe de 10 millions d'euros pour déployer 50 équipes mixtes

Pour les trois ministres, ces maraudes mixtes présentent l'avantage de faire intervenir à la fois les associations "pour leur connaissance du terrain et leur lien avec les familles sur le terrain", les services de l’État "pour les compétences de logement et d’hébergement, de scolarisation et de veille sociale" et les services des départements "pour les compétences d’action sociale et de protection de l’enfance".

L'État va investir dix millions d'euros pour contribuer à la mise en place de cinquante "équipes de maraude interdisciplinaires" dans les seize départements retenus. Ce déploiement intervient dans le cadre de la stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté, par le biais les conventions signées entre l’État et les conseils départementaux ou les métropoles dans le cas de Lyon (voir notre article ci-dessous du 21 février 2019).

On relèvera, sans que cela ne remette en cause l'intérêt du dispositif, tant la situation est évolutive, que lors de la seconde Nuit de la solidarité à Paris, le 7 février, le décompte des personnes SDF effectué cette nuit-là par les associations et les bénévoles dans les rues de la capitale n'avait dénombré aucun mineur parmi les 2.232 personnes recensées (voir notre article ci-dessous du 19 mars 2019).

(*) Bouches-du-Rhône, Calvados, Haute-Garonne, Gironde, Hérault, Ille-et-Vilaine, Isère, Loire-Atlantique, Nord, Paris, Pyrénées-Orientales, Métropole de Lyon, Essonne, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne, et Val-d’Oise.