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Hébergement - Le Baromètre estival du 115 montre une forte dégradation de l'hébergement d'urgence

La Fédération des acteurs de la solidarité (FAS, ex-Fnars) publie l'édition d'été de son "Baromètre du 115". Celle-ci synthétise les demandes et les réponses adressées au numéro d'urgence entre le 10 juin et le 10 juillet 2017, dans les 41 départements de l'échantillon. Ses résultats confirment que l'été constitue une période aussi difficile que l'hiver en matière d'hébergement d'urgence. Pour la FSA, "cette année encore, le période estivale se caractérise par une dégradation de la prise en charge des personnes sans domicile". Les demandes adressées au 115 sont même en hausse de 11% par rapport au mois de janvier 2017, autrement dit au plus fort de la mobilisation hivernale.

Les demandes d'hébergement en hausse de près d'un tiers

Entre le 10 juin et le 10 juillet 2017, le 115 a ainsi reçu plus de 92.500 demandes d'hébergement dans les 41 départements de l'échantillon, effectuées par 20.845 personnes différentes. Ces sollicitations sont en forte hausse par rapport à l'été 2016 : +32% pour le nombre de demandes et +17% pour le nombre de personnes différentes. Parmi ces dernières, les catégories en plus forte progression sont les couples sans enfant (+26%), les familles (+23%), les femmes seules (+14%) et les hommes seuls (+10%). Par ailleurs - et même si leur part dans le total reste marginale (moins de 1%) - le nombre de mineurs non accompagnés a presque quadruplé en un an.
En termes géographiques, des départements comme le Jura et les Alpes-Maritimes font face à un triplement des demandes, tandis que celles-ci augmentent de 52% en Gironde, de 29% dans les Bouches-du-Rhône...

Le recours à l'hôtel continue de progresser

Face à cette progression rapide des demandes, la FSA pointe une "détérioration des conditions d'hébergement". Ainsi, seules 37% des demandes formulées au cours de la période ont donné lieu à un hébergement. Si le taux d'hébergement reste à peu près stable, les conditions de ce dernier se dégradent. Les hébergements en structures hivernales (dispositifs d'hiver provisoires maintenus) et en hôtel passent ainsi de 45% à 75% du total. Malgré le plan de réduction des nuitées hôtelières, 21 départements sur 41 enregistrent une augmentation du recours à l'hôtel. Celui-ci représente désormais 34% des attributions d'hébergement d'urgence, contre 26,5% un an plus tôt. Difficile de ne pas y voir un échec du plan de réduction...
A la détérioration de l'offre s'ajoute "la discontinuité de la réponse", contraignant les personnes à renouveler quotidiennement leur demande d'hébergement. Les séjours d'une nuit sont ainsi passés, en un an, de 44% à 52% du total des attributions.
Enfin, le baromètre relève une progression de 10% du nombre de personnes jamais hébergées entre le 10 juin et le 10 juillet, malgré leurs demandes. Elles représentent plus de la moitié des demandeurs sur la période considérée (10.632 sur 20.845).

Les demandes des familles en hausse de 39% sur Paris

Le Baromètre du 115 propose également trois brefs focus. Le premier concerne les demandes d'hébergement émanant de jeunes de 18 à 24 ans, en hausse de 17% sur un an (49% d'hommes isolés, 17% de femmes seules, 23% en familles et 9% en couples sans enfant).
Le second focus porte sur l'hôtel comme offre principale d'hébergement pour les familles (48% du public total en attente d'hébergement). Lorsqu'elles sont hébergées (48% d'entre elles ne l'ont jamais été au cours de la période malgré leurs demandes), les familles se voient orientées à 60% vers une solution hôtelière.
Enfin, le dernier focus porte sur le 115 de Paris, qui a enregistré 26.591 demandes (+9%) sur la période considérée. La hausse concerne tous les publics, sauf les hommes isolés dont les sollicitations diminuent de 16%. La progression la plus importante concerne les familles, dont les demandes augmentent de 39% sur un an, représentant désormais près de la moitié du total. Pour sa part, le taux d'hébergement sur la période est de 32% des demandes, en recul de 9%. La combinaison entre la hausse du nombre de demandes et la diminution des réponses positives aboutit à une hausse de 25% sur un an du nombre de demandes non pourvues faute de places disponibles.