Emploi - Les maisons de l'emploi expriment "leur colère" face au choix du gouvernement
A l'occasion des journées nationales des maisons de l'emploi et des plans locaux pour l'insertion et l'emploi (Plie) organisées par l'Alliance Villes Emploi (AVE) les 28 et 29 novembre 2013, la DGEFP (délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle) a donné des précisions sur ce qu'elle compte faire des maisons de l'emploi.
Les responsables de ces structures sont actuellement vent debout contre la baisse annoncée pour 2014 du financement de l'Etat. Dans le projet de loi de finances 2014, le budget des maisons de l'emploi est fixé à 26 millions d'euros, auxquels vont s'ajouter, grâce à un amendement adopté le 7 novembre, une somme de 10 millions d'euros, issus des crédits de la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC), qui doivent être réservés aux actions dans ce domaine. Cette réduction du budget fait suite à une baisse continue du budget de ces structures au fil des années. "Nous sommes passés de 82,2 millions d'euros versés par l'Etat en 2010 à 26 millions d'euros, plus 10 millions en 2014. Nous avons perdu 50% de nos crédits", a ainsi signalé Marie-Pierre Establie d'Argencé, la déléguée générale de l'AVE.
Mais cette coupe budgétaire est totalement assumée par l'Etat. "Nous faisons la différence entre les actions directes au service des personnes en difficulté et ce qui relève de la coordination des acteurs, c'est-à-dire les maisons de l'emploi qui ne font plus d'accompagnement et qui fournissent principalement des services aux acteurs qui eux accompagnent les publics", a ainsi expliqué Emmanuelle Wargon, déléguée générale à l'emploi et à la formation professionnelle.
Dans cet esprit, le nouveau cahier des charges des maisons de l'emploi, qui doit être établi en 2014, va retenir deux axes principaux : la promotion et le développement de l'emploi, avec notamment le travail sur les clauses sociales, et la GPEC.
La colère des élus et des équipes des maisons de l'emploi
Autre volonté : faire le tri entre les maisons de l'emploi qui fonctionnent bien et celles qui posent problème ou qui ne disposent pas d'une taille suffisante. "Nous n'allons pas traiter les maisons de l'emploi de la même manière, a détaillé Emmanuelle Wargon, dans certains cas, elles n'atteignent pas la taille critique nécessaire, et dans ces cas-là, il faudra procéder à des rapprochements."
Les explications de la DGEFP n'ont pas convaincu les équipes des maisons de l'emploi. "Je ne sais pas comment exprimer la colère des élus et des équipes des maisons de l'emploi", a ainsi signalé Gwenaëlle Hamon, présidente de la maison de l'emploi et du Plie du Pays de Rennes, et présidente déléguée de l'AVE, qui regrette notamment que le ministère n'ait pas accepté leur proposition de construire une véritable évaluation des maisons de l'emploi, avec des critères identifiés. "Nous en avons assez d'entendre dire que certaines maisons de l'emploi fonctionnent bien et d'autres mal. Aujourd'hui, nous sommes bien incapables de déterminer le top 10, ou 20 ou 50 des maisons de l'emploi ! Et le ministre ne demande cette évaluation à aucune autre structure", a-t-elle ainsi signalé. Pour Michel Bernard, président de la maison de l'emploi d'Evry-Corbeil-Essonnes, président délégué de l'AVE, "on met le système à l'envers", en tentant de remettre à plat le système, pour redéfinir le cahier des charges des maisons de l'emploi, tout en prenant des décisions dès maintenant sur le budget 2014, "qui disent ce que seront les maisons de l'emploi dans le futur".
Le risque principal de la baisse des financements réside dans la disparition de certaines d'entre elles. Actuellement, on compte 188 maisons de l'emploi, dont 186 sont labellisées. Elles couvrent 15.314 communes et une population de 24 millions d'habitants.