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Emploi - La GTEC peine à se mettre en place

La gestion territoriale des emplois et des compétences (GTEC) a encore du mal à s'imposer, selon une étude de l'Apec. Le foisonnement d'acteurs et le manque de coordination des actions n'arrangent rien. Selon l'Apec, la future loi de décentralisation pourrait donner une nouvelle impulsion au dispositif, par le biais des régions.

La gestion territoriale des emplois et des compétences (GTEC) a encore du mal à se mettre en place. C'est ce qu'indique l'Apec, dans une étude publiée fin mars 2013. Ce type de gestion s'est imposé durant les dix dernières années pour répondre aux restructurations d'entreprises localisées sur une même zone géographique. Son objectif : anticiper les évolutions structurelles des secteurs d'activité d'un territoire cible, orienter les politiques de formation professionnelle vers des métiers et des compétences en adéquation avec les besoins des entreprises. Une belle ambition, impulsée d'abord par la loi du 18 janvier 2005 de cohésion sociale, et ensuite complétée par d'autres textes (accord national interprofessionnel du 14 novembre 2008, circulaire de juin 2010 de la DGEFP, et plus récemment la circulaire du 1er avril 2011 de la DGEFP, qui met en cohérence les différents outils disponibles).
Mais ce travail d'anticipation n'est pas simple à mettre en oeuvre. Les obstacles sont nombreux. L'étude pointe un foisonnement d'acteurs et un manque de coordination des actions : "Il n'y a pas aujourd'hui de réponse commune concernant la coordination des actions." Le porteur peut être une maison de l'emploi, un organisme paritaire collecteur agréé (Opca), un pôle de compétitivité ou d'autres regroupements d'entreprises (grappes d'entreprises, clusters régionaux, groupements d'employeurs…), une branche professionnelle, une chambre de commerce et d'industrie, un comité de bassin d'emploi (CBE)…
Seule précision donnée en la matière, par la loi de réforme du service public de l'emploi du 13 février 2008 : l'apport des maisons de l'emploi en matière de développement de la gestion territorialisée des ressources humaines. La GTEC est ainsi inscrite dans le cahier des charges des maisons de l'emploi. Celles-ci se sont d'ailleurs positionnées comme une structure légitime pour piloter des projets de GTEC.
Les pôles de compétitivité se sont eux aussi appropriés la prospective en matière d'emploi et de formation pour accompagner leurs entreprises adhérentes dans leur stratégie d'innovation. Mais "les 71 pôles labellisés aujourd'hui s'inscrivent dans un paysage complexe de l'intervention territoriale, marqué par l'émergence de la politique de grappes d'entreprises, initiée en 2010, et la coexistence avec les politiques régionales de clusters, et autres associations de regroupements d'entreprises, autant d'organisations qui peuvent compliquer la lecture du rôle de chacun", détaille l'Apec, qui estime que la future loi de décentralisation pourrait donner aux régions un nouveau positionnement en matière de GTEC, celles-ci étant investies de nouvelles compétences en matière d'emploi et de formation.

Des dispositifs d'action collective testés en Pays de la Loire, Picardie et Nord-Pas-de-Calais

Autre obstacle de la GTEC : la nécessité de convaincre les entreprises du bien-fondé de ce type de démarches et d'agir préventivement, sans attendre d'éventuelles difficultés économiques et sociales du territoire. "Les entreprises peuvent refuser de partager des informations sur leurs orientations en ressources humaines pour des raisons concurrentielles ou politiques", explique l'étude.
D'autres obstacles sont identifiés comme la conjoncture économique, qui empêche d'avoir de la visibilité sur l'activité des entreprises, la fragilité structurelle du tissu économique local, ou encore les divergences d'intérêt qui peuvent apparaître entre les organisations ou acteurs de l'emploi et de la formation partenaires. Enfin, l'évaluation est difficile dans ce domaine. "La diversité des acteurs potentiels pour les évaluations (conseils régionaux, Pôle emploi, Opca, services de l'Etat…) multiplie les indicateurs et donc les sources d'information." Difficile donc d'avoir des données globales.
Mais des outils d'action collective, développés dans certains territoires dans l'industrie, ont montré leur efficacité. Ces dispositifs sont axés sur les résultats opérationnels et sur une durée déterminée (en général moins d'un an). Une méthode qui permet à l'entreprise de voir rapidement dans quelle mesure le projet va lui permettre de gagner en compétitivité. "Ce sont d'abord les régions et l'Etat qui manifestent un intérêt pour ce type de dispositifs, précise l'Apec, car ils y voient une réponse aux enjeux de compétitivité des entreprises de l'industrie. "Dinamic Entreprise" fait partie de ces dispositifs d'action collective. Il a été déployé dans les Pays de la Loire, en Picardie ou encore en Nord-Pas-de-Calais, avec l'appui des CCI. Il comprend plusieurs étapes (définition de l'axe de développement le plus pertinent pour l'entreprise, définition des forces et faiblesses actuelles et futures de l'entreprise, mise en place d'actions collectives, mesure du résultat), le tout sur une durée de neuf mois.