Attractivité - "Les lignes Maginot sont inefficaces contre les effets de la mondialisation"
En pleine polémique sur la TVA sociale, un rapport sénatorial présenté le 27 juin dresse la panoplie des actions que la France doit mener pour affronter les risques liés à la mondialisation. "Les lignes Maginot sont inefficaces et sont faites pour être contournées", a déclaré à cette occasion Philippe Marini, président de la mission commune d'information qui a conduit ce travail à la suite des remous causés par l'affaire Arcelor-Mittal en 2006 et des débats sur le "patriotisme économique" qui ont suivi. Après avoir puisé dans les recettes des pays nordiques, les sénateurs en appellent au contraire à un renforcement de l'attractivité des territoires français. Celui-ci doit passer par ce qu'ils baptisent la "bataille des centres de décision". Premier constat : la situation de la France est fragile mais loin d'être alarmante. Une étude que la mission a confié au cabinet Ernst & Young montre qu'elle se situe au deuxième rang européen pour le nombre de centres de décision parmi le "top 2.000" des entreprises les plus importantes du classement Forbes : avec 67 sièges, la France est encore loin derrière le Royaume-Uni (125) mais devant l'Allemagne (58). Pour autant, le pays peine à faire émerger de nouveaux champions dans les secteurs d'avenir. Parmi les 29 propositions du rapport, au moins deux devraient largement occuper la scène médiatique dans les prochains jours : la réforme des universités et la TVA sociale. "Il faut internationaliser la recherche et les universités en prenant soin de développer des synergies autour des pôles de compétitivité", a insisté le rapporteur Christian Gaudin.
"Equation extravagante"
L'autre cheval de bataille des sénateurs est la baisse des charges patronales. Ils encouragent à expérimenter la TVA sociale pour "mieux répartir entre produits nationaux et produits importés le poids de la protection sociale et renforcer les compétitivités économiques". Une proposition qui, sans surprise, n'est pas du goût du groupe socialiste jugeant l'équation "extravagante". "Le rapport dit que ce serait la meilleure et la seule solution, la pensée unique n'existe pas que d'un côté, d'autres pistes telles que la CSG peuvent être explorées, celle-ci a l'avantage d'être universelle et juste", a indiqué la socialiste Nicole Bricq qui invite à s'inspirer du mouvement de relocalisation observé aux Etats-Unis
Majorité et opposition se sont néanmoins retrouvées sur la plupart des autres points et notamment pour critiquer "la prééminence donnée par la Commission européenne aux règles de la concurrence sur tout autre impératif économique". Le rapport préconise d'aménager cette politique pour permettre l'émergence de "champions européens" et promouvoir les programmes coordonnés dans les domaines de haute technologie.
Curieusement, alors que les régions accentuent leur intervention économique, le rapport reste muet sur leur rôle. Et s'il vante les mérites de l'Etat actionnaire, il ne contient rien sur la proposition récente des régions d'entrer dans le capital des grands groupes, à l'image des Länder allemands. "L'idée est intéressante mais nécessiterait une modification législative, elle pourrait néanmoins constituer une avancée", a simplement concédé Christian Gaudin.
Michel Tendil
Référence : rapport d'information de M. Christian Gaudin, "La bataille des centres de décision : promouvoir la souveraineté économique de la France à l'heure de la mondialisation" (tome I - tome II ).