Economie - Les grandes villes concentrent près de 50% de la richesse nationale
En plein débat sur l'optimisation de la répartition des ressources publiques, une étude du cabinet VCA pour l'Association des maires de grandes villes de France (AMGVF) apporte un éclairage nouveau sur la richesse produite en France. Cette étude sur "le rôle économique des grandes villes et grandes agglomérations", présentée mercredi 11 janvier par le président de l'AMGVF, Michel Destot, montre tout d'abord que 50% de la valeur ajoutée du pays est concentrée dans les grandes agglomérations. Un résultat qui ne surprendra personne, mais c'est la première fois que cette donnée est établie avec précision. En effet, jusqu'ici, les seules données disponibles étaient celles des PIB régionaux diffusés par l'Insee. Mais les simulations effectuées mi-2010 par Bercy dans le cadre de la réforme de la taxe professionnelle sur le rendement de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) ont permis de fournir de nouveaux indicateurs : la valeur ajoutée des régions, départements et communautés.
Avec cette méthode, on constate par exemple que Clermont-Ferrand concentre plus de 50% de la valeur ajoutée de son département et un tiers de celle de sa région (12,4 milliards d'euros sur 33,1 milliards). En moyenne, les grandes villes participent à 42% de la valeur ajoutée régionale et 51% de la valeur ajoutée départementale. Pour l'AMGVF, ce résultat implique une lourde responsabilité : "Assurer un développement vital pour l'ensemble de l'économie nationale, et participer au processus de répartition de la valeur créée."
Redistribution
Mais, et c'est là le deuxième enseignement important de l'étude, il n'y a pas de corrélation entre la richesse produite par un territoire et les revenus de ses habitants.
Les travaux de l'économiste Laurent Davezies sur "l'économie résidentielle" ont déjà montré que l'enjeu du développement territorial n'était pas forcément de produire plus de richesse mais de mieux la capter. L'étude de VCA, réalisée en partenariat avec la Caisse d'épargne, aboutit au même constat. Sur un échantillon de 11 agglomérations, les revenus par habitants sont resserrés entre 10.000 et 12.000 euros. C'est bien moins que la valeur ajoutée par habitant qui s'échelonne, elle, entre 10.000 et 55.000 euros, ce qui implique des transferts importants au sein du territoire. Explication : "La richesse créée dans les grandes villes ne reste pas dans les territoires émetteurs, elle se diffuse dans les zones limitrophes et au niveau national vers les zones réceptrices." D'importants flux de redistribution sont donc à l'oeuvre (impôts sur le revenu et fiscalité locale). Illustration avec la communauté urbaine de Strasbourg dont la population représente 43% de celle du Bas-Rhin, mais qui contribue à 54% de l'ensemble de la fiscalité locale du département.
De manière générale, la "surimposition" des ménages des grandes villes est de l'ordre de 15% par rapport au reste de la population. La moitié de leurs cotisations bénéficient à des territoires extérieurs. A l'heure de la remise à plat de la péréquation, l'étude montre ainsi un niveau de transferts importants et met en garde contre la tentation de vouloir faire payer les plus gros. "Il est tentant d'accroître les transferts et d'oeuvrer vers de nouvelles péréquations territoriales", souligne l'étude. Mais attention à ne pas trop charger la barque. "Ces enseignements illustrent la nécessité de trouver un équilibre entre une production économique qui doit rester dynamique et la redistribution territoriale des richesses", insiste l'AMGVF dans un communiqué. Le tout est de savoir où placer le curseur.
La prochaine Conférence des villes (le rendez-vous annuel des grandes villes) se tiendra le 19 septembre. Elle aura justement pour thème la relation entre croissance, territoires et solidarités.