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Grenelle de l'environnement - Les deux premières tables rondes dessinent des mesures concrètes pour les transports et les bâtiments publics

"La révolution verte a franchi la ligne de départ, reste à ce qu'elle tienne le rythme", a déclaré Yannick Jadot, de Greenpeace à l'issue de la table ronde finale n°1 du Grenelle de l'environnement, qui était consacrée le 24 octobre à la lutte contre le changement climatique. "Les participants se sont accordés sur l'ampleur des mesures à déployer pour réduire la consommation d'énergie et les émissions polluantes dans les transports et les bâtiments", a pour sa part précisé Jean-Louis Borloo, ministre de l'Ecologie, de l'Aménagement et du Développement durables.
Sur le fond, de grandes orientations ont été actées côté transports. Ainsi, 4 milliards d'euros ont été promis pour remettre à un niveau digne le réseau de transports collectifs. "L'origine de son financement reste un mystère, pas question qu'il repose pour autant sur le dos des collectivités", a pointé Jean-Jack Queyranne, président du conseil régional Rhône-Alpes. Au nom de l'Association des régions de France (ARF), il s'est par ailleurs dit satisfait de la teneur des décisions prises. Un effort d'investissement de 16 milliards d'euros de la part de l'Etat - sur un budget global de 70 milliards d'euros - est concédé pour créer 2.000 kilomètres de lignes de TGV supplémentaires d'ici 2020. La construction de 1.200 km de lignes de tramway supplémentaires a été actée, pour un investissement estimé à 17 milliards d'euros, dont 4 milliards assumés par l'Etat.
"On entre enfin dans l'ère des mécanismes vertueux : l'écopastille et le bonus-malus calculé en fonction du degré de pollution de la voiture a dégagé un consensus, et l'écoredevance sur les poids-lourds imposée par la directive Eurovignette aussi. Mais on s'interroge sur les moyens législatifs et financiers qui seront mis en oeuvre pour atteindre ces objectifs", tempère Didier Jouve de l'ARF. En sachant que l'écoredevance poids-lourds ne sera appliquée qu'en dehors du réseau autoroutes. Et que l'abaissement de la limitation de vitesse, une mesure simple et fortement attendue par des associations d'usagers comme la Fnaut, n'a pas été retenu.
Le développement d'autoroutes ferroviaires a été abordé. Le ministre de l'Ecologie a évoqué la construction de deux lignes nord / sud-ouest et nord / sud-est dans les cinq ans à venir.
Côté bâtiment, Jean-Louis Borloo a annoncé que les logements neufs ne consommeront pas plus de 80 kWh par an et m2 d'ici 2010. En 2012, ce seuil passera à 50kwh. La multiplication de prêts bonifiés incitera le particulier aux économies d'énergie. S'agissant des bâtiments publics, le périmètre du chantier de rénovation thermique sur lequel se sont accordés les participants vise 360 millions de m2 de bâtiments. L'idée d'y augmenter la part d'énergies renouvelables (ENR) a fait consensus, même si les représentants des collectivités locales ont émis certains doutes suite au retard cumulé par la France en la matière. Toutefois, Jean-Louis Borloo promet que les crédits de recherche sur les ENR seront mis à parité avec ceux de la recherche sur le nucléaire civil. Soit 500 millions d'euros par an. Dès 2008, les bâtiments publics devront engager un audit énergétique de leur parc immobilier.
En termes de cohésion des politiques publiques, les représentants des régions ont réclamé une réorientation des recettes fiscales à leur profit, notamment les versements transports actuellement gérés par les agglomérations, ainsi que les recettes provenant des futures écotaxes qu'il reste à mettre en place. Les régions ont aussi rappelé que, dans le cadre de la lutte contre l'étalement urbain, elles tenaient à préserver les terres agricoles restées saines sur leur territoire. Enfin, elles ont défendu la généralisation de plans climats régionaux qui, comme le conclut Didier Jouve, "constitueront à terme la pierre angulaire dans la pyramide des documents d'aménagement prescriptifs".

 

Morgan Boëdec / Victoires éditions