Elections - Les détracteurs des machines à voter ciblent Issy-les-Moulineaux
La ville d'Issy-les-Moulineaux (92) a bâti sa réputation sur l'usage des nouvelles technologies. Il n'est donc guère étonnant que ce soit également à cause des technologies que la municipalité du député-maire André Santini se retrouve actuellement mise en cause. Dans la ville symbole des TIC, les électeurs devraient accomplir leur devoir sur 45 machines à voter ES&S iVotronic, réparties dans ses 38 bureaux de votes, le 22 avril prochain. Le tribunal administratif de Versailles a rendu son ordonnance en référé, le 17 avril. Le juge y rejette les demandes de suspension des machines à voter considérant les motifs des plaignants comme insuffisants à "caractériser une atteinte grave à la liberté fondamentale que constitue l'exercice du droit de suffrage". Peu de temps auparavant, les nouveaux ordinateurs iVotronic, qui n'avaient effectivement pas pu être agréés par le ministère de l'Intérieur, ont été remplacés par leur fabricant, ES&S. "C'est une tempête dans un verre d'eau", estime Eric Legale, directeur de la SEM Issy média. "Le prestataire a cru bien faire en livrant des machines plus évoluées que celles commandées. La seule différence notable était de permettre au président du bureau de vote, la validation des enregistrements des suffrages en restant assis grâce à un boîtier déporté. Cette modification avait été demandée suite à des considérations pratiques résultant de précédentes expérimentations à Saint-Malo, lors du référendum sur la constitution européenne. L'agrément en avait été demandé au ministère de l'Intérieur qui n'a pu y accéder, faute de temps, avant le premier tour de l'élection présidentielle", détaille le directeur. "Il est facile de surfer sur ce sujet, en cette période électorale, car l'argumentaire des opposants aux machines à voter repose sur la peur", se résigne Eric Legale. 1,5 million d'électeurs sont appelés à remplir leur devoir sur des machines à voter dimanche, lors du premier tour des présidentielles, dans 82 villes (dont Brest, Le Mans, Mulhouse, Amiens...). Les arguments bien connus des pro-machines à voter (facilité du dépouillement, accessibilité pour les handicapés...) et des antis (impossibilité du recomptage des bulletins, possible manque d'anonymat...) s'affrontent régulièrement depuis plusieurs années, sans aboutir à un quelconque consensus ou moratoire.
Luc Derriano / EVS