Education - Les communes largement investies dans les Tice

A la veille de son congrès consacré cette année aux Tice, l'Andev a fait réaliser une enquête montrant notamment que l'accès à internet est quasiment généralisé dans les écoles primaires... mais que beaucoup de dossiers restent délicats, dont celui de la "base élèves".

"Les communes ont globalement et rapidement pris en charge l'équipement informatique des écoles", constate Claudine Paillard, présidente de  l'Association nationale des directeurs de l'éducation des villes de France (Andev), à l'approche du congrès 2008 de l'association, organisé du 3 au 5 décembre à Limoges. Une édition 2008 que l'Andev a choisi de consacrer aux "villes, éducation et Tice" (technologies de l'information et de la communication pour l'éducation). L'Andev, en partenariat avec Sodexo, présentera à cette occasion un bilan des politiques locales dans le domaine des Tice, grâce aux résultats d'une enquête réalisée en juin et juillet derniers par la société JCA Développement auprès des représentants de l'éducation de 114 communes (sur un total de 298 collectivités locales représentées au sein de l'association).
Du point de vue des villes, l'actualité éducative se focalise - on a pu le constater la semaine dernière lors du Congrès des maires - sur le service minimum d'accueil. Jacques Pélissard, président de l'AMF, doit d'ailleurs être reçu à ce sujet par le ministre de l'Education nationale ce mardi 2 décembre. Mais qu'il s'agisse de service minimum, de suppression du samedi matin ou d'autres sujets chauds du moment, la question qui fâche est bien celle des relations entre la commune et l'Education nationale... que l'on retrouve très naturellement dès qu'il s'agit des Tice : "La problématique des Tice se trouve en effet au cœur de la question des compétences croisées entre l'Etat et les collectivités locales", explique Claudine Paillard.
Le sujet a également trouvé une nouvelle actualité il y a quelques jours avec l'annonce par Xavier Darcos, sur le salon de l'Education, d'une "enveloppe exceptionnelle, afin d'accélérer le développement des usages des nouvelles technologies dans les écoles primaires".

Les communes financent massivement

Les élus locaux seraient dans leur grande majorité convaincus de l'intérêt d'équiper les écoles : seuls 13% des directeurs d'éducation estiment que leurs élus restent à persuader dans ce domaine. Quasiment toutes les écoles élémentaires offrent un accès à internet : 94% des responsables de l'éducation ayant participé à l'enquête déclarent que cette situation prévaut dans leur commune. De même, les communes financent "massivement" les ordinateurs et imprimantes et les réseaux et accès à internet haut débit, révèle l'enquête : 90% des communes des répondants assurent un tel financement. "L'effort financier des communes pour permettre aux établissements d'enseignement du premier degré de s'équiper en Tice est rarement souligné au plan national par le ministère de l'Education. Un peu curieusement d'ailleurs, puisque le ministre de l'Education a fixé aux écoles le soin de rattraper la moyenne européenne en matière d'équipement informatique (un ordinateur pour 10,5 élèves), mais sans mentionner les leviers", commente la société JCA Développement.
Dans presque la moitié des communes (46%) c'est exclusivement le personnel communal qui assure la maintenance informatique, tandis que moins d'un tiers d'entre elles (28%) font appel à  des prestataires privés. "L'intensité du recours aux prestataires privés pour la maintenance informatique est proportionnellement inverse à la taille de la commune", constate l'étude. Et celle-ci de préciser également que Windows s'impose (selon 78% des responsables de l'éducation répondants) comme le système d'exploitation le plus courant. Pour 16% des responsables de l'éducation, leur commune a opté pour un système libre (ex. Linux).

Les fichiers pour la gestion des élèves

L'enquête fournit un éclairage détaillé sur un autre point sensible et contesté par plusieurs associations : la base élèves. 46% des communes répondantes disposent d'un fichier informatisé des élèves. Un quart de ces communes ont établi elles-mêmes leurs propres fichiers. Seuls 16% des répondants indiquent que leur commune a développé un fichier à partir d'une base élaborée par le ministère de l'Education nationale. "Il convient de souligner le taux très faible de satisfaction (17% des répondants) pour les communes dont le fichier des élèves est construit à partir d'une base fournie par l'Education nationale". Selon les enquêteurs, ce résultat repose sur deux visions différentes des besoins en matière de fichiers : "alors que le service de l'éducation aura recours à ce fichier pour l'organisation de la demi-pension ou des études surveillées, de tels besoins n'entrent pas dans le champ de préoccupation de l'Education nationale, qui va se concentrer sur les aspects pédagogiques (ex. notes des élèves aux devoirs)". 60% des responsables éducation interrogés envisagent, dans les prochains 24 mois, de bâtir leur propre base (ou de recourir à un prestataire extérieur pour le faire) puis organiser une interface avec celle du ministère. Ils expliquent en effet que leurs communes atteindraient "rapidement les limites de la base du ministère, faute de pouvoir y intégrer [leurs] besoins spécifiques".
Autre constat : "des conventions entre collectivités locales et inspections d'académies devraient être développées afin de garantir que les efforts des uns ne soient pas inutiles, du fait de l'attentisme des autres, et que l'on n'assiste plus à l'habituel rejet des responsabilités du relatif 'échec' du développement des Tice dans le premier degré sur l'un ou l'autre des acteurs", estime Claudine Paillard. En effet, dans plus d'une commune sur deux, on constate l'absence de toute convention Tice signée avec l'Education nationale. 57% des répondants indiquent que leur commune n'a pas mis en œuvre à ce jour ce type d'accord, le taux atteignant 83% pour les communes en tissu rural.

 

Catherine Ficat


L'équipement des ZEP

 

Pour les deux tiers des communes des responsables de l'éducation, l'équipement en ordinateurs (65%) et tableaux blanc interactifs (69%) des écoles classées en zone d'éducation prioritaire (ZEP) obéit aux mêmes règles que les autres établissements du premier degré. Il est donc assez peu prioritaire. L'enquête de l'Andev montre que "l'approche en l'espèce n'est pas quantitative". Les moyens sont concentrés sur les équipes et l'encadrement pédagogique, plutôt que sur les équipements matériels.
"En creux, on comprend que les performances scolaires et la réussite éducative ne sont pas strictement corrélées au niveau et à la qualité des équipements matériels dont peuvent être dotées les écoles".