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Conférence de Copenhague - Les collectivités font cause commune pour le climat

Toutes unies pour Copenhague : à moins d'une semaine de l'ouverture de la conférence des Nations unies sur le changement climatique, qui se tiendra jusqu'au 18 décembre dans la capitale danoise, les collectivités territoriales françaises ont présenté ce 1er décembre à la mairie de Paris une déclaration commune appelant les gouvernements à s'entendre sur des objectifs ambitieux de lutte contre le changement climatique et à reconnaître le rôle des acteurs locaux en la matière. Signée par huit associations représentant tous les niveaux de collectivités (1), cette déclaration s'inscrit dans le cadre de la démarche entreprise par les organisations internationales de pouvoirs locaux et régionaux comme Cités et Gouvernements locaux unis (CGLU) qui représentent plus de la moitié de la population mondiale.

 

Un lobbying intense

"Le protocole de Kyoto était centré sur les Etats et les entreprises et ne mentionnait pas les collectivités, a rappelé Ronan Dantec, vice-président de Nantes Métropole et président de la commission environnement et développement durable de l'Association française du Conseil des communes et régions d'Europe (AFCCRE). Depuis la conférence de Bali il y a deux ans les représentants des collectivités ont mené un lobbying intense pour que leur rôle soit reconnu dans le texte final de Copenhague. C'est un enjeu essentiel non seulement pour donner un signe de mobilisation à l'ensemble des collectivités dans le monde mais aussi pour ouvrir la porte à d'autres niveaux de négociations après Copenhague sur l'accès à de nouveaux financements et sur l'élaboration de lois à l'échelle européenne."

La déclaration commune des associations françaises de collectivités territoriales insiste sur les compétences des acteurs locaux et régionaux dans la lutte contre le changement climatique : maîtrise des consommations d'énergie, efficacité énergétique, promotion des économies d'énergie et développement des énergies renouvelables, urbanisme, politiques de logements, organisation des modes de déplacement des habitants et mise en service de transports en commun moins polluants, gestion des déchets, protection des espaces naturels et de la biodiversité.

"Les collectivités locales représentent 75% des investissements publics en France. Qui mieux que les représentants locaux sont mieux placés pour demander aux citoyens de partager les efforts sur le défi climatique ?", a demandé Michel Destot, député-maire de Grenoble et président de l'Association des maires des grandes villes de France (AMGVF). "Si nous voulons que des accords soient bien appliqués, il est nécessaire d'y associer ceux qui aménagent les territoires", a estimé de son côté Didier Jouve, vice-président du conseil régional de Rhône-Alpes et président de la commission développement durable de l'Association des régions de France (ARF). "Si nous agissons, nous pouvons enrayer le réchauffement climatique", a affirmé Anne Hidalgo, première adjointe au maire de Paris. Pour preuve, a-t-elle estimé, le plan Climat adopté par la capitale devrait permettre de baisser de deux degrés la température moyenne dans la métropole.
"Nous sommes des prescripteurs de modes de vie et pouvons apporter la moitié de la solution au problème climatique", a résumé Eric Quiquet, vice-président de Lille Métropole et co-animateur de la commission "stratégies de développement durable" de l'Assemblée des communautés urbaines de France (Acuf).

 

Trois grands engagements

Par conséquent, "le rôle essentiel des élus locaux et régionaux doit être reconnu et leur action confortée par des capacités techniques et financières renforcées, souligne la déclaration. Cela nécessite que les accords internationaux sur le climat et en premier lieu ceux qui seront conclus à Copenhague mentionnent explicitement le rôle et l'action des collectivités". Au final, les signataires s'accordent sur trois engagements. Tout d'abord, "soutenir la définition d'accords de grande portée et transparents, avec des objectifs ambitieux, claires et contraignants juridiquement". En deuxième lieu, être attentifs aux principes de justice, d'équité et de solidarité en faveur des plus démunis". Enfin, ils s'engagent à "lier l'action sur le climat aux stratégies de développement tout en oeuvrant pour la promotion de la sobriété énergétique et des énergies renouvelables, la maîtrise de l'urbanisme et la diversification de l'offre de transports publics, la préservation des ressources naturelles et la protection de la biodiversité, la conjugaison "environnement et santé", la conduite de politiques locales et territoriales écologiquement responsables".

 

Un temps fort le 9 décembre

Le 9 décembre, quarante représentants des collectivités territoriales françaises dont vingt élus de grandes villes seront présents à Copenhague. Ils rencontreront les membres de plusieurs délégations officielles favorables à une reconnaissance explicite du rôle des collectivités (France, Union européenne, Suisse, Algérie, Sénégal) ainsi que les représentants de pays africains, en relation avec l'Institut de l'énergie et de l'environnement de la francophonie (IEPF) pour échanger notamment sur la coopération décentralisée vis-à-vis du changement climatique. Et en attendant l'ouverture de la conférence, le 7 décembre, plusieurs villes françaises dont Nantes, Lyon, Rennes et Roubaix ont répondu à l'initiative de CGLU les invitant à suspendre une bannière sur la façade de leurs bâtiments publics pour appeler les gouvernements à conclure un accord à Copenhague. "Tous les niveaux de pression, mêmes minimes, peuvent permettre de passer un cap dans la dynamique des négociations", a conclu Ronan Dantec.


Anne Lenormand

 

(1) Association des maires de France (AMF), Assemblée des communautés urbaines de France (Acuf), Association des maires des grandes villes de France (AMGVF), Association française du Conseil des communes et régions d'Europe (AFCCRE), Cités unies France, Association des régions de France (ARF), Assemblée des départements de France (ADF) et Assemblée des communautés de France (AdCF).