Culture - Les collectivités de plus en plus engagées dans l'aide au cinéma
A l'occasion des troisièmes Journées cinématographiques de Dijon, du 9 au 12 octobre, l'ARP (société civile des auteurs, réalisateurs et producteurs) a présenté les résultats d'une étude intitulée "Cinéma et audiovisuel, quel rôle et quelles politiques pour les collectivités territoriales ?". Déplorant le "désert statistique en la matière" - ce qui fait peu de cas des publications du Centre national de la cinématographie (CNC) -, l'étude ne prétend pas à l'exhaustivité des chiffres, mais vise plutôt à donner un aperçu de la diversité des interventions des collectivités, à travers un recensement des différents types d'interventions et un zoom sur des exemples d'initiatives locales ou sur des comparaisons géographiques.
Les aides directes à la production constituent la forme d'intervention la plus connue et la plus facile à quantifier. Elles ont représenté 52,48 millions d'euros en 2007, dont 13,8 millions d'abondement du CNC dans le cadre du dispositif "un euro pour deux euros". Les régions en assurent l'essentiel, avec 89,5% du total, contre 9% pour les départements et 1,5% pour les communes. On peut ajouter à cet ensemble plus de 5 millions d'euros pour le fonctionnement des commissions régionales du film. Ces aides à la production sont cependant loin d'épuiser les interventions en faveur de l'audiovisuel. Les collectivités participent ainsi au soutien à la diffusion et aux salles de cinéma (aides à l'équipement, au passage au numérique ou au fonctionnement).
L'étude met également en valeur un aspect moins visible - et très difficile à chiffrer - de l'engagement des collectivités en faveur du cinéma et de l'audiovisuel. Celui-ci passe notamment par le soutien aux festivals, qui constituent un bon moyen de développer la culture cinématographique et l'envie d'aller au cinéma. La plupart de ces festivals bénéficient d'un financement des collectivités, quelle que soit leur taille. L'étude donne ainsi - entre autres - l'exemple du département de l'Ardèche, qui verse 50.732 euros aux Etats généraux du film documentaire de Lussas, 52.000 euros aux Rencontres du cinéma d'Europe d'Aubenas et 30.000 euros au festival international du premier film d'Annonay. Les opérations menées conjointement par les collectivités et le CNC sont un autre vecteur important de diffusion du cinéma. C'est le cas notamment pour les opérations "Lycéens et apprentis au cinéma" (régions), "Collège au cinéma" (départements) ou "Passeur d'images". Ces opérations mobilisent un nombre très important de collectivités et rencontrent un succès croissant. Selon l'ARP, elles constituent "la part - jusqu'à présent - non émergée de l'exception culturelle". Enfin, l'étude recense, à travers différents exemples, un certain nombre d'autres interventions tout aussi difficiles à chiffrer au niveau national : préservation du patrimoine cinématographique et audiovisuel, soutien aux industries techniques (filières de l'image), investissement dans les plateaux de cinéma et d'audiovisuel...
Ces différentes interventions donnent fréquemment lieu à des financements croisés. L'étude de l'ARP permet néanmoins de dégager un certain nombre de dominantes : aux régions le rôle de "moteur pour la création et la diffusion", aux départements "l'animation des territoires" et aux communes et intercommunalités "la survie des salles de proximité".
Jean-Noël Escudié / PCA