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Eclairage public - Les cartes de la pollution lumineuse se multiplient

D'un côté, l'Association nationale pour la protection du ciel et de l'environnement nocturnes (Anpcen) vient de publier une carte qui rend bien compte de l'intensité du phénomène. De l'autre, un chef de projet du Muséum national d'histoire naturelle alimente une cartographie des communes pratiquant des extinctions nocturnes. Deux initiatives qui montrent à quel point la vraie nuit noire est rare et quelles régions sont épargnées.

L'Association nationale pour la protection du ciel et de l'environnement nocturnes (ANPCEN) a rendu publique, le 5 août, une carte de la pollution lumineuse en France. C'est le fruit d'un patient travail de collecte et de mise en forme de données, qui intéressera tous les élus cherchant à réduire leur éclairage public, deuxième poste d'investissement déclaré dans les communes. "La pollution lumineuse n'est pas un sujet accessoire des politiques publiques : elle concerne quasiment tout le territoire et a des impacts mesurables sur la biodiversité, le sommeil et la santé humaine, sur la consommation d'énergie, sur les dépenses publiques, sur l'observation du ciel étoilé, etc.", liste l'association.

Tenir compte des spécificités locales

C'est en modélisant diverses données issues de la recherche, des syndicats d'énergie et en les pondérant par une série de paramètres, tels que la capacité de masquage du relief, que l'ANPCEN aboutit à cette carte. Laquelle a aussi été concoctée grâce aux mesures effectuées sur le terrain au sein du réseau de l'association, "en de multiples points du territoire et avec différentes méthodes de mesures". La dernière carte du genre reposait sur des données datant des années 2000, il était donc temps de l'actualiser. D'autant que l'extension des nuisances lumineuses est galopante. Et ses impacts sur la faune croissants. En juillet, une étude publiée par la même association, avec la mission Economie de la biodiversité (groupe Caisse des Dépôts), a fait le point sur cet enjeu. Et délivré des pistes utiles aux élus souhaitant réduire la durée d'éclairement ou mieux orienter le flux lumineux (voir notre article dans l'édition du lundi 13 juillet 2015). Autre avancée : alors que les précédentes cartes étaient uniquement fondées sur la densité démographique de la population, celle-ci tient compte des spécificités locales. Du moins "lorsque les données sur ce territoire ont été suffisamment renseignées".

En faire un outil de pilotage et suivi

Cette carte de la pollution lumineuse se distingue aussi par sa méthodologie. Originale, elle donne en effet à voir ce phénomène non du ciel, mais tel qu'on le perçoit à partir du sol terrestre. Détail important : elle concerne seulement l'éclairage public, non le privé : enseignes et publicités lumineuses, parkings, sites industriels ou logistiques, terrains de sports n'y sont pas inclus, "faute de données homogènes sur ce sujet". Elle intéresse par ailleurs les communes ou espaces protégés en tant qu'outil de pilotage et de suivi des actions de réduction du temps d'éclairement, expérimentées ici-et-là. "L'objectif est de pouvoir généraliser ce type de cartographie. La dimension est aussi participative. Via une plate-forme collaborative, les citoyens peuvent suivre dans leur commune les extinctions lumineuses et jauger la qualité de la nuit." Même si de plus en plus de communes – au moins 12.000, recense l'ANPCEN - reviennent à cette pratique de bon sens d'une extinction partielle ou complète de leur éclairage public pendant une partie de la nuit, la marge de progrès reste importante.

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Autre recensement à suivre : celui des extinctions nocturnes réalisé sur la base d'un travail de recherche et d'analyse de documents qui en font état, mis en place par Romain Sordello, chef de projet au Muséum national d'histoire naturelle de Paris. Ce chercheur mène de front plusieurs actions et sur NuitFrance, la plateforme d'information et de partage de connaissances dédiée à la nuit, à la biodiversité nocturne et à la pollution lumineuse, qu'il enrichit depuis un an, sont recensées plus de 600 communes pratiquant des extinctions nocturnes de leur éclairage public. De quoi en motiver d'autres... Heures d'extinction et de réallumage sont précisées, tout comme l'étendue spatiale de l'extinction sur le territoire communal.