Sport/Vie associative - Les bénévoles, richesse fragile des clubs sportifs franciliens
"Aucun club ne vit sans l'investissement d'un minimum de bénévoles", qu'il s'agisse des petites associations s'appuyant uniquement sur l'engagement des bénévoles et sur la cotisation des adhérents ou des associations employeurs bénéficiant de différentes sources de financement public et privé. Tel est l'enseignement principal de la dernière livraison des études de l'Institut régional du sport d'Ile-de-France (IRDS) consacrée aux ressources humaines des associations sportives de la région parisienne, dont le titre résume à lui seul la leçon à retenir : "Les bénévoles, première richesse des clubs".
Peu d'informations existant sur les modalités de fonctionnement des associations sportives, l'IRDS a cette fois choisi de procéder à une enquête directe auprès des clubs. Le champ de l'étude a donc concerné les clubs sportifs amateurs sous statut associatif affiliés à une fédération (hors fédérations du sport scolaire). L'enquête a permis de recueillir des informations auprès de 1.146 clubs franciliens : 809 clubs unisport ; 59 clubs omnisports (possédant en moyenne 12 sections différentes) ; 278 sections de club. Les clubs unisport présentant une moyenne de licenciés de 198, contre 1.342 licenciés en moyenne pour les clubs omnisports, et 229 pour les sections de club.
Le bénévolat, ressource principale des clubs
En termes de ressources humaines, les activités sportives en club mobilisent un important encadrement, que ce soit dans l'administration, la gestion du club ou dans l'animation des activités sportives proprement dites (entraînement, accueil, organisation logistique et matérielle des compétitions). Ces fonctions sont majoritairement assurées par des bénévoles : vingt bénévoles interviennent en moyenne dans la vie des clubs unisport et sections de club, tandis qu'on en dénombre 105 en moyenne dans les clubs omnisports. Sans eux, écrit l'IRDS, "les coûts de la pratique sportive seraient nettement plus élevés pour les usagers. Le bénévolat constitue ainsi la ressource principale des associations sportives et la très grande majorité d'entre elles fonctionne uniquement avec des bénévoles". Autre fait remarquable mis en avant dans l'enquête : les besoins en bénévoles sont aussi importants dans les clubs employeurs que dans les clubs sans salariés. Les fonctions administratives, de gestion et de direction sont ici particulièrement visées.
Une frontière floue entre emploi et bénévolat
Toutefois, et c'est là un autre enseignement de l'enquête de l'IRDS, la frontière entre salariat et bénévolat n'est pas aisée à tracer. En cause : la "professionnalisation" des bénévoles et le fait que de nombreux salariés ont un passé dans le club qui les emploie, en tant que pratiquants ou bénévoles, et continuent souvent, une fois salariés, à avoir un engagement qui dépasse leur contrat de travail. Une situation que l'institut juge "risquée sur le plan juridique". Les entretiens qualitatifs de l'enquête ont ainsi fait apparaître des pratiques d'indemnisation des bénévoles ou de rémunération des salariés sanctionnées par un redressement de l'Urssaf, tandis que les prud'hommes sont parfois amenés à requalifier du bénévolat en salariat. L'interprétation de dispositifs spécifiques ou le versement d'indemnités kilométriques "gonflées" étant souvent au centre des redressements.
"Les associations sportives, commente l'IRDS, se situent aujourd'hui à un tournant de leur fonctionnement. Un mouvement de professionnalisation s'est engagé depuis une dizaine d'années conduisant d'une part à exiger des bénévoles, notamment réguliers, des compétences de plus en plus pointues et d'autre part à déployer des ressources salariées à certains postes clés." Pour l'institut, ce mouvement indispensable au développement d'une offre de qualité en rapport avec la demande des pratiquants, des fédérations et des collectivités territoriales "se réalise sans pour autant que les modes de fonctionnement aient été réellement adaptés en conséquence."
L'emploi, remède à la crise des bénévoles ?
Formations chronophages pour les dirigeants bénévoles (seuls 5% des dirigeants sont rémunérés), obligation de faire appel à des éducateurs diplômés, difficultés à manier le statut d'auto-entrepreneur en plein essor dans le sport, dispositifs d'aides à l'emploi mal appréhendés, coût de l'emploi ou éparpillement du temps de travail (88% des emplois sont à temps partiel) sont autant d'obstacles à la professionnalisation du secteur. Or, si la préoccupation principale des dirigeants en termes de ressources humaines concerne les bénévoles (9% des clubs enquêtés déplorent le manque de bénévoles et 16% le manque de dirigeants), le remède, selon l'IRDS, est "le recours à l'emploi qu'il faut continuer à organiser". Les outils existants devraient être plus massivement utilisés par les clubs. Ceux-ci devraient par ailleurs recourir à la mutualisation et à la coopération entre eux, ainsi qu'avec les acteurs de l'animation et des loisirs. Ces solutions seront-elles suffisantes ? Rien n'est moins sûr. "En période de raréfaction des financements publics, l'emploi au sein des clubs pourrait être fragilisé", conclut l'IRDS. Les bénévoles sont donc plus que jamais indispensables aux clubs et devraient l'être longtemps encore.