Les Ateliers des Capucins, l’espace public grand ouvert de Brest métropole (29)

Reconvertir une friche militaire en une immense place publique, animée d’une multitude d’activités gratuites autour de la médiathèque… Tel est le pari réussi de Brest métropole qui a fermement maîtrisé et encadré son projet public, tout au long de son élaboration.

Les Ateliers des Capucins doivent leur nom à un couvent du XVIIe siècle. Pourtant, ces immenses nefs industrielles, perchées sur le plateau qui surplombe la rade de Brest et les rives de la Penfeld, datent du XIXe siècle. Ce site dédié à la construction navale militaire a produit les pièces maîtresses des porte-avions Clémenceau (1957) et Charles-de-Gaulle (1987/1994) et fut longtemps inaccessible aux Brestois, hormis ceux qui y travaillaient. Depuis 2016, c’est désormais un gigantesque tiers lieu grand ouvert sur la ville et sur la vie, où foisonnent les propositions culturelles, créatives et de loisirs. C’est aussi la plus grande place publique couverte d’Europe, où l’on peut faire de la trottinette, du vélo ou du skate-board, et découvrir une multitude d’activités gratuites autour de la médiathèque, premier équipement public à ouvrir dans ce lieu. Le tout étant relié à lhypercentre de Brest par le premier téléphérique urbain de France…

Rendre le quartier à la vie civile

« À la fin des années quatre-vingt-dix, deux comités interministériels pour l’aménagement du territoire ont acté le principe du déplacement de l’activité industrielle alors installée aux Capucins. La cession du bâtiment à la métropole brestoise a également été entérinée, libérant ainsi le plateau, explique Claire Guihéneuf, directrice de BMa (Brest Métropole aménagement). Aujourd’hui, le site de la Penfeld, toujours actif et situé en contrebas du plateau, est consacré à la réparation navale et à l’entretien de la flotte de sous-marins nucléaires. » Le site des Capucins est ainsi rétrocédé à la collectivité en 2009, et celle-ci engage très vite un projet urbain afin d’éviter qu’il ne devienne une friche en plein cœur de ville. Il est situé entre le quartier de Siam et celui de Recouvrance, celui-ci étant à l’époque en voie de paupérisation, malgré une Opah-RU.

En 2005, Brest métropole initie, avec lÉtat, la Marine, la région Bretagne, le département du Finistère et la Caisse des Dépôts, un projet de réaménagement et de réhabilitation du plateau, dans le but de redonner vie au quartier. Lobjectif est de créer un lieu public culturel, économique, touristique et de loisirs, tout en conservant le patrimoine industriel. Les partenaires saccordent pour engager un projet de réhabilitation sur cet espace de 16 hectares et ouvrir le lieu aux habitants. Les Ateliers doivent devenir le pivot entre le cœur de Brest et le nouvel écoquartier des Capucins.

LE bâtiment patrimonial de Brest

En 2007 la ville lance un marché de définition pour solliciter des concepteurs. Lauréate, l’équipe de Bruno Fortier est missionnée pour assurer la rénovation du site. Car les Capucins, c’est LE bâtiment patrimonial de Brest. « La reconversion devait montrer le dynamisme de la métropole, poursuit la directrice. L’idée était de proposer un lieu de rencontre pour tous, des activités ludiques et de l’innovation. À l’époque, la ville n’avait pas de programme arrêté, mais elle avait des objectifs ! » Notamment celui de créer une place publique couverte – nécessaire en ces terres finistériennes ! –, et de réorganiser le réseau des bibliothèques locales, en créant une vaste médiathèque qui en deviendrait le navire amiral.

Une stratégie d’animation progressive

En 2016, inauguration officielle des Ateliers, et mise en service du premier téléphérique urbain de France, entre le plateau et le bas de Siam. Tout senchaîne dans les années qui suivent, avec laccueil des premières entreprises du bâtiment Cap Vert, larrivée des premiers habitants dans l’écoquartier ainsi que de nouveaux commerces.

« La ville décide alors de ne pas se précipiter pour terminer le projet, choisissant plutôt de laisser les choses évoluer doucement », raconte la directrice. Dans lidée de commencer par attirer du monde par des propositions publiques et des animations, avant de lancer un appel à candidature pour les cellules commerciales. Brest métropole attend donc l’inauguration de la médiathèque, afin que les Brestois s’approprient le lieu, et pour affirmer son identité. Aujourd’hui, l’espace propose des cafés, des restaurants, une salle d’escalade et 70.8, la galerie de l’Océan, qui présente la face technique de la mer : ports et navires de demain, biotechnologies, ressources, etc. Désormais, les jeunes Brestois se retrouvent aux Capucins. On peut aussi y organiser des colloques, privatiser des salles ou la place publique pour des événements, comme le salon de la bande dessinée par exemple. « Brest métropole a souhaité garder la main jusqu’au bout. Les cellules commerciales sont louées au moyen de baux de 12 ans, car les cellules ont été livrées « brutes » et les candidats ont dû investir. La collectivité reste propriétaire par l’entremise de sa Société publique locale Les Ateliers des Capucins, afin d’éviter les dérives », insiste la directrice.

Maîtrise foncière et organisationnelle du site

Il est à noter que Brest métropole a fait le choix délibéré de garder la maîtrise foncière et organisationnelle du site, plutôt que de s’adresser à un promoteur privé : « La collectivité ne voulait pas créer une galerie commerciale. L’objectif n’était pas de concurrencer les commerces du centre-ville, mais de créer autre chose », poursuit Claire Guihéneuf. Un projet de cinéma de quartier de 5 salles est encore en cours de réalisation, mais déjà les commerces ont trouvé leur clientèle ; seul un commerce n’a pas résisté à la crise du Covid 19. « Nous avons choisi des commerces liés au ludique et au culturel, tout en les incitant à favoriser les animations. Comme ce brasseur de bière locale qui organise des stages pour apprendre les rudiments du brassage. Idem pour la salle d’escalade qui a développé des actions avec l’hôpital local… Et puis, la SPL des Ateliers des Capucins veille au dynamisme et à la qualité du programme d’animations. »

Financement

Les travaux d’aménagement ont représenté 45,50 M€, financés comme suit :

  • 64% par la participation de Brest Métropole,
  • 23% par des subventions (fonds national pour les restructurations de défense - FRED, Le fonds européen de développement régional (FEDER), région Bretagne, département du Finistère)
  • 13 % par les recettes de cessions foncières.
  • Le budget de gestion est d’environ 3 M€, consacrés notamment à l’animation du site, ressources humaines et communication, et à la gestion de 70.8, la galerie de l’Océan.
  • Les recettes sont assurées à deux-tiers par les contrats de gestion et à un tiers par la location d’espaces et billetterie.
  • Nombre d’emplois créés : 8

Brest Métropole

Nombre d'habitants :

211156

Nombre de communes :

8
Hôtel de métropole, 24 rue Coat-ar-Guéven
29 200 Brest

Yann Guével

Vice-président, en charge des finances

Tifenn Quiguer

Vice-présidente, en charge de l’urbanisme et de l’aménagement

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