Port Boinot, une ancienne friche qui refleurit le cœur de Niort (79)
Sur un site industriel pollué, Niort réussit le doublé gagnant d’une reconversion de friche en centre-ville : dépollution et gain d’attractivité. Lancé en 2015, le programme est sur le point de s’achever.
Quelque 25 000 m2 de friches à proximité du centre-ville de Niort. Situées sur les bords de la Sèvre Niortaise, les anciennes usines Boinot – qui ont officiellement fermé en 2005 – ont longtemps représenté un « problème urbanistique ». « C’était à la fois inaccessible pour les habitants et ça bouchait les perspectives, se souvient le maire, Jérôme Baloge. La zone était abandonnée depuis près de vingt ans. » Il devenait donc urgent de réhabiliter les lieux.
Sitôt élue en 2014, la nouvelle équipe municipale planche sur le projet Port Boinot. L’enjeu affiché est alors multiple. Il s’agit d’abord de dépolluer le site, mais aussi de le « reconnecter » à la ville, tout en conservant une trace de son passé industriel, et d’y créer des équipements publics. « Nous avions un atout majeur, admet l’édile. La ville était propriétaire du site. » Le projet débute ainsi en 2015, avec un concours de maîtrise d'œuvre pour l'aménagement urbain, architectural et paysager de ce site qui fut spécialisé dès le XIXe siècle dans la chamoiserie et la ganterie.
Une renaturation des lieux
L’étape phare du projet repose sur la création, en 2020, d’un parc urbain intégré au parc naturel régional du Marais poitevin. Il accueille désormais six jardins thématiques et des bassins botaniques. « C’est le paysagiste qui était au centre du dispositif, souligne Jérôme Baloge. Nous souhaitions une véritable renaturation du site. »
Après la phase de fouilles archéologiques, vient la rénovation des bâtiments, soit près de 4 000 m2. Les bâtiments d’antan sont alors reconvertis : le Séchoir devient un comptoir des itinérances et des randonnées, où s’est installé l’Office de tourisme en 2021. Il accueille également un espace d'information et de sensibilisation aux richesses patrimoniales de l’agglomération du Niortais et un lieu de mémoire de la chamoiserie. La même année, les ateliers du port se transforment en espaces consacrés aux pratiques de loisirs sportifs, avec la location de vélos et d'embarcations légères. L’espace se prête aussi à l’événementiel, grâce à l’implantation d’un bar-restaurant et d’un lieu d'exposition d'art contemporain, gérés par l’association L'îlot sauvage.
Deux édifices restent désormais à finaliser : la Maison patronale et la Fabrique. La première sera aménagée en restaurant, qui privilégiera les circuits courts et l'autoproduction. La seconde deviendra un tiers lieu événementiel pour les entreprises et le grand public autour de la transition écologique et du développement durable. Un bail a été signé avec deux porteurs de projets, en vue d’une ouverture courant 2023.
Premiers résultats
Porté par la Ville, le projet a bénéficié du soutien de différents partenaires publics : l’État, la communauté d’agglomération du Niortais, l’Union européenne (via le FEDER) et le département des Deux-Sèvres. Le budget s’est élevé à 20,4 millions d’euros. À cela s’ajoute une aide technique apportée par la Banque des Territoires, pour la réflexion autour de la mise en gestion des locaux désormais créés. « Nous avons opté pour une location du bâti à des opérateurs privés ou associatifs, explique le maire. Car l’ensemble du site est redevenu une partie de la ville. Le passage par une délégation de service public nous semblait donc bien trop lourd pour ce type de besoin. »
Les premiers résultats se font d’ores et déjà sentir : « Nous avons constaté un gain d’attractivité, non seulement pour le site lui-même, mais aussi pour le secteur environnant ! Il y a des effets démultiplicateurs, grâce à l’arrivée de particuliers et de professionnels, la création de nouveaux espaces publics et l’embellissement de la ville. »
Mieux encore, pour l’élu, la renaturation du site a beaucoup compté dans la réussite du projet. « L’intérêt est à la fois écologique et économique : on a pu le mesurer ailleurs, sur la place de la Brèche, où nous avons pu faire descendre la chaleur de six degrés ! »
Même si chaque projet reste singulier, le maire en est sûr : « Pour réussir un tel programme, il faut surtout ne pas douter des potentialités d’une renaturation et bien segmenter le périmètre. Le plus lourd est la dépollution. » Mais, pour ce poste, aujourd’hui il existe le Fonds friche. « À l’époque, ça n’existait pas, poursuit Jérôme Baloge. C’est vraiment un atout. » Seul bémol : le manque de prise en compte, dans les différents financements, des actions visant à renaturer les espaces. Un nouveau champ des possibles à explorer pour les futures reconversions de friche ?
Chiffres clés
- 20,40 millions d’euros : coût total du projet
- 2015 : lancement du projet
- 25 000 m2 de surfaces à réhabiliter (dont 4 000 m2 de bâtiments)
- 5 co-financeurs : ville de Niort (à hauteur de 14 millions d’euros), État, Communauté d’agglomération du Niortais, département des Deux-Sèvres, Europe (FEDER) et la Région (pour le Séchoir)
- 1 opération en cours : aménagement du Séchoir (coût total : 870 000 €)
Commune de Niort
Nombre d'habitants :
Jérôme Baloge
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