La Loire-Atlantique expérimente la "renaturation" d’une friche industrielle (44)
À Saint-Nicolas-de-Redon, une association redonne vie à une friche industrielle classée en "espace naturel sensible" par le conseil départemental de Loire-Atlantique. Situé en zone inondable, le site est rendu à la nature et s’ouvre désormais au public.
"Le département de la Loire-Atlantique est très attractif et soumis à une forte pression foncière. C’est pour cette raison que le conseil départemental s’est fixé, en mars 2019, l’objectif du zéro artificialisation nette. Parmi les solutions possibles, on peut densifier l’existant, mais aussi rendre les friches industrielles à la nature", commente le vice-président aux ressources et milieux naturels, à l'action foncière, à la mer et au littoral et aux voies navigables, Freddy Hervochon. "Celle de Saint-Nicolas-de-Redon dont nous sommes propriétaire, est à ce titre emblématique."
Trop vulnérable aux crues, le site industriel est classé "espace naturel sensible"
En 1991 une entreprise de fabrication de caisses à bouteilles en bois, située dans le lit de la Vilaine à Saint-Nicolas-de-Redon, cesse son activité, laissant vacant un espace de 5,5 hectares : des bâtiments - dont une halle de 2.800 m2 et un hangar de 1.620 m2 -, une grande plate-forme recouverte d’enrobé, ainsi que des monceaux de matériaux et de gravats divers. Racheté par une autre entreprise, le site est plusieurs fois inondé entre 1995 et 2001, ce qui remet en cause toute installation industrielle ou commerciale. Le département décide alors de son classement en "espace naturel sensible" (ENS). En partenariat avec la municipalité, il commandite à l’École nationale supérieure du paysage de Versailles (ENSP) une recherche paysagère sur le devenir de la friche, en associant les habitants ainsi que des étudiants paysagistes et architectes de Loire-Atlantique et d’Ille-et-Vilaine. En 2005, ils proposent un plan d’aménagement et de gestion reposant sur une gestion douce et économe. Seuls les matériaux polluants sont évacués, le reste sert de support à la reconquête végétale.
Le conseil départemental acquiert le site
Plusieurs chantiers d’expérimentation sont menés dans ce sens. Séduit, le conseil général valide cette orientation, rachète le site et passe une convention avec l’association "Les Amis du transformateur" qui s’est constituée la même année avec les habitants bénévoles (une centaine d’adhérents en 2019). Cette dernière gère et anime le site tout en diffusant les expérimentations qui y sont menées. "Le choix de laisser la nature revégétaliser le site en conservant bâtiments et gravats et en régulant la pousse des arbres avec l’aide d’une association d’insertion afin que l’eau puisse s’y évacuer en cas d’inondation, n’est pas toujours compris. Beaucoup pensent que rendre une friche à la nature passe forcément par le déblaiement de tous les matériaux et bâtiments présents sur le site", témoigne Anne-Marie Moutault, présidente de l’association. "Mais nous avons montré que c’est possible. Exemple : les matériaux (poteaux de béton, parpaings, gravats,...) ont servi à construire des digues. Des gravats et déchets inertes ont été stockés dans un bâtiment utilisé antérieurement par les ouvriers comme vestiaire. Nous avons enlevé le toit, percé le sol, consolidé les murs, intégré de la terre dans les casiers de stockage des déchets et au final y avons planté un arbre. Le bâtiment est ainsi devenu un vestiaire de déchets inertes attendant sa lente transformation par la nature, la lumière et l’eau. La nature se mêle ainsi à l’histoire du site pour écrire une nouvelle aventure. On peut être très créatifs à partir de friches !"
La créativité pousse aussi dans la friche
Au fil du temps, les squats, dégradations et dépôts sauvages de déchets sur le site ont ainsi laissé place aux animations proposées par l’association pour favoriser l’appropriation des lieux par les habitants : chantiers collectifs d’aménagement, de plantations et d’entretien du site, création d’un jardin partagé (sur une parcelle de la ville de Redon), d’un rucher associatif, d’un élevage de quelques vaches nantaises, d’ateliers de vannerie, d’arts, de cuisine, organisation de sorties naturalistes, de fêtes, de bourses aux plantes, de visites accompagnées du site (jusqu’à 600 personnes/an)...
Des espèces patrimoniales recolonisent le site
Un plan de gestion signé en 2017 avec la municipalité et le conseil départemental, permet à l’association Les Amis du transformateur de s’assurer de la continuité du soutien (20.000 euros annuels) de ce dernier pour cinq années et du financement de son poste d’animateur à temps partiel et d’actions réalisées sur le site par des associations environnementales... En outre, la mairie lui met à disposition gratuitement des locaux administratifs, une cuisine, ainsi qu’une partie des grands bâtiments dont elle est propriétaire, qui sont partagés avec deux autres associations. "Un suivi scientifique a montré que des espèces patrimoniales, comme le milan des marais, recolonisent le site. C’est très encourageant", se félicite le vice-président. "Le grand public découvre ici une autre manière d’accueillir la nature. Un projet de sentier d’interprétation qui rejoindrait le marais de Saint Nicolas de Redon à partir du site est en réflexion. Un tel projet demande du temps et une réflexion à très long terme. Il répond à un enjeu majeur pour demain : changer de modèle urbain et reverdir les villes."
Délégation Châteaubriant-Service aménagement, CD de Loire-Atlantique
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Les Amis du transformateur
Anne-Marie Moutault
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