L’Ile-Saint-Denis lance la dépollution naturelle d’une friche (93)
Le département de Seine Saint-Denis et la ville de L’Île-Saint-Denis ont créé un espace exemplaire de biodiversité. Des éco-activités démonstratives y sont implantées, en lien avec des associations locales œuvrant dans l’économie sociale et solidaire (ESS).
Lil’Ô, le pôle d’activités écologiques et citoyennes inauguré en juin 2019, est installé sur 3,6 hectares de friches où était auparavant implantée l’entreprise de BTP Colas. L’espace est entouré par deux zones Natura 2000 : le parc départemental de L’Île-Saint-Denis, à l’est, et une zone de protection des oiseaux fermée au public, à l’ouest. À terme, Lil’Ô doit devenir un démonstrateur de la reconquête de la biodiversité et de l’agriculture urbaine. "Avec ce projet, nous voulons rendre accessible la pointe nord de L’Île-Saint-Denis aux habitants et renaturaliser la ville", indique le maire de la commune, Mohamed Gnabaly.
Conjuguer écologie et économie sociale et solidaire (ESS)
"Nous sommes un territoire qui comporte de nombreuses friches polluées. Nous devons trouver des solutions locales à nos problèmes, estime le maire de cette commune de près de 7.800 habitants. Nous voulons aussi être en pointe sur la transition." Aujourd’hui, sur le site, on trouve une plateforme de compostage de déchets alimentaires portée par la société les Alchimistes, et les premières plantations d’une ferme florale qui créera 16 emplois d’ici le premier trimestre 2020 et envisage de produire les fleurs des bouquets des futurs médaillés des Jeux olympiques de 2024, puisque L’Île-Saint-Denis accueillera les athlètes dans son Village olympique. Demain, des bosquets urbains, une pépinière de plantes aquatiques, un centre de formation professionnelle ainsi qu’un espace d’accueil du public compléteront le panel d’activités. "Notre ambition est de développer une approche intégrant les enjeux du sol, des écosystèmes, de la biodiversité et de sensibiliser le public à travers une démarche scientifique et pédagogique", explique le directeur de l’association Halage, Stéphane Berdoulet, qui anime le collectif porteur du projet Lil’Ô. Cette association ilodyonisienne, "en proximité intellectuelle mais non financière avec la ville", est aussi à l’origine du Phares, le pôle de l’économie sociale et solidaire (ESS) de L’Île-Saint-Denis, qui regroupe plus d’une quinzaine de structures (associations, entreprises, entrepreneurs…), représentant quelque 700 emplois. Ajoutons que la direction régionale Île-de-France de la Banque des Territoires est partenaire de l’association.
Promouvoir les partenariats public-privé-population
"En 2015, nous sommes allés voir le département avec un projet de compostage industriel de couches jetables qui l’a tout de suite intéressé, détaille le directeur de Halage. Ensuite, le projet a évolué…" L’année suivante, le conseil départemental - confronté aux problématiques de réhabilitation des friches industrielles (lire l'expérience : Sevran réintroduit la biodiversité au cœur d'une friche industrielle dépolluée) annonce avoir trouvé un terrain et engage des discussions avec l’entreprise Colas. "Le département nous alors demandé d’imaginer un projet sur l’ensemble du site, au service de la biodiversité et accessible pour la population", se souvient le directeur de Halage qui enclenche alors une dynamique collective pour imaginer - entre fin 2016 et début 2017 - un projet en forme de puzzle d’activités qui se nourrissent entre elles. À cette étape, le département, convaincu de l’intérêt de la proposition, accepte de laisser des pages blanches pour des projets citoyens qui viendront s’ajouter dans le temps. À l’issue d’un an de discussion avec Colas, il acquiert fin 2017 les 3,6 ha pour 1,2 million d’euros.
Co-construire le projet et structurer le budget
Au premier semestre 2018, le collectif emmené par Halage obtient deux financements structurants, l’un de la région (126.000 euros) et l’autre de l’Agence de l’eau (530.000 euros). Après la réalisation d’un appel à manifestations d’intérêt, le département et le collectif s’accordent sur les intentions et objectifs et signent, en septembre 2018, une convention d’occupation gratuite de dix ans. Aucun centimètre cube de terre ne sera enlevé du site et les activités et infrastructures qui s’y implantent (compostage, production horticole, végétalisation, bassins…) permettront une dépollution "naturelle", sur le temps long.
"Ce projet s’inscrit complètement dans notre vision du développement pour le territoire, insiste le maire de L’Île-Saint-Denis. Nous voulons des pôles de l’ESS autour des métiers de l’environnement, de l’alimentation, etc. avec l’inclusion des populations locales, notamment celles éloignées de l’emploi. Nous avons d’ores et déjà signé un partenariat avec les Alchimistes pour le compostage des restes de repas et la récupération de terreau, et nous achèterons à la ferme les fleurs pour les mariages que nous célébrons à la mairie."
Aujourd’hui, le projet Lil’Ô a déjà levé 1,2 million d’euros. Son budget global d’investissement reste compliqué à établir du fait de sa construction en cours et de la diversité des apports (subventions, prêts, mécénat de compétences, réalisation de travaux…). Les activités sur le site dégageront des ressources et pourront bénéficier de la présence d’une partie des 300.000 visiteurs qui fréquentent chaque année le parc départemental voisin. Pour le maire de la commune, "il faut transformer ce potentiel de développement local en continuant de construire ensemble dans la durée. C’est indispensable pour que le département ait envie de dupliquer ce genre d’initiatives."
Commune de L’Île-Saint-Denis
Nombre d'habitants :
Association Halage
Découvrez nos newsletters
-
Localtis :
Propose un décryptage des actualités des collectivités territoriales selon deux formules : édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. -
Territoires Conseils :
Recevez tous les quinze jours la liste de nos dernières publications et l'agenda de nos prochains rendez-vous.