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Les associations de collectivités appellent à relancer le numéro d'appel unique pour les urgences

Dans une tribune publiée dans Le Monde du 11 mai et intitulée "Premiers secours : distinguer l'urgent du non-urgent", plusieurs associations de collectivités demandent au président de la République "de porter la réforme du numéro unique, le 112, pour transformer en profondeur le secours d'urgence aux personnes et garantir à nos concitoyens le meilleur traitement des situations de détresse". La tribune est notamment signée de Dominique Bussereau, le président de l'ADF (Assemblée des départements de France), Renaud Muselier, le président de Régions de France et Michel Fournier, le président de l'AMRF (Association des maires ruraux de France). S'y ajoutent le président de la FNSPF (Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France) et celui de l'Association nationale des directeurs et directeurs adjoints des Sdis, ainsi que deux présidents de syndicats de médecins libéraux (CSMF et SML).

Malgré son ton mesuré et sa volonté consensuelle, la tribune reflète les positions du camp des "rouges" dans le conflit stérile qui l'oppose à celui des "blancs" (les Samu-Smur). Ce conflit ancien – l'idée d'un numéro unique est avancée depuis... 2004 – a d'ailleurs vigoureusement rebondi à l'occasion de la crise sanitaire (voir nos articles des 6 juillet et 27 juillet 2020). De son côté et juste avant la crise sanitaire, l'ADF avait déjà appelé, avec les Sdis, à la mise en place d'un numéro unique (voir notre article du 13 février 2020).

Pour autant, les arguments avancés par la tribune ne sont pas sans fondements : encombrement du 15 par des appels ne relevant pas vraiment de l'urgence, multiplication des numéros d'urgence, système peu lisible, "coordination trop faible entre sapeurs-pompiers, Samu et ambulanciers privés", vieillissement de la population qui va multiplier la pression sur les urgences... Les signataires appellent donc à une "réforme de l'action publique visant à distinguer clairement l'urgent du non urgent", sans toutefois préciser les modalités de cette distinction.

Ils souhaitent notamment l'aboutissement de la proposition de loi de Fabien Matras, député (Lrem) du Var, "visant à consolider notre modèle de sécurité civile et valoriser le volontariat des sapeurs-pompiers". Cosignée par 500 députés de tous bords celle-ci prévoit, entre autres, la création du numéro d'appel unique 112. Mais, alors que les hôpitaux, davantage que les Sdis, ont été au cœur de la prise en charge de la pandémie et ont payé un lourd tribut, rien ne dit que le gouvernement voudra se contenter d'un texte trop évidemment favorable aux Sdis. Il pourrait chercher une solution plus équilibrée, en y associant aussi les professions de santé libérales, aujourd'hui assez largement désinvesties de la petite urgence de proximité. Le temps presse toutefois, car la proposition de loi devrait arriver en séance publique à la fin du mois de mai.

Enfin, il convient de rappeler que le 112 existe déjà et est opérationnel. Il s'agit en effet du numéro d’appel d’urgence unique européen, mis en œuvre dès 1999. Au total, ce numéro est aujourd'hui opérationnel dans une cinquantaine de pays, donc au-delà de l'UE. Mais il est quasi totalement ignoré en France, qui figure en la matière au dernier rang de l'Union, avec seulement 9% des appels passés par ce biais (dont une bonne part de touristes étrangers, plus accoutumés au 112).

 

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