Législatives : les maires ruraux repartent en campagne
Dans une résolution adoptée à l'unanimité le 14 mai, accompagnée de 100 propositions, les maires ruraux remettent sur la table leur idée d'un programme spécifique de revitalisation à destination des villages.
À l’entame d’un quinquennat qui s’annonce mouvementé sur le plan social, l’Association des maires ruraux de France (AMRF) vient d’adopter une résolution le 14 mai pour appeler le président réélu et les candidats aux législatives à "continuer à changer de regard sur la ruralité", "préalable au retour de la crédibilité de l’action publique et de la confiance". Adopté à l’unanimité en assemblée générale samedi, le texte s’accompagne de 100 propositions qui vont également être transmises à la nouvelle Première ministre, Élisabeth Borne, qui mènera la bataille des législatives dans le Calvados. "Son expérience peut-être plus urbaine que rurale ne sera en aucun cas pour nous un prétexte pour ne pas porter l'exigence des habitants ruraux, au contraire", a d’ailleurs prévenu le président de l’association, Michel Fournier sur Twitter, tout en saluant la nomination de l’ancienne ministre du Travail. Scrutin après scrutin, les résolutions de l’AMRF finissent par se ressembler. "Symptôme de la défiance montante, les électeurs ruraux ont envoyé une nouvelle fois un message très clair lors de l’élection présidentielle. Il convient de porter une attention au fort mécontentement, et d’inverser le sentiment d’abandon en un mouvement d’espérance", soulignent les maires ruraux pour lesquels "la déraison et la révolte gagnent beaucoup d’esprits, faute de résultats et de réponses à des besoins élémentaires (accès aux soins, mobilité, formation numérique, etc.)". C'est en effet dans la ruralité que Marine Le Pen a fait ses meilleurs scores, l'emportant dans 19.000 communes (dans les communautés de communes, les électeurs lui ont accordé 48% des voix, d'après un décompte d'Intercommunalités de France et 58% des intercommunalités l'ont placée en tête au premier tour - voir notre article). Dans la petite commune de Michel Fournier, Les Voivres, située dans les Vosges, la candidate du Rassemblement national a même récolté 70% des voix. L’AMRF n'a eu de cesse ces dernières années d'alerter sur ce "sentiment d'abandon" et elle rappelle qu’en pleine crise des gilets jaunes, les maires ruraux avaient ouvert des "cahiers de doléances". On sait aussi que l'Agenda rural est une proposition de son ancien président Vanik Berberian.
"Zéro vacance"
Symbole de ces 100 propositions (dont beaucoup sont une resucée de celles déjà transmises aux candidats à la présidentielle), les maires ruraux remettent sur la table leur idée d'un programme de revitalisation spécifique "Villages d’avenir", complémentaire des programmes Actions cœur de ville et Petites Villes de demain déployés lors du précédent quinquennat pour les villes moyennes et petites. Une idée à laquelle l'ex-Premier ministre Jean Castex s'était montré plutôt favorable lors du dernier congrès de l'association, en septembre à Villevallier dans l'Yonne... Autre cheval de bataille : l’urbanisme et le logement. Très inquiets du "zéro artificialisation nette", les élus demandent en corollaire d’instaurer un "zéro vacance". Ils proposent par exemple de muscler la taxe d’habitation sur les logements vacants en la rendant "progressive" et "réellement contraignante à l’égard des propriétaires de logements vacants". Ils veulent aussi pouvoir agir plus facilement sur les biens sans maître en donnant la possibilité de les récupérer au bout de dix ans et non plus trente.
Les autres propositions de l’AMRF touchent à la santé (avec, sous-jacente, la question des déserts médicaux), l’école, la sécurité et la justice, la culture, le numérique… et la place du maire au cœur du bloc communal. Malgré certaines avancées (lois Engagement et Proximité, 3DS, Agenda rural…), les maires ruraux déplorent leurs "insuffisantes concrétisations" qui sont souvent la conséquence "des dispositions de la loi Notr et d’autres textes" qu’ils appellent à corriger. On retrouve par exemple l’idée de rétablir le caractère optionnel du transfert de la compétences eau et assainissement au niveau intercommunal, ce que la loi 3DS n'a pas permis.