Tourisme - Le Welcome City Lab rendra-t-il les Parisiens plus aimables ?
La France commence à faire feu de tout bois pour tirer le meilleur parti de l'activité touristique internationale, érigée en priorité stratégique (voir notre article ci-contre du 4 septembre 2014). Dernière initiative en date : l'inauguration, le 9 septembre, des locaux du Welcome City Lab, en présence d'Anne Hidalgo. Située rue de Rennes, en plein cœur de Paris et à deux pas de Saint-Germain-des-Prés, cette structure "est un programme de stimulation de l'innovation dans le tourisme, intégrant le premier incubateur au monde dédié à ce secteur".
"Inventer le tourisme du futur"
La création du Welcome City Lab est à mettre à l'actif de Paris Region Lab - le réseau des incubateurs et de l'innovation de Paris et de l'Ile-de-France -, avec le soutien de la Ville de Paris, de BpiFrance et de l'Office du tourisme et des congrès de Paris. Ses membres fondateurs comptent parmi les grandes entreprises du secteur : Aéroports de Paris, Air France, Amadeus, les Galeries Lafayette, Skyboard, Sodexo Prestige et Viparis (le réseau des centres et salles de congrès franciliens).
La vocation du Welcome City Lab est d'accueillir start-up et jeunes entreprises innovantes du secteur du tourisme et des TIC au sein d'un espace de 1.000 m2. Elles y bénéficieront d'une domiciliation, d'un accompagnement, d'un accès à des financements, d'une zone de conférences et d'un espace de co-working.
La vocation de la structure ne s'arrête pas là, puisqu'elle revendique aussi des missions "d'académie" (formation des start-up aux métiers du tourisme et sensibilisation des professionnels), d'expérimentation (test de produits et services innovants chez les partenaires) et de veille (identification des tendances en matière d'innovation touristique et veille internationale). Parmi les jeunes entreprises qui ont déjà rejoint le Welcome City Lab, figurent notamment des start-up prometteuses, comme Darjeelin (comparateur et agence de voyage virtuelle) ou Sejourning (location de logements sur le modèle d'Airbnb).
"Un coup de gueule sur la qualité de l'accueil"
Lors de son intervention, Anne Hidalgo a affirmé que "c'est le rôle de Paris d'investir dans les nouvelles technologies pour mieux accueillir les touristes. Paris doit aider toutes celles et ceux qui portent des initiatives et aider la nouvelle économie à prospérer pour faire le Paris du numérique".
Mais pour rester au premier plan de l'activité touristique mondiale, "il faut alerter et mobiliser sur la qualité de l'accueil pour donner une autre vision de ce qu'est notre ville". Très mécontente de constater que la revue touristique internationale Condé Nast Traveler classe Paris - avec Marseille et Cannes - parmi les dix villes "les moins sympathiques du monde", la maire de la capitale n'a pas mâché ses mots : "Autant les enquêtes internationales montrent que nous sommes dans le trio de tête en termes d'attractivité avec Londres et New York [...], en revanche là où je peux pousser un coup de gueule, c'est sur la qualité de l'accueil [...]. Nous les Parisiens, on est un peu bougons, râleurs, mais on est gentils [...] ; il faut aussi qu'on donne, à côté de ce caractère qui est le nôtre et que je partage avec les Parisiens [...], cette autre vision de ce qu'est notre ville". Reste aux start-up du Welcome City Lab de trouver la solution miracle pour rendre les Parisiens aimables...
Le retour de la taxe de séjour se confirme
Comme elle l'avait déjà laissé entendre, il y a quelques jours (voir notre article ci-contre du 3 septembre 2014), Anne Hidalgo a profité de son intervention lors de l'inauguration des locaux du Welcome City Lab pour confirmer qu'elle travaille, avec le gouvernement, à l'instauration d'une taxe de séjour spécifique, "qui ne touche pas la petite hôtellerie, qui ne touche pas les hôtels à moins de 100 euros la chambre". Soulignant qu'après l'agitation du début de l'été, chacun revient "à quelque chose de raisonnable", la maire de Paris a affirmé qu'"il ne s'agit pas de taxer l'hôtellerie de façon indécente et de façon nuisible pour l'économie parisienne". En revanche, "qu'il n'y ait pas que les contribuables parisiens qui contribuent à l'attractivité de la ville, ça paraît logique et normal". Selon l'adjoint au tourisme, Jean-François Martins, la taxe ne devrait concerner que les trois étoiles et au-delà. Mais, pour cela, il faudra abandonner le critère du prix - nettement trop bas pour ne concerner que les trois étoiles et plus - et en venir ouvertement à une taxation basée sur le classement de l'établissement.