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Congrès national du Club des villes cyclables - "Le vélo est un élément de la chaîne des transports"

Le 17e congrès du Club des villes cyclables qui s'est tenu à Lyon du 17 au 19 octobre a réuni plus de 400 élus locaux, chercheurs, responsables de bureaux d'études et aménageurs urbains dans un contexte exceptionnellement porteur pour le développement du vélo en ville. Véronique Michaud, secrétaire générale de ce club regroupant 980 collectivités dont quatre régions et départements, tire le bilan du congrès.

Localtis.info : Après Lyon, Paris, Montpellier et Besançon, Marseille vient de lancer son système de locations de vélos en libre-service et Toulouse prévoit de faire de même en novembre. Comment le congrès a-t-il abordé un tel succès ?

Véronique Michaud :  A travers la réunion fondatrice du réseau des villes à vélos partagés. Elle s'est déroulée le 18 octobre sous la présidence de Gilles Vesco, vice-président du Grand Lyon. Cet atelier a permis aux collectivités et aux acteurs adhérant au réseau de partager leurs expériences, leur savoir-faire et leurs données respectives. Le but étant de capitaliser les bonnes pratiques, de créer un rapport de force dans la négociation des contrats avec les prestataires de vélos et de renforcer la capacité d'expertise des collectivités.

 

Sur quels enjeux se concentre actuellement cette force d'expertise ?
Sur les modèles économiques à investir pour développer les systèmes de vélos partagés. Par exemple, faut-il systématiquement passer des contrats liés au marché de mobilier urbain ? Depuis le succès de Vélo'v à Lyon et de Vélib' à Paris, les collectivités sont nombreuses à s'interroger à ce sujet. La question de l'interopérabilité, de la compatibilité des cartes d'abonnement entre les différentes villes, afin qu'un abonné parisien de Vélib' puisse par exemple emprunter un Vélo'v quand il est de passage à Lyon, et celle de l'intermodalité avec les moyens de transport collectifs furent aussi au cœur de cette réunion.

Le vélo ne doit jamais être considéré seul mais bien comme un élément de la chaîne des transports. D'où l'importance de s'accorder pour voir naître un code de la rue tel qu'il existe déjà en Belgique et tel qu'il est défendu également par la fédération d'usagers du vélo, Fubicy. Ensemble, il y a un mois, nous avons demandé à l'Etat de s'engager aux côtés des collectivités pour adopter un code de la rue au plus tard mi-2008. Son objectif est de mieux réguler la circulation en ville des cyclistes injustement verbalisés à cause du Code de la route mal adapté. Généraliser les doubles sens autorisés pour les cyclistes dans les rues à sens interdit serait une étape importante. Il y a aussi des enjeux qui se jouent à l'échelon régional tels que le stationnement des vélos près des gares, l'aménagement d'infrastructures de rabattement ou encore les dispositifs de soutien aux initiatives locales.

 

Quelles répercussions majeures a le succès de l'offre de vélos partagés sur les débats et politiques vélo ?
Ce succès a agi comme révélateur des débats et a permis dans des villes à la pointe comme Lyon de légitimer entièrement la pratique urbaine du vélo. Ces dispositifs offrent un visage efficace et moderne du vélo en ville. Leur mérite est d'inscrire de manière quasi spectaculaire cette question au cœur des politiques de mobilité. Désormais, difficile de faire l'impasse sur cette demande de déplacement à vélo qu'on avait bien identifiée depuis des années au sein du club, mais qui connaît là un formidable effet d'amplification, ce qui  limite de fait les résistances. Toutefois, cela ne doit pas masquer le fond du combat consistant à déployer dans chaque territoire plus de pistes adaptées et d'itinéraires cyclables. Avec la Fubicy, nous avons demandé dans le cadre du Grenelle de l'environnement à ce que 10% du budget des routes et autoroutes soit affecté à l'aménagement d'itinéraires. Mais cette ambitieuse mesure ne sera peut-être pas retenue...

 

Quels ont été les autres nouveautés d'approche de ce congrès ?
Il a été placé sous le double signe de l'innovation et des temporalités. Innovation car, comme l'a expliqué Gilles Vesco, l'avenir est à la conception de GPS pour vélos indiquant les itinéraires à suivre dans chaque ville, avec l'emplacement et la disponibilité de vélos dans les stations de libre service. Et temporalités car viennent d'être révélés les résultats d'une enquête sur l'adaptation des offres de mobilité aux nouvelles temporalités urbaines. Ce fut l'occasion d'une enrichissante table ronde à laquelle ont participé des élus de Strasbourg et de Poitiers, ainsi que Catherine Espinasse, psychosociologue à l'origine de l'enquête. Son intérêt est d'apporter un éclairage inédit sur la pratique du vélo la nuit et sur la souplesse d'usage que ce mode de transport autorise en fonction des rythmes de vie de chaque utilisateur.

 

Comment avez-vous abordé le débat francilien sur l'extension des vélos en libre-service aux communes limitrophes de Paris ?
Par le biais indirect d'une seconde enquête inédite portant sur la mobilité à vélo en banlieue dense. Menée par un bureau d'études et soutenue financièrement par Hubert Peigné, coordinateur interministériel pour le développement de l'usage du vélo, elle s'appuie sur des enquêtes ménages réalisées dès 2001 auprès des résidents de huit quartiers populaires ou plus aisés situés en  Ile-de-France ou dans d'autres régions. Elle a été révélée au congrès dans un contexte où la bataille en faveur du vélo semble gagnée en centre-ville, mais pas en banlieue. Les effets de convergence avec d'autres moyens de transport y sont plus accentués qu'en centre-ville. Dans ces quartiers où le réseau de transport public est moins efficace qu'en centre-ville, on a une image très positive du vélo, même si ce mode peut y être considéré comme relativement risqué. C'est dans ces banlieues denses que doivent se concentrer les efforts d'invention de nouveaux services vélos sécurisants et bien connectés aux autres modes de transport.

Morgan Boëdec / Victoires Editions

Paris, Orléans et Montpellier récompensées par les "Trophées du Vélo 2007"
   

Les villes de Paris, Orléans et Montpellier ont reçu le "Trophée du Vélo 2007" récompensant leurs systèmes de vélos en libre-service mis en place cette année, lors de la clôture du congrès du Club des villes cyclables, le 19 octobre.
La mairie de Paris a reçu le "Prix spécial du jury" pour les Vélib', lancés mi-juillet, et qui connaissent un fort engouement dans la capitale, avec d'ici la fin de l'année, près de 20.000 vélos en libre-service. Orléans a également reçu le "Prix spécial du jury", pour la mise en place, en juin, d'un système de vélos en libre-service, dont la spécificité est d'être financé entièrement par la municipalité et non par un afficheur publicitaire dans le cadre d'un contrat de mobilier urbain. Gérés par Effia, une filiale de la SNCF, les "Vélo+" d'Orléans sont au nombre de 300, répartis dans 28 stations, et disposent d'un accès direct par téléphone portable. A Montpellier, c'est la société de Transports de l'agglomération (TAM) qui a été primée, pour la mise en service en juin des "Vélomagg'". Conçus en complémentarité avec l'offre de transports en commun de la ville, les "Vélomagg'" sont à la fois accessibles en libre-service, avec un parc de 400 vélos répartis dans 19 stations, ainsi qu'en location longue durée, avec 600 vélos, loués 25 euros pour un an.
Parmi les autres lauréats des Trophées du Vélo 2007, figurent notamment la ville de Rennes, pour la mise en place d'un label récompensant les entreprises incitant leurs salariés à se déplacer en vélo, ainsi que Strasbourg, pour la création de parkings à vélos sécurisés.