Le sport a son plan national d'adaptation au changement climatique
Le ministère des Sports vient de publier le premier plan national d'adaptation du sport au changement climatique. Ce vaste catalogue propose plusieurs dizaines de mesures qui vont de l'adaptation des pratiques au conditionnement des aides publiques.
Il y a eu le plan des acteurs du sport en faveur de la sobriété énergétique, dont les résultats ont été globalement positifs (lire notre article du 18 octobre 2023). Puis un avis de l'Ademe pour favoriser les activités physiques et sportives dans un contexte de changement climatique (lire notre article du 15 juillet). C'est désormais un premier plan national d'adaptation du sport au changement climatique que vient de publier le ministère des Sports. Ce plan constitue la contribution du sport au Pnacc3 (troisième plan national) publié pour consultation en octobre dernier par le gouvernement Barnier (voir notre article). Et, à ce jour, la première contribution sectorielle d'un ministère aux "cahiers d'acteurs" associés à ce PnaccC3.
Le moins que l'on puisse dire est que ce plan s'appuie sur un scénario très sombre – en l'occurrence la Tracc (trajectoire de réchauffement de référence pour l'adaptation au changement climatique) – qui se traduit par une pratique du ski fondant comme neige au soleil, des clubs de voile et de golf engloutis par la montée des eaux, près d'un mois de pratique annuelle en moins en raison des fortes chaleurs, le tout en l'espace d'une génération. À un horizon plus lointain, ce sont près de cent jours de risque extrême d'incendie et jusqu'à deux mois de canicule par an qui menaceraient le sport.
Des études de vulnérabilité par discipline
Et les pratiquants ne seront pas les seuls impactés. Les bâtiments ainsi que les gazons et autres surfaces de pratique seront affectés, de même que les spectateurs des évènements sportifs. In fine, ce sont les modèles économiques des pratiques de loisirs comme de compétition qui seront bouleversés.
Face à ce tableau, l'objectif du plan consiste à identifier les mesures à mettre en place en France métropolitaine d'ici 2030 afin d'anticiper une adaptation des pratiques amateurs et professionnelles. Pour cela, il détaille trois axes, huit objectifs et trente mesures, dont six sont jugées principales.
Que retenir de ce vaste catalogue ? D'abord, la nécessité de mener des études de vulnérabilité du sport au changement climatique afin de mieux identifier, par type de site et par discipline, les conditions d'une pratique en toute sécurité. L'exemple donné dans le document de synthèse ne surprendra pas : étudier la vulnérabilité des sports d'hiver dans le contexte du changement climatique.
Des aides sous condition pour plus de sobriété
Une autre batterie de mesures vise à pérenniser – dans le cas, bien entendu, où elles ont déjà été mises en place – des recommandations et des règles de pratiques adaptées lorsque les conditions climatiques et les ressources minimales nécessaires pour pouvoir assurer une pratique en toute sécurité ne sont pas réunies, y compris en compétition. Lorsqu'un terrain de rugby sera trop sec, les joueurs seront invités à ne pas recourir au plaquage et se contenteront de toucher le porteur du ballon. Dans le même esprit, l'absence de neige sera l'occasion de pratiquer le ski sur roues et, dans le cas du saut à ski, de s'élancer depuis une piste synthétique...
Et puisque c'est tout un écosystème qui sera touché, l'accompagnement des éducateurs sportifs est envisagé pour leur offrir des passerelles vers des diplômes plus polyvalents permettant l'encadrement de pratiques en multi-activités.
Enfin, pour encourager toutes ces mesures, le plan invite les institutions publiques à conditionner leurs aides en faveur des équipements ou des évènements sportifs au respect de critères "de résilience au changement climatique et de sobriété". Plus largement, il incite les financeurs du sport à consacrer une partie de leur soutien à l'adaptation de la pratique sportive au changement climatique. Des propositions valables pour l'Agence nationale du sport mais aussi pour les collectivités.