Adaptation du sport au changement climatique : l'Ademe avance ses solutions

Dans un avis récent, l'Ademe propose des solutions pour favoriser le développement des activités physiques et sportives dans un contexte de changement climatique. L'aménagement urbain et la rénovation des équipements sportifs figurent en tête des recommandations.

Alors que la France s'apprête à recevoir des sportifs du monde entier à l'occasion des Jeux olympiques de Paris 2024, l'Ademe, dans un avis publié le 11 juillet, formule des pistes pour adapter les infrastructures et faciliter la pratique du sport sous un climat qui change, tout en limitant l'empreinte écologique du sport et de son écosystème. 

S'il évoque l'organisation des manifestations sportives, et en particulier des grands évènements sportifs internationaux – qui "peuvent générer des impacts positifs et négatifs significatifs au niveau économique, social et environnemental" –, l'avis met l'accent sur la pollution de l'air, la raréfaction des ressources ou l'augmentation de la fréquence et de l'intensité́ des canicules qui "peuvent rendre les activités physiques et sportives plus difficiles", et avance que celles-ci "peuvent être facilitées par une autre organisation des villes et territoires". Deux pistes structurent cette réorganisation : d'une part, les aménagements favorisant le rafraîchissement urbain et la mobilité́ active, de l'autre, l'adaptation des infrastructures sportives.

Sortir d'une vision orientée par la voirie automobile

Alors que 60% des pratiquants disent privilégier l'activité physique et sportive dans l'espace public, l'Ademe en appelle à "sortir d'une vision de l'aménagement de l'espace public strictement orientée par l'infrastructure de la voirie automobile et sa fonction principale d'écoulement des flux". Comment ? En redynamisant l'espace public par l'"urbanisme favorable à la santé" (UFS) et le design actif.

Concrètement, l'UFS conduit à prévoir des cheminements adaptés pour accéder aux différentes fonctions (logements, services, équipements, etc.), à imaginer l'espace public avec une ergonomie favorable a la pratique des différents modes de déplacement (par le choix de revêtements non glissants pour les piétons ou lisses pour les vélos), à offrir des aménités sur le parcours (lieux de pause, nature en ville, mobiliers urbains, etc.) ou encore à implanter une signalétique claire et stimulante (durée en minutes de marche ou de vélo, panneaux à hauteur du piéton, etc.).

L'UFS se rapproche ainsi du design actif, que l'Ademe cite également comme une "solution pour favoriser le sport-santé et la transformation de l'espace urbain afin de favoriser la proximité des pratiques". Le design actif aurait notamment l'avantage de dépasser les espaces aménagés pour l'activité physique des jeunes et des adultes dans les villes afin de mieux inclure les personnes âgées et à mobilité réduite, les familles, les enfants en bas âge, etc.

Rénover encore et encore 

Au-delà de la pratique libre en ville, l'effort doit également porter sur les équipements sportifs, deuxième poste de consommation d'énergie des communes, derrière les écoles. Et ce d'autant plus que près de 50% de ces équipements ont été mis en service avant 1995 et n'ont pas fait l'objet de rénovation.

Réduire la consommation d'énergie passe par l'isolation des bâtiments, le changement des éclairages et des systèmes de chauffage et de climatisation ou encore une meilleure gestion de la demande en eau. Ici, l'Ademe n'avance guère de recette et s'en remet aux recommandations du ministère des Sports, publiées à travers différents guides.

Sur la question de la pollution de l'air intérieur des salles de sport, l'Ademe pointe les dangers que représentent un fort taux d'occupation, une mauvaise gestion de la ventilation ou des revêtements de sol émetteurs de polluants. Elle rappelle que des travaux ont montré que les gymnases équipés d'un système de renouvellement de l'air efficient émettaient moins de polluants.

Sensibiliser les acteurs

La dernière difficulté pointée par l'Ademe en matière d'équipements est celle de leur emplacement, lequel "doit aussi être repensé pour limiter les déplacements carbonés". "Quand un équipement sportif, pour des raisons de coût et de disponibilité du foncier, a été installé en périphérie de la ville, du quartier ou de l'intercommunalité qu'il est supposé desservir, cela peut nuire à son accessibilité et engendrer une sous-utilisation, voire déboucher sur des dégradations", écrit-elle. En ruralité, c'est l'éloignement qui est "souvent une difficulté", car il accroît les besoins de transports nécessaires pour y accéder. Il convient donc d'"intégrer la desserte par les transports en commun et les options de mobilité active pour se rendre dans les lieux de pratiques sportives".

Alors que l'imaginaire développé par certaines pratiques "peut sembler peu compatible avec celui de la transition écologique" et que "certains sports ou loisirs sont menacés de disparition à cause de la crise climatique", l'Ademe, à défaut de pouvoir déployer des moyens conséquents, s'en remet finalement à la sensibilisation et à l'engagement des acteurs du sport eux-mêmes.

 

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