Ecotourisme - Le slow tourisme emballe les parcs
La Fédération des parcs naturels régionaux de France a assuré à Matthias Fekl, secrétaire d'Etat chargé de la promotion du tourisme, le 15 juillet dernier, qu'il pouvait compter sur l'engagement de son réseau pour la constitution du pôle d'excellence "Slow tourisme/Ecotourisme", l'un des cinq pôles d'excellence (1) annoncés en juin 2014 aux Assises du tourisme (voir notre article ci-contre du 19 juin 2014). La délégation (2) a fait valoir que d'ores et déjà "les parcs naturels régionaux portent une stratégie commune pour l'émergence d'un tourisme durable", notamment à travers la charte européenne du tourisme durable à laquelle adhèrent 27 de ses 51 parcs.
Forts de leur expérience, ils suggèrent plusieurs pistes pour guider la création du pôle d'excellence en mentionnant quelle pourrait être leur contribution. Ces propositions d'actions devraient faire l'objet d'une convention opérationnelle entre le secrétaire d'Etat et la Fédération des parcs.
Les parcs en vitrine ?
Vis-à-vis des clientèles émergentes et internationales (la cible de la politique nationale de promotion touristique), Jean-Louis Joseph, président de la Fédération, a fait valoir que les parcs étaient des territoires "préservés", "structurés" et "reconnus pour leurs capacités d'ingénierie et d'expérimentation". Pour lui, "acteurs majeurs du développement du slow tourisme et de l'écotourisme en France, les parcs peuvent en constituer la vitrine". "La gouvernance territoriale étant un élément clé de cette émergence, les parcs peuvent ainsi partager leur savoir-faire 'd'ensemblier du territoire' notamment dans les espaces ruraux dont la densité d'offre est faible", a-t-il ajouté.
Ils suggèrent par exemple de participer au processus de formation "Tourisme durable", étant soucieux que "ces principes se diffusent largement dans le secteur touristique français".
Ils jugent par ailleurs "indispensable" la mise en place d'un "portail web de mise en marché" à destination des clientèles étrangères et françaises "slow tourisme/écotourisme". Ils se proposent d'être des "partenaires actifs" de la construction de cette plateforme.
Une filière peu lisible, peu visible et peu accompagnée
Car pour le moment, la Fédération constate que la filière est peu lisible, peu visible et peu encouragée. Peu lisible car "elle recouvre des propositions de nature différentes, quelquefois éloignées du concept de base partagé, or on s'adresse à des clientèles averties, exigeantes en termes d'expérience vécue, d'échange et d'éthique…" Peu visible comme le "démontrent aisément" quelques recherches sur internet.
Peu encouragée dans la mesure où la filière slow tourisme/écotourisme "ne fait pas à ce jour l'objet d'un accompagnement structuré dans le cadre des politiques touristiques nationales, régionales et locales". La Fédération note une exception toutefois : la région Auvergne, retenue d'ailleurs au titre de destination d'excellence sur l'axe écotourisme.
Au fait, le slow tourisme, qu'est-ce que c'est ?
Selon le secrétaire d'Etat chargé de la promotion du tourisme, "le slowtourisme/écotourisme est une façon de voyager centrée autour de la recherche d'une expérience authentique, le besoin de prendre son temps, de respecter son environnement et de vivre au plus près de la population locale. Il se caractérise par la recherche de circuits moins empruntés et privilégiant des modes de transports moins polluants". C'est une "filière touristique fortement liée à l'écotourisme et toutes les formes de tourisme prônant une expérience authentique et proche de la nature. Elle regroupe plusieurs formes de tourisme centrés sur l'itinérance, les mobilités douces comme le cyclotourisme, le tourisme fluvial, les chemins de fer touristiques ou encore la randonnée".
Roulotte, chambre d'hôtes, traditions locales
Le secrétariat d'Etat a identifié cinq composantes de l'écotourisme/slow tourisme : des modes de déplacements doux (train, navigation sur de petites embarcations à voile, à rame ou à moteur, vélo, cheval, randonnée pédestre, roulotte, etc.) : le choix de structures à taille humaine, "ancrées dans leur terroir et leur environnement pour les activités des vacances" ; la préférence pour des modes d'hébergement "qui permettent de nouer des liens avec les habitants ou avec la nature" (gîte, chambre d'hôte, hébergement chez l'habitant ou en collaboratif, etc.) ; "suivre le rythme de la vie et des traditions locales", notamment en favorisant le "tourisme collaboratif" ; une approche "plus écologique et solidaire" du voyage ou des vacances.
Le mouvement "slow" serait né en Italie au début des années 80, autour du concept de slowfood. "Se présentant comme une alternative au phénomène du fastfood et, plus largement de la fastlife, le phénomène slow s'est par la suite étendu à d'autres secteurs économiques, dont le tourisme", explique le secrétariat d'Etat. Se référant aux chiffres de l'Organisation mondiale du tourisme, il indique que "la croissance du secteur du tourisme vert se situait entre 10 et 20% ces dernières années".
Valérie Liquet
(1) Les autres pôles sont : oenotourisme, montagne, savoir-faire et métiers d'art, tourisme de nuit.
(2) La délégation était composée de Jean-Louis Joseph, président de la Fédération des parcs naturels régionaux et du parc du Luberon ; de Bernard Clap, président du parc du Verdon et président de la commission tourisme de la Fédération des parcs ; de Renaud Lagrave, président du parc des Landes de Gascogne, et de Pierre Weick, directeur de la Fédération des parcs.