Environnement - Parcs naturels régionaux : douze projets pour innover dans les territoires ruraux
Douze projets pour démontrer la capacité d'innovation des Parcs naturels régionaux (PNR). Trois ans après le lancement du deuxième appel à projets national par le ministère de l'Ecologie et la Datar (désormais intégrée dans le Commissariat général à l'égalité des territoires créé en avril 2014), la Fédération nationale des PNR a organisé le 9 juillet à Paris la restitution des expérimentations menées et pour la plupart achevées. En tout, 29 parcs y ont participé, plusieurs projets ayant été menés de façon collective. Soutenus par des aides s'échelonnant de 30.000 à 250.000 euros, pour une enveloppe totale de 1,5 million d'euros (1 million du ministère et 500.000 de la Datar), les projets ont parfois été aussi abondés par des régions.
Lors du premier appel à projets "Grenelle" mené entre 2008 et 2010, les Parcs s'étaient intéressées à la "trame écologique", à la qualité des paysages péri-urbains et aux plans Climat. Pour cette deuxième édition, trois axes ont été retenus : "la construction des solidarités écologiques entre les territoires, l’innovation des Parcs pour maîtriser quantitativement et qualitativement l'urbanisation et les outils à développer pour anticiper la mutation des territoires ruraux".
Solidarité écologique et tourisme durable
"C'est une occasion de mieux mettre en lumière la caractère innovant des démarches et projets que nous menons au quotidien", explique Jean-Louis Joseph, président de la Fédération des PNR. La diversité des projets retenus illustre en tout cas l'étendue des missions confiées* aux PNR. Le Parc du Périgord-Limousin s'est ainsi penché sur la continuité écologique des cours d'eaux du bassin versant de la Haute Dronne. Dans ce cas, innover pour plus de "solidarité écologique" a consisté à réaliser un diagnostic sur l'impact des ouvrages d'art sur la préservation de certaines espèces aquatiques, tout en sensibilisant les propriétaires de ces ouvrages à la nécessité de procéder à des travaux.
Les enjeux économiques des territoires ruraux ont surtout été abordés sous l'angle du tourisme. Une dizaine de parcs de plusieurs régions (Parcs du Morvan, des volcans d'Auvergne, des monts d'Ardèche…) ont ainsi élaboré conjointement une méthodologie d'application du volet 3 de la Charte européenne du tourisme durable. Il s'agit en particulier de développer les échanges avec les opérateurs pour parvenir à satisfaire la demande touristique tout en préservant des environnements fragiles.
Se débarrasser des "points noirs paysagers"
Quant à la maîtrise de l'urbanisation, cinq parcs de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur ont élaboré une méthodologie pour "comprendre et traiter les points noirs paysagers". Le projet a permis une forte mobilisation des institutions et acteurs concernés ainsi que des habitants autour d'une démarche expérimentale d'"opération programmée d'amélioration du paysage". "Avec de la médiation, de la discussion, la vision des habitants de leur ville, l'appropriation par les scolaires, ça va bouger, on va changer le paysage", espère Jean-Louis Joseph, également président du Parc du Luberon.
Dans le Nord-Pas-de-Calais, plusieurs parcs se sont attachés à développer un modèle de développement des bourgs, s'appuyant sur la réhabilitation des bâtiments inutilisés, pour lutter contre l'étalement urbain.
Capitalisation et émulation
Pour la Fédération des PNR, le caractère innovant de ces projets concerne autant le développement de nouveaux modèles et technologies sur les territoires que des aspects d'organisation, de partenariat local et de mobilisation des habitants. Il s'agit de "mettre en lumière", de "travailler collectivement" et d'aller vers la "modification du comportement des individus", selon Jean-Louis Joseph.
Au-delà, les parcs espèrent que les expériences menées pourront alimenter une réflexion d'ensemble et être, le cas échéant, dupliquées voire généralisées dans tous les territoires ruraux. Avec l'idée que ce qui s'avère bénéfique pour les PNR l'est souvent tout autant à l'extérieur du périmètre protégé. Et que de tels projets peuvent susciter de l'émulation entre territoires. Ainsi, alors que la Fédération des PNR ambitionne d'atteindre l'autosuffisance énergétique d'ici 2030 (voir ci-contre notre article du 3 octobre 2013), le Parc des Marais du Cotentin et du Bessin s'est investi dans des chantiers d'auto-rénovation de constructions en terre habitées par des populations précaires. A l'heure des projets de loi biodiversité et transition énergétique, le gouvernement pourrait bien se laisser tenter par un troisième appel à projets que les Parcs naturels régionaux appellent de leurs voeux.
*Les cinq missions des Parcs naturels régionaux définies par décret sont : la protection et la gestion du patrimoine naturel et culturel ; l’aménagement du territoire ; le développement économique et social ; l’accueil, l’éducation et l’information du public ; l’expérimentation et la recherche.