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Culture - Le Sénat aussi s'inquiète de la situation des conservatoires

La commission de la culture, de l'éducation et de la communication du Sénat organisait, le 1er juillet, une table ronde sur la situation des conservatoires. Autour de la table : des représentants de conservatoires à rayonnement régional, départemental et intercommunal, ainsi que des responsables de services culturels de collectivités territoriales et des usagers des conservatoires.

Une valse hésitation sur les financements de l'Etat

L'organisation de cette table ronde s'inscrit dans un contexte particulier : celui de l'annonce d'un désengagement de l'Etat du financement des conservatoires, suivie d'une mobilisation des professionnels - notamment à travers le collectif "Tout pour la musique" - et des collectivités, puis de l'annonce d'un retour de l'Etat dans le financement, qui pourrait se concrétiser "progressivement" à partir de 2016 (voir nos articles ci-contre).
Dans ce contexte où le désengagement de l'Etat s'est combiné avec les difficultés financières des collectivités et où des questions demeurent sur les évolutions envisagées par la loi Notr (nouvelle organisation territoriale de la République), on peut comprendre l'inquiétude des professionnels.
Cette inquiétude s'étend, de façon plus large, à l'ensemble des enseignements artistiques. La table ronde a en effet été l'occasion de rappeler qu'"hormis dans deux régions expérimentales - Nord-Pas-de-Calais et Poitou-Charentes -, les dispositions relatives aux enseignements artistiques de la loi de décentralisation du 13 août 2004, dont une importante réforme pédagogique, n'ont pas été appliquées. Ces expérimentations avaient pourtant permis de lever les incertitudes financières qui pesaient sur les régions. Ces dernières ont néanmoins continué à tergiverser devant leurs nouvelles obligations".

"Il y a urgence pour les conservatoires"

Catherine Morin-Desailly, sénatrice (UDI-UC) de la Seine-Maritime et présidente de la commission des affaires culturelles, n'a d'ailleurs pas dit autre chose : "Il y a urgence pour les conservatoires, urgence pour l'enseignement artistique dans notre pays, comme les parents d'élèves, les enseignants l'expriment ces derniers jours". Elle a également rappelé que le Sénat avait repoussé les crédits 2015 de la culture "précisément parce que le ministère avait fait disparaître l'action budgétaire consacrée aux établissements d'enseignement artistique". Les crédits de l'Etat affectés aux conservatoires représentaient ainsi 27 millions d'euros en 2012, 15 millions d'euros en 2013 et 5 millions d'euros en 2015, d'où leur retrait de la maquette budgétaire.
La présidente de la commission des affaires culturelles a toutefois qualifié de "bonne nouvelle" l'annonce d'un prochain rétablissement de ces crédits, mais reste prudente sur sa concrétisation (voir nos articles ci-contre du 26 mai et du 5 juin 2015).

Revenir à la loi de 2004 ?

Les débats ont confirmé la réalité de cette crise, Catherine Morin-Desailly affirmant notamment que "les conservatoires se trouvent aujourd'hui dans l'obligation d'augmenter leurs tarifs et de limiter leurs capacités, au moment même où la demande des familles pour l'enseignement de la musique, de la danse et du théâtre ne se dément pas, bien au contraire".
Les difficultés actuelles ont toutefois aussi des causes plus profondes et les débats ont confirmé la nécessaire évolution du modèle des conservatoires, "plus ouverts aux pratiques artistiques actuelles, ainsi qu'à l'éducation artistique hors de leurs murs".
En conclusion des débats, Catherine Morin-Desailly s'est dite impressionnée par l'évolution des conservatoires ces dernières années. Elle relève toutefois que nous sommes "à la croisée des chemins" et que toute décision peut facilement devenir "irréversible" pour l'avenir des conservatoires. Elle estime également que si on avait appliqué la loi de 2004 - tout en la précisant sur les partages de compétences -, "aujourd'hui les conservatoires aborderaient cette période de crise de façon beaucoup plus confortable". Aussi est-il désormais essentiel que l'Etat "reprécise son rôle".
 

 

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