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Tourisme - Le rapport Nogué plaide pour des mesures réalistes en faveur de l'emploi dans le tourisme

En avril dernier, Sylvia Pinel, ministre de l'Artisanat, du Commerce et du Tourisme, et Michel Sapin, ministre du Travail, lançaient une mission commune "visant à optimiser le potentiel emploi de la filière touristique française". La responsabilité de cette mission était alors confiée à François Nogué, président du conseil d'administration de Pôle emploi et, par ailleurs, directeur général délégué Cohésion et ressources humaines de la SNCF (voir notre article ci-contre du 12 avril 2013).
Celui-ci a remis, le 7 novembre, aux deux ministres, son rapport intitulé "Le tourisme, filière d'avenir : Développer l'emploi dans le tourisme". Un enjeu pour une filière qui comprend plus de 800.000 salariés et est à l'origine d'environ deux millions d'emplois directs et indirects. Sans compter des dizaines de milliers d'emplois non pourvus... Si l'on peut regretter que les mesures proposées par le rapport ne soient pas chiffrées, celles-ci font néanmoins preuve d'un louable effort de réalisme.

Une bonne ou une mauvaise image ?

Le document aborde d'abord la question de l'image supposée peu attractive des métiers du tourisme (pénibilité, horaires extensifs, nombreux emplois saisonniers...). Pour "donner envie" - notamment aux jeunes - le rapport commence par rappeler que cette image repose sur un malentendu. Une enquête réalisée pour le compte du ministère en mars dernier montre au contraire que 83% des jeunes et des parents jugent les métiers du tourisme attractifs (voir notre article ci-contre du 12 avril 2013). Le rapport n'en plaide pas moins pour un renforcement de l'information, mais aussi pour une amélioration des conditions d'emploi et de travail dans le secteur, avec en particulier une révision des conventions collectives et l'élaboration d'une charte ad hoc.
Second axe important : le renforcement de la formation, qualifiée - comme dans d'autres secteurs - de "levier central du développement durable de l'emploi". Pour cela, le rapport préconise de développer l'alternance sous toutes ses formes (seulement 20.000 nouveaux contrats d'alternance chaque année, contre 120.000 dans l'artisanat), mais aussi le tutorat et la transmission des compétences. Il plaide également pour une articulation renforcée entre formation et emploi et pour une meilleure adaptation des formations aux besoins et aux évolutions du secteur touristique, avec en particulier un développement de la formation professionnelle dans l'emploi saisonnier et une amélioration de l'enseignement des langues étrangères, point faible traditionnel de la France.

"Dé-précariser" le travail saisonnier

Le troisième axe est tout entier consacré aux moyens d'intensifier le potentiel du secteur en emplois et de "dé-précariser" le travail saisonnier. Ceci passerait notamment par un effort en faveur de l'insertion des jeunes sans qualification ou à faible qualification (emplois d'avenir, contrats de génération...), mais aussi par une aide aux très nombreuses PME et TPE du secteur dans leur accès au marché de l'emploi (service dédié au sein de Pôle emploi, information sur les dispositifs...). Pour les saisonniers, les améliorations passent par la multiplication des "maisons des saisonniers" (aujourd'hui au nombre d'une trentaine), ainsi que par le développement des "titres emploi services entreprises", des groupements d'employeurs et du contrat de travail intermittent (CDI-I)
Ces mesures devraient être complétées par un quatrième axe, consistant à "mobiliser la profession au service de l'emploi", en mettant en place un "contrat de filière" pour le secteur et en engageant une démarche interprofessionnelle de gestion prévisionnelle de l'emploi et des compétences (GPEC). Enfin, le rapport plaide pour l'élaboration d'un "plan de mobilisation national en faveur de l'emploi dans le tourisme", dont il donne la trame à travers le recensement de 21 "leviers".

Un groupe de travail dans le cadre des Assises du tourisme

A la réception du rapport, Sylvia Pinel et Michel Sapin ont indiqué que les propositions de François Nogué déboucheront "sur des actions rapidement menées avec les professionnels, comme le développement de formations prioritaires dans la filière pour répondre à l'enjeu des emplois non pourvus, la montée en puissance des emplois d'avenir dans le secteur, ou encore la mise en place d'une étude prospective sur les métiers et les démarches de GPEC".
D'autres enjeux, jugés tout aussi prioritaires, "devront être traités dans les prochains mois, mais nécessitent un travail d'approfondissement sur la base du rapport". Les deux ministres ont donc annoncé la mise sur pied d'un groupe de travail sur l'emploi et la formation, dans le cadre des Assises du tourisme annoncées par le Premier ministre le 5 novembre dernier (voir notre article ci-contre du même jour) et qui rassembleront les acteurs publics et privés du secteur.