Le projet de loi contre la vie chère outre-mer sera présenté "d’ici à l’été" indique Manuel Valls aux députés

Le projet de loi contre la vie chère dans les outre-mer sera présenté "d’ici à l’été", a indiqué Manuel Valls, le 25 mars 2025, lors d’une audition par la délégation aux outre-mer de l'Assemblée nationale. C’est à l’occasion de son premier déplacement aux Antilles à la mi-mars que le ministre des Outre-Mer avait annoncé ce projet. Celui-ci sera présenté après le projet de loi de programme sur le développement de Mayotte qui sera discuté au Sénat en mai puis à l’Assemblée en juin.

"Il nous faut un plan de bataille complet qui s’attaque méthodiquement à tous les facteurs expliquant la cherté de la vie", a détaillé Manuel Valls aux députés présents à l’audition le 25 mars 2025 devant la délégation aux outre-mer. Ce texte s’inspirera des propositions de loi (PPL) déjà adoptées sur le sujet de la vie chère en outre-mer. Il s’engage à travailler "en concertation avec les élus" et "territoire par territoire" sur les dispositions du projet de loi. 

"Il faut aller vers une renaissance économique, dit-il. Nous devons porter un projet de transformation pour rompre avec une économie de comptoir et la dépendance aux importations, en particulier alimentaires, favoriser la production locale et l’autonomie alimentaire, faciliter l’insertion des jeunes, etc. Des économies qui reposent uniquement sur les subventions et la commande publique ne sont pas viables à long terme et sont condamnées à plus de pauvreté."

Les préfets mobilisés dès à présent 

"Sans attendre" le texte, Manuel Valls envisage de mobiliser les préfets sur la cherté de la vie, pour qu’ils en fassent "une des priorités de leur action", et de "donner des moyens à l’autorité de la concurrence". Il veut aussi "réunir très rapidement les acteurs de la distribution et les transporteurs pour leur demander des engagements forts et concrets". 

En revanche, le ministre renvoie "vers [ses] collègues du gouvernement en charge de ces sujets" le débat sur l’intégration dans le projet de loi de la comptabilisation de la sur-rémunération dite "vie chère" dans le calcul des pensions de retraites des fonctionnaires des départements et régions d’outre-mer (Drom). "Je me refuse à une course dans laquelle les indemnités viendraient compenser le niveau des prix, ce qui alimenterait l’inflation. Je porte une ambition de maîtrise des prix et j’entends défendre un projet de loi ayant cet objet", a indiqué Manuel Valls au député (Liot) de Guadeloupe, Olivier Serva qui l’interrogeait à ce sujet. Celui-ci a mis en garde le ministre à ne pas faire du projet de loi "un énième énoncé de vœux pieux".

Un Ciom décentralisé

D’autre part, le ministre entend s’attaquer aux deux "enjeux d’avenir à moyen et long terme" pour les outre-mer que sont l’adaptation au changement climatique et le vieillissement de la population. Ces sujets, "et d’autres comme l’emploi et la lutte contre les précarités ont vocation à être traités dans le futur comité interministériel des outre-mer (Ciom) renouvelé". Placé sous l’autorité du président de la République et du Premier ministre, ce comité a été lancé en juillet 2023. Manuel Valls veut "un Ciom totalement décentralisé". "Il y aura certes quelques sujets transversaux, mais aussi des actions prioritaires territoire par territoire, dit-il. Il faudra sans doute nous réunir sur chacun des territoires. J’en assurerai un suivi quotidien, tout cela [sera fait] à partir du mois de juin."

Le ministre précise en outre que le président de la République devrait dévoiler, "au cours des semaines à venir", les pistes qu’il entend retenir du rapport Égea/Monlouis-Félicité. Pierre Égea et Frédéric Monlouis-Félicité sont deux experts qui ont été missionnés par Emmanuel Macron en janvier 2024 pour dresser un état des lieux des difficultés voire des blocages qui peuvent entraver l’action publique outre-mer. Ce rapport a été remis à la présidence de la République en décembre dernier mais "aucun parlementaire n’a pu en prendre connaissance alors qu’il a déjà fuité dans la presse", a déploré le président de la délégation aux outre-mer de l’Assemblée nationale, Davy Rimane (député gauche démocrate et républicaine de Guyane).

Le rapport Égea/Monlouis-Félicité, base de travail pour des discussions à venir

"Nous devrions rapidement parler du fond de ce rapport", assure Manuel Valls, c’est-à-dire, "des questions économiques et sociales, des réformes à engager comme sur l’octroi de mer [pour les collectivités], et des questions institutionnelles". Sur ce dernier sujet, "il n’y aura pas de tabou mais une discussion la plus large possible sur la base du rapport".

Enfin, Manuel Valls a indiqué que le projet de loi de programme sur le développement de Mayotte sera "présenté au conseil des ministres à la fin du mois d’avril et discuté si tout va bien en mai au Sénat et en juin à l’Assemblée nationale". Ce texte "visera le développement économique, social et éducatif du territoire sur de nouvelles bases et posera des mesures fermes pour lutter contre les fléaux de l’immigration illégale et de l’habitat illégal "

 

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