Rénvovation urbaine - Le PNRU 2 en quête de modèle économique
"Les ressources budgétaires ne sont pas là", a reconnu Maurice Leroy, le ministre de la Ville, en marge d'un séminaire consacré au Programme national de rénovation urbaine 2 (PNRU 2), organisé le 12 octobre à la Cité internationale universitaire de Paris. Alors que l'acte 1 du PNRU touchera à sa fin en 2013 et que d'ores et déjà une centaine de projets sur 485 sont en voie d'achèvement, la poursuite de la rénovation urbaine va se heurter à la crise financière. Un contexte qui "doit nous conduire à être d'autant plus responsables vis-à-vis de la dépense publique", a déclaré le ministre devant les 350 participants à cette rencontre (élus, parlementaires et professionnels de la politique de la ville). Le PNRU 2, décidé lors du comité interministériel des villes du 18 février dernier, devra reposer sur des solutions nouvelles. "Il faudra resserrer, on sera obligé de re-concentrer les moyens et d'éviter le saupoudrage", a dit Maurice Leroy, qui devrait remettre ses propositions au Premier ministre "avant la fin de l'année". Des propositions qui s'inspireront des actes de la rencontre, du bilan du comité d'évaluation et de suivi de l'Anru présenté en juillet, mais aussi des auditions des associations d'élus.
Sortir de la logique de bulle du PNRU 1
Pour l'heure, tout le monde s'accorde à vanter les mérites du PNRU 1, qui mobilisera au total 12 milliards d'euros de subventions. Plus des deux tiers des habitants des quartiers sont satisfaits des résultats, selon un sondage CSA réalisé pour l'Anru en mai dernier. Mais les attentes sont fortes pour ne pas relâcher l'effort, comme l'ont exprimé les maires de grandes villes il y a deux semaines lors de leur rencontre annuelle. Des élus qui demandent plus de mixité sociale dans le relogement, un traitement des copropriétés dégradées et des espaces publics, et davantage de soutien aux transports et à l'activité économique. C'est aussi le constat de cette enquête de l'Institut Montaigne à Clichy-Montfermeil, une agglomération qui a bénéficié depuis 2004 d'un des plans de rénovation urbaine (PRU) les plus importants avec près de 600 millions d'euros. "Sans insertion sociale par l'emploi, les opérations de rénovation urbaine n'ont au mieux que des effets transitoires", ont relevé les auteurs de cette enquête.
Face à ce flot d'incertitudes, une chose est sûre : le PNRU 2 sera résolument tourné vers l'intercommunalité. "A condition que le maire tienne le gouvernail", a insisté Maurice Leroy. "Il faudra sortir de la logique de bulle du premier PNRU", a pour sa part insisté Patrick Crézé, le délégué interministériel à l'aménagement du territoire et à l'attractivité régionale. Selon lui, les PRU ne sont pas suffisamment articulés avec les stratégies de développement à l'échelle supracommunale. Dans son rapport de juillet, le CES de l'Anru avait proposé que 75% des logements sociaux reconstruits le soient en dehors de la zone urbaine sensible, dans le reste de l'agglomération. Cette idée d'imposer un taux minimal hors quartier a été posée par Alain Lecomte, membre du Conseil général de l'environnement et du développement durable.
Politiques irréversibles
"Il est essentiel de traiter nos sujets à l'échelle de l'intercommunalité. D'où l'importance des PLU intercommunaux et des PLH", a fait valoir le secrétaire d'Etat au Logement, Benoist Apparu. "Le renouvellement urbain ne se cantonnera pas aux quartiers d'habitat social et ne fera pas appel qu'à l'Anru. Le PNRU est centré sur les cités. La nouvelle politique de renouvellement urbain devra être centrée sur la Cité", a-t-il déclaré, invitant à élargir la réflexion à l'ensemble de la ville et à de nouvelles thématiques : les centres anciens dégradés et les copropriétés dégradées. Le président de l'Anah, Dominique Braye a d'ailleurs été chargé d'une mission sur ce dernier sujet.
En matière de financement, Benoist Apparu a appelé à inventer "de nouveaux modèles économiques" liant densité et création de valeur. "Le foncier des zones urbaines reléguées prendra demain de la valeur", a-t-il assuré. Prenant l'exemple des copropriétés dégradées de Clichy-sous-Bois, le secrétaire d'Etat a estimé qu'il fallait "moins les voir comme des tonneaux des Danaïdes … que comme des zones à fort potentiel foncier, à la faveur de l'arrivée du tram et de la gare du Grand Paris". Gérard Hamel a appelé de son côté mobiliser "plus raisonnablement le 1% Logement grâce à la sollicitation d'investisseurs privés".
Enfin, Maurice Leroy a voulu donner une dernière garantie : "Que ce soit le Grand Paris ou la politique de la ville, ce sont deux politiques irréversibles qui ne correspondent ni au temps médiatique ni au temps électoral."